Gods Games
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Gods Games

Sommes-nous les jouets des dieux ?
Dans ce forum RP, des rencontres crues impossibles pourront avoir lieu
entre d'illustres ressuscités et des personnes de notre siècle

 
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 Esclaves? Jamais...

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2 participants
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Sissi

Sissi


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MessageSujet: Esclaves? Jamais...    Esclaves? Jamais...  EmptyDim 24 Fév - 10:48

Pourquoi ???
Les mains plaquées sur son flanc perforé, Elisabeth ouvrit les yeux.
Aucune douleur. Point de visage penché sur elle. Le qui et le pourquoi on l’avait poignardée resteraient dans les limbes. Peu importait dans le fond puisque maintenant, elle renaissait !
Un ciel magnifique éblouit ses grands yeux verts tandis qu’un bonheur ineffable l’envahissait.


Loué sois-tu, Seigneur ! lança-t-elle avant de se redresser sourire aux lèvres.

Autour d’elle, plein d’autres Ève et Adam s’éveillaient également près d’un fleuve gigantesque. Outre l’absence vestimentaire commune, ils partageaient un autre point : la jeunesse ! Mais, après un bref moment de stupeur, divers réactions apparurent. Les uns tombaient à genoux en rendant grâce à Dieu, d’autres détalaient comme des lapins. Pour Sissi, être nue n’était pas gênant puisque tous l’étaient. N’empêche que certains regards posés sur elle n’avaient rien de bienveillants. Son malaise s’accentua quand, sortant des bois avec des hurlements de sioux, une bande de gars vêtus et armés de gourdins commença à semer la terreur parmi les frais ressuscités. Dans ces cas-là, seule la panique domine. Comme d’autres, Elisabeth prit ses jambes à son cou et courut se réfugier dans les bois. Haletante, elle tenta de s’orienter avec pour seul but celui de s’éloigner d’un rivage devenu trop dangereux.
Combien de temps demeura-t-elle planquée, bonne question. Elle attendit que le tumulte s’apaise pour, enfin, respirer à l’aise. Jamais elle n’avait entrevu le paradis de cette manière. C’était donc une sorte de purgatoire, cet endroit ? Si le Seigneur attendait des pécheurs qu’ils s’amendent en ces lieux, cela commençait plutôt mal. De plus, elle constata que faim et soif s’amorçaient.

*Tu vas devoir te débrouiller Sissi…*


Oh, là, là ! Cela faisait bien longtemps que l’impératrice d’Autriche n’avait eu à s’occuper d’elle-même par elle-même !
L’eau du fleuve était-elle potable ? Prudente, elle y retourna et observa minutieusement les abords.


*Zut* pensa-t-elle.

Le coin n’était pas encore déserté. Les « vilains » rassemblaient les nudistes, tels des bestiaux. Certains pêchaient, d’autres emplissaient des outres.

*Au moins, c’est poissonneux et potable !*

S’éloigner à nouveau étant préférable, en se promettant de revenir quand les autres seraient partis, Sissi voulut détaler. Un rire gras la stoppa
:

Où comptes-tu t’envoler, ma caille ? Mazette, quel morceau !


La peur lui nouant les entrailles, Sissi recula :


Détournez-vous ! gronda-t-elle, hautaine, sinon…


Sinon quoi ? Tu appelles ton mari, tes gens ? Je vais te montrer qui fait la loi, ici !

Il lui sauta dessus et elle reçut son haleine fétide au visage. Ruer, griffer, mordre, ça vient tout seul.
Hélas, elle ne faisait pas le poids. Il lui défonça presque la mâchoire d’une baffe violente à souhait. Il levait encore la main quand une autre brute le freina :


T’es fou Baptiste ? On ne touche pas la marchandise de choix ! On a des ordres. Les belles prises sont pour le boss ! Celle-là, en est une d’après ce que je vois !

Une patte crasseuse s’empara du menton de l’impératrice qu’il balança de gauche à droite.

Tu l’as amochée, idiot ! Mais pas trop quand même. Couvre-la, on l’embarque !


On lui enfila une tunique, lui mit un sac sur la tête, et la porta en travers d’une épaule.
Consciente tout au long du trajet, Sissi raisonna autant que faire se peut. D’abord, elle compta plus ou moins le nombre de pas qu’effectua la caravane formée par méchants et captifs. Vu les branches qui lui raclèrent l’échine, on traversa un bois touffu sur une distance estimée à 2 kilomètres. Peu d’échanges entre gens. Elle perçut des coups et des gémissements. Enfin, on s’arrêta. Jetée sur un sol rude, Sissi put ôter sa cagoule et constater qu’elle n’était pas seule dans cette hutte primitive. Deux autres femmes partageaient ses misères. Effrayées, vêtues aussi pauvrement qu’elle, elles la dévisageaient.


Où est-on ? Qui sont ces gens ? Que nous veulent-ils ?


Elles en savaient autant que Sissi, autrement dit : rien.


Apparemment, nous sommes dans un campement organisé. Pour ce que ça sert, je m’appelle Elisabeth de Bavière, et je suis morte en 1898. Tu es qui, toi ?

L’une se présenta comme étant Pocahontas, princesse indienne, l’autre comme étant Hélène, la fameuse reine de Sparte.


*Que du beau monde… * Enchantée, je crois qu’on nous réserve pour les plaisirs du chef de ce clan…


Elle n’eut pas l’occasion de détailler ses suppositions qu’une brute fit irruption et lui saisit le bras.
Il lui remit sa cagoule et, aveugle, elle tituba sous la poigne de la brute qui l’amena dans une autre case.


Retape-la, qu’elle soit présentable, ce soir !

La femme à qui on la confia était jeune aussi mais très peu avantagée par la nature.


Je suis Léontine d’Aubray. On m’a brûlée pour sorcellerie sur un bûcher… Laisse-moi te regarder… t’as mal ?

Pas trop, dit Sissi en se massant la mâchoire.

Tu es belle… ça a son avantage, ici. Si tu t’y prends bien, tu pourrais détrôner cette garce de Néfertiti.


Où sommes-nous, que nous veut-on ?


Tu t’en doutes bien un peu, non ? Le boss aime les jolies femmes. Il en change régulièrement mais, d’après la rumeur, le lot du jour est spécial !


Sissi se laissa palper, oindre, frictionner plaies et bosses tout en poursuivant son interrogatoire :


C’est qui, ce boss ?

Une sorte d’ours du Nord. Il doit s’appeler Ulrich machin chose mais tous on l’appelle boss.

Peu à peu, la confiance jouant, Sissi décrypta certains aspects de l’organisation du camp.
C’étaient des pillards qui détroussaient les nouveaux venus, les soumettaient à l’esclavage forcé. Dès que des vœux à une pierre sacrée étaient exhaussés, on les parquait ou les faisait travailler à des fortifications du camp.

Ça se passe comment, la… sélection ?
s’enquit Sissi pas trop certaine d’aimer la réponse :

Il va vous estimer… Peut-être voudra-t-il de vous trois ? S’il le juge, vous devrez vous battre.


*Hein ?*

Garde cette viande crue sur ta mâchoire. Tes hématomes vont s’effacer vite. Si tu as deux doigts de bon sens, tue les autres femmes !


Peu après, réconfortée d’une sorte de thé et d’une galette de farine grossière, Sissi remit sa cagoule trouée au niveau des yeux. Arrêtée devant une espèce de dolmen, son garde lui intima de prier pour recevoir de beaux atours et de la nourriture correcte. Contrainte, Sissi obéit et, à sa stupéfaction, plusieurs paquets se matérialisèrent à ses pieds. Elle n’eut cependant pas l’occasion de les détailler qu’on les lui ôtait. Ramenée à sa première cabane, les autres s’empressant, Elisabeth raconta ses dernières aventures et s’informa des leurs. Les deux femmes avaient été bien traitées et avaient aussi été menées aux pierres. Trois plateaux garnis avaient été apportés. Ils étaient vides de nourriture maintenant. Même à la faible lueur qui régnait, Sissi remarqua des traces de luttes. Hélène surtout avait des écorchures au visage et aux bras :

Elle voulait pas que je bouffe ta part ! Je pensais que tu ne reviendrais pas, s’excusa la belle indienne avec défi. Mais il y a encore de l’eau, si tu veux.

Merci, dit Sissi plus envers Hélène qu’envers l’autre en se servant d’une timbale métallique. Est-ce que vous avez bien compris ce qui nous attend ?

Oui, parfaitement, pérora Pocahontas. Celle qui plaira au boss sera omnipotente, c’est ça ?

Il faut que l’on mette au point une stratégie avant la présentation de ce soir, insista Sissi.

Pour moi, c’est tout vu !
déclara l’indienne qui sans avertissement, avec une rapidité inouïe se saisit d’un plateau qu’elle fracassa sur la tête de la belle de Troie.

L’impératrice voulant intervenir, elle s’en prit plein la figure également. Vive, agile, glissante, aucune des victimes ne parvint à éviter complètement les coups qui plurent sur elles. Le chahut ameuta les gardes de l’entrée qui eurent du mal à maîtriser la panthère déchaînée. Déménagée en force, on laissa seules Hélène et Sissi.


Ça va ? demanda l’impératrice en rampant jusqu’à sa compagne… Moi ? Je suis ravie ! Je dois avoir un œil poché et la lèvre fendue, plusieurs hématomes aussi !

La reine de Sparte ne valait guère mieux mais prit aussi le parti d’en rire. Au soir, le boss aurait une surprise de taille en découvrant son tribut.
Quand approcha l’heure de la présentation, le garde s’effara des mines ravagées des prisonnières. Il les mena au trot chez Léontine qui poussa des cris d’orfraie en déclarant forfait.
Néanmoins, elles furent confiées à d’autres esclaves qui leur donnèrent bain et soins avant de les vêtir des habits reçus par la pierre.
Poussées, avec leur cagoule sur la tête, Les ex-souveraines pénétrèrent dans une tente spacieuse et confortable au fond de laquelle, sur une sorte de trône, se tenait un géant à la barbe rousse.
À ses pieds, lascive et chatte, ronronnait une très belle jeune femme à la peau ambrée.


*Si t’espère que je vais m’abaisser à baiser tes panards, cours toujours gros lard !*

À l’entrée d’une troisième prise, le boss se leva, la mine alléchée.


On ne m’avait donc pas menti ! Belles, très belles prises ! sourit-il en se frottant les pattes. Montrez-moi vos minois, mes agnelles !


Toutes obéirent. Seule la princesse arbora un sourire aguicheur tandis que la face rougeaude du poilu devenait cramoisie :


QUELLE EST CETTE FARCE ! QUI A OSÉ LES TOUCHER ?


Un des gardes, très nerveux, s’avança :

Règlement de comptes interne…

Tu feras 5 nuits de garde, idiot ! Si j’en juge par ce que je vois, sourit-il vers Pocahontas, tu es la seule quasi intacte…

Oui, Monseigneur ! Ces vipères m’ont attaquées mais…


Tu étais plus vive qu’elles, je n’en doute pas. Tu es douée… pour la lutte et… le mensonge ! ON NE ME LA FAIT PAS ! Te faire entrer dans mon harem serait mettre le loup dans la bergerie ! Je n’ai que faire de toi ! Gardes, partagez-vous-la et mettez ce qu’il reste à la porcherie ! Quant à celles-là, gâtez-les ! Qu’elles soient au mieux pour la fin de la semaine ! J’ai hâte de voir à quoi elles ressemblent sans toutes ces plaies et bosses !

Cinq jours de sursis ! Sissi se mit à gamberger.
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Hélène, la belle de Troie

Hélène, la belle de Troie


Messages : 553
Date d'inscription : 20/03/2011

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MessageSujet: Re: Esclaves? Jamais...    Esclaves? Jamais...  EmptyLun 25 Fév - 0:49

Envolée la jeunesse, flétrie la beauté, la vie n’avait fait que suivre son cours naturel, impitoyable. Celle célébrée comme la plus belle entre les belles contempla la solitude du dernier éclat de cette aube dont elle ne verrait pas le jour, en s’éteignant à jamais, avec le soulagement de qui croit enfin atteindre la paix éternelle…

Soleil éclatant, ciel d’azur, herbe douce, nudité totale d’un corps jeune et plein de force…Quelle mort clémente, qui lui rendait sa beauté à jamais…mais ce bonheur intime fut de bien courte durée, en apercevant ce qui l’entourait. Hélène avait sa conception toute personnelle de ce que devait être l’Au-Delà…et ce qu’elle constatait n’y correspondait en rien. Quelle pagaille ! Des gens éperdus, affolés et nus, poursuivis par d’autres, vêtus et armés de gourdins…Nul besoin d’être un esprit illuminé pour comprendre ce qui se jouait là. Sans attendre à approfondir ses connaissances, la belle opta pour disparaître , le plus discrètement possible…

Quel meilleur endroit, pour suivre le décours des faits et attendre que l’émoi général se tasse, que la branche d’un bel arbre ? Perchée, comme un moineau, Hélène commençait à penser qu’être morte et se trouver dans le royaume de Hadès n’était pas aussi commode que supposé. Soif et faim la tenaillant, force fut de reconsidérer la question.


*Morte ou pas ?*

Tenant compte que non loin de là, les uns tuaient les autres ou les asservissaient avec violence, il fallut bien se plier aux évidences.

*Ben non…pas morte…*

Rester indéfiniment dans son arbre n’étant pas alternative, elle en descendit pour se mettre en quête d’eau et nourriture. Mal lui en prit. Blonde, belle et nue, un mélange hautement explosif, de tous les temps, si on veut attirer l’attention…de même que si on cherche discrétion !
Elle y pensait, peu après, quand ballotée comme un vulgaire sac, on la menait Zeus saurait où. Qui ? Quand ? Comment ?. Trop vite pour le savoir. Cela lui était tombé dessus sans préavis, l’avait sonnée et …


*Misère…on meurt, on renait et on est foutus de suite…c’est quoi ça comme destinée !?*

Déjà de son vivant Hélène avait eu ses doutes quant à la haute destinée que les Dieux, entre eux son illustre père, Zeus, avaient élue pour elle; là, tenant compte la présente situation, la belle penchait plutôt pour la version de quelque acharnement divin. Quelques noms lui venaient bien à l’esprit mais le moment se prêtait mal à ce genre de considérations… Finie l’inconfortable voyage, on venait de la larguer sur le sol, en ricanant. Elle tut les malédictions au bout de la langue et arracha la sale cagoule qui l’aveuglait…juste pour voir deux lourdauds qui sortaient de l’habitation exiguë, la laissant en compagnie d’une autre femme, qui recroquevillée dans son coin, la considérait d’un œil méfiant.

Me regarde pas comme ça…on est dans le même pétrin, dirait on !...Tu sais où on est ?...Qui es tu ?...Moi, je suis Hélène, reine de Sparte…

Elle se nommait Pocahontas, princesse indienne. La conversation en resta là jusqu’à l’arrivée, peu après, d’une troisième captive. Une très belle femme à la superbe chevelure brune et magnifiques yeux verts qui se présenta comme étant Elisabeth de Bavière.

L’indienne se présenta en jaugeant Elisabeth, d’un œil jugé mesquin par la belle de Troie.

Je suis Hélène…reine de Sparte…

Au moins, la dame de Bavière savait à qui elle avait affaire en plus d’apporter des informations sur leur situation.

Je crois qu’on nous réserve pour les plaisirs du chef de ce clan…

Comme quoi…notre jour de chance !

La suite le prouva largement. Hélène s’en souviendrait de ce jour, pour le reste de sa nouvelle vie. Si Pocahontas, misant pour son salut, crut bon se défaire de ses rivales, la pauvre apprit bien vite que pour bien jouer les malignes il faut avoir affaire à un sot…or le fameux Boss semblait ne pas l’être. L’Indienne avait cru gagner la partie en les mettant en triste état mais en fait, leur avait rendu un énorme service…Sa renaissance ne serait ni agréable ni de longue durée, si on en croyait aux dires du maître des lieux, qui après avoir expédié sa justice punitive, se tourna vers elles, une lueur lubrique animant son regard.

Quant à celles-là, gâtez-les ! Qu’elles soient au mieux pour la fin de la semaine ! J’ai hâte de voir à quoi elles ressemblent sans toutes ces plaies et bosses !

*Plutôt morte que me laisser toucher par ces pattes grasses…*

Aux pieds de Boss, la langoureuse dame ambrée, qui, elle le sut plus tard, se nommait Nefertiti, eut un sourire sinueux et satisfait, comme si elle toute seule avait tourné la situation à sa faveur. Deux gardes les convoyèrent, non vers la misérable hutte qui les avait accueillies mais vers une tente nantie de plus de confort qu’escompté.

Traitement de faveur pour les futures favorites du gros lard !...Toujours mieux que moisir dans un coin minable…qu’en dis tu, Elisabeth ?

Elle en dit des choses. Entre autres, qu’il leur restait cinq jours pour échafauder un plan digne de ce nom et prendre la poudre d’escampette, avant que Boss n’assouvisse sur elles ses désirs brutaux.

Suis partante…je n’ai aucune envie de me farcir ce bonhomme…ni aucun autre…j’en ai eu mon lot…dans l’autre vie, s’entend…Pour le moment, nous jouissons d’une certaine liberté, me semble t’il…au moins, on va nous chouchouter pour être en beauté…profitons en !...J’ai faim, mangeons…cette harpie d’indienne a tout bouffé…quel appétit, cette sauvage…

Un beau plateau bien garni étant à leur disposition, aucune raison de s’en priver. Parler avec Elisabeth s’avérait aisé. Son esprit était vif et son humeur pétillante, intelligente et débrouillarde, elle ne fut pas longue à esquisser une stratégie très viable. Elle la seconderait de tout son possible.

Je ferai des repérages dans le campement…tu sais, tours de gardes, nombre d’hommes…armes enfin, tout ce qu’il faut savoir…après tout, j’ai eu deux frères qui m’ont gentiment instruite…plus pour passer le temps qu’avec l’idée que cela me servirait un jour…mes frères ?...Castor et Pollux…ah, tu as entendu aussi parler d’eux !, profond soupir, pauvres chéris…ils sont morts à Troie…par ma faute…mais enfin…disons que c’est déjà de l’histoire ancienne…ou plutôt…antique !

Valait mieux en rire que se morfondre de remords. Au docte avis d’Hélène, cela n’avait jamais rien arrangé, les remords !

On les laissait se reposer tout leur soûl, la nourriture était abondante et bonne. Les soins, destinés à les remettre en forme et rehausser leur beauté, étaient prodigués par la dame d’Aubray, avec la science pointilleuse de qui sait avoir la tête en jeu au cas de faillir.

À part nous faire dorloter et engraisser comme des bonnes petites oies, on doit s’arranger pour voir un peu ce qui se passe là dehors…parce que là, j’en ai un peu marre de compter combien de fois les gardes passent devant notre tente…On pourrait demander à sortir…sais pas, besoin de dégourdir les jambes…de prendre de l’air…on est les futures chéries de leur porc de chef…ça doit bien signifier quelque chose, non ?

Sortir se balader dans le campement ne fut pas aussi facile qu’escompté mais tant qu’à faire, Hélène joua de son charme, même si couverte d’épais voiles pour la soustraire à la convoitise masculine. Escortée de deux fidèles à toute épreuve qui la suivaient partout, la belle prenait…de l’air. Sissi, de son côté, faisait valoir la sympathie acquise auprès de Léontine, pour glaner d’autres précieuses informations sur les habitudes de la maisonnée.

Ils se préparent pour une attaque, impossible autrement. J’ai vu nombre de gens, des esclaves, travailler d’arrache-pied pour consolider ce qu’ils appellent les remparts…et ils font du bon boulot…D’après ce que j’ai entendu…Oui, les hommes bavardent quand on sait flatter leur égo…enfin, passons…Il semblerait qu’il y a quelqu’un qui leur donne du fil à retordre…plus que quelqu’un en fait…un groupe organisé…pas trop grand, mais qui leur a déjà fait savoir qu’il y avait résistance…le lot de toute guerre…Ben non ! Ils n’en savent pas trop…à part que quand ils apparaissent…ça se corse vilainement…Sissi, je leur ai tiré les vers du nez, pas séduits, ces deux abrutis n’en savent pas plus…enfin, ils les appellent…les Maîtres de la Colline !...Euh…non, ça ils l’ont pas dit…Ben oui, des collines, il y en a…

Et ainsi de suite jusqu’à la veille du jour fixé pour réapparaître face au Boss qu’elles n’avaient revu depuis leur entretien mais qui selon la fidèle Léontine était au courant de tous leurs faits et gestes.

Suivant leur habitude, les deux captives étaient sorties, voilées comme des musulmanes et marchaient à petits pas consciencieux près des fameux remparts. Mine de rien, elles essayaient de trouver un point faible qui pourrait convenir à leur plan de fugue, quand l’attention d’Hélène fut attirée par un curieux jeu de lumières, au sommet d’une des collines, assez éloignée. Elle tira Sissi de la manche et murmurant :

Là bas…les lumières…

Pour elle, simplement cela. Pour Sissi, évidemment bien plus…Changement de plans. Elle feignit un sot évanouissement et on rentra en vitesse à la tente où, une fois hors vue des autres, elle se reprit miraculeusement.

Et ?...Ah bon ?...Un signal ?...et tu as compris, toi !...Merveill…et toi…que diable fais tu ici ?

Le pan d’entrée s’était écarté en silence et la sublime Nefertiti, favorite attitrée, ondulait vers elles, sourire aux lèvres, ruse aux yeux.

Je ne vais pas faire long…je vous veux hors et loin d’ici avant demain…j’ai ma place et n’entends pas la perdre ! Vous tuer serait facile mais éveillerait trop de soupçons…Cette nuit, vous…

Laisse moi deviner…nous fichons le camp et te laissons la place pour toi toute seule ?, persifla Hélène en se plantant face à elle, arrogante, que c’est facile ! Tu crois qu’on est nées de la dernière pluie ? En tout cas, il faut des garanties…question de ne pas nous faire égorger comme de la volaille…

Tout sera à point. Personne ne croisera votre chemin, je m’en charge.

Oh, tu as tout prévu, non !?...Tu ne dois pas être trop sûre de ton pouvoir…mais soit…cela nous convient…Parle !

Cette nuit, vous quitterez ce campement. Éloignez vous de la rive. À travers les bois, vous trouverez d’autres groupes, vous saurez sans doute vous débrouiller !

*Et nous faire couper la gorge, dans le meilleur des cas…pour toi, vipère !*


Sissi ne demeura pas en reste réclamant victuailles et armes pour le chemin. Tout fut accordé. Tard dans la soirée, on leur apporta le nécessaire, les laissant revêtir des atours plus convenables pour leur virée avant de les guider, en silence, vers une sortie dissimulée encore par la broussaille, qu’elles n’avaient pas repérée. Sans poser de question, les deux amies se faufilèrent hors du campement endormi et marchèrent droit devant, jusqu’à être à l’abri des arbres. De là, Sissi prit la décision d’aller vers la rivière au lieu de s’interner dans ce bois dense et inconnu.

Au moins…tu as une idée vers où aller…tant mieux si tu as un excellent sens de l’orientation…euh, moi…sais pas…jamais essayé…je te crois, si tu dis que c’est vers là bas…je te suis !

La lune, quasi pleine, éclairait assez pour avancer sans trop de risque.

Encore heureux, souffla Hélène avec un petit rire nerveux, ça me donne la chair de poule…le noir !
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Sissi

Sissi


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MessageSujet: Re: Esclaves? Jamais...    Esclaves? Jamais...  EmptyJeu 28 Fév - 22:28

Passionnée d’histoire, Elisabeth avait eu du temps pour lire maints ouvrages, notamment pendant sa réclusion suite à ses problèmes de santé. La guerre de Troie, narrée par Homère, laissait beaucoup à penser. Hormis le côté romantique des choses, la guerre restait la guerre. Que celle des Grecs ait eu pour « cause » un affront cuisant subi par Ménélas restait à prouver. Longtemps Sissi s’était demandé quel genre de femme était cette « belle » Hélène si vantée à travers les âges. Maintenant, par un hasard « miraculeux » voilà qu’elle renaissait à ses côtés.
Si Elisabeth s’était attendue à un certain caractère de la part de l’héroïne légendaire, ce qu’elle avait imaginé n’y correspondait pas. Loin d’être une belle – très belle – évaporée, incapable de réfléchir plus loin que son joli nez, Hélène s’avéra vite une parfaite alliée, nantie de jugeote et pas décidée à se laisser manipuler, surtout par le porc gras appelé boss.
Leurs buts étant identiques, chacune mit du sien à concrétiser un plan d’évasion.
Pour être gâtées, elles l’étaient ! Linge fin, cuisine assez correcte vu l’endroit, les souveraines auraient pu s’en contenter. Elles se tirent à « carreaux », jouant avec habileté avec les serviteurs et les gardes. Hélène, pas à court de charme, assez roublarde même, parvint à leur obtenir le droit de se balader dans le camp. Telles des sultanes, couvertes de la tête aux pieds afin d’éviter des concupiscences, elles purent visiter les lieux sous bonne garde.
Hélène s’occupa de relever la position et les habitudes des gardes. Comme souvent dans les camps primitifs, le rituel primait.
Sissi, de son côté, se lia d’amitié avec Léontine d’Aubray qu’elle pouvait visiter à toute heure du jour et de la nuit. La « sorcière » ne cachait pas son écoeurement pour les conditions imposées aux nouvelles recrues. Mais quand Sissi, en confiance, souleva un projet d’évasion, Léontine renâcla :


C’est folie ! Toutes les issues sont gardées farouchement ! À moins d’une complicité interne, vous n’en sortirez pas vivantes !

Qu’avaient-elles à offrir sinon leur corps ? Ça, Sissi ne saurait pas le faire et doutait que la reine de Sparte s’y prête. Léontine lui donna néanmoins une lueur d’espoir :

Néfertiti n’est pas idiote ! Elle sent que son heure de gloire est passée. Hier, elle m’a demandé du poison à mêler à vos aliments…

ET ???

Je lui ai déconseillé, bien sûr ! La coupable serait trop évidente… Tandis que vous aider à vous échapper…

C’était judicieux ! Le tout serait de voir si l’ancienne reine d’Egypte se laisserait convaincre.
Afin de ne pas donner de faux espoirs à Hélène, Sissi ne lui parla pas de l’éventuelle implication de la maîtresse du boss dans leurs projets. Souvent, Hélène ramenait des renseignements intéressants dont un en particulier :


Il semblerait qu’il y a quelqu’un qui leur donne du fil à retordre…plus que quelqu’un en fait…un groupe organisé…pas trop grand, mais qui leur a déjà fait savoir qu’il y avait résistance…

Hélas nul ne savait, Léontine non plus, de qui il s’agissait ni où se situait la colline.

Si je ne sors pas d’ici, je me tuerai, dit Sissi un soir à la sorcière.

Prends patience ! Néfertiti est aussi très surveillée…

Le désespoir gagnait doucement les captives qui ne voyaient vraiment pas comment traverser les différents obstacles dressés entre elles et la liberté. Puis, lors d’une petite balade dans le camp, Hélène surprit un jeu de lumières assez singulier. L’observant à son tour, Sissi sentit les battements de son cœur s’accélérer. Feignant un étourdissement, elle réclama de rentrer rapidement sous leur tente. Dès qu’elles furent seules, L’impératrice retrouva ses forces, même si elle demeura très excitée :

C’est merveilleux ! Ces lumières sont un signal !... Si, je t’assure ! Il dit : résistants !

Mais leur dialogue fut interrompu avec l’entrée en scène de la belle égyptienne qui ne cacha pas ses intentions.


*Pas trop tôt !*

Hélène pinaillait aux détails, croyant à un coup fourré quelque part.

Cette nuit, vous quitterez ce campement. Éloignez vous de la rive. À travers les bois, vous trouverez d’autres groupes, vous saurez sans doute vous débrouiller !

*Cours toujours !* Merci de ta sage décision, Néfertiti mais il est hors de question que nous partions démunies de tout. Il nous faut des vêtements plus aptes pour courir les bois, de la nourriture pour plusieurs jours et aussi des armes !

La seule contrepartie que réclama la reine d’Egypte fut qu’elles se fassent un peu remarquer avant de s’évaporer. Sissi comprit la manœuvre. Si elles disparaissaient juste après une visite de la reine, cette dernière risquait d’être accusée de meurtre ! Une mise en scène serait apportée à leur fuite pour faire croire à un double suicide. Nul ne leur courrait après…

Le plan fonctionna à la perfection sauf qu’Elisabeth ne voulait pas partir sans Léontine.

C’est elle qui a convaincu Néfertiti de nous aider. Elle lui a prétendu lui avoir donné un poison lent dans un onguent. Elle n’aura l’antidote qu’une fois que nous serons loin. Elle crèvera de trouille en l’attendant en vain. D’ici là…

Vive la liberté !

On va aller au fleuve. Durant mon transfert, j’ai calculé la distance. Le signal venait de ce côté…

Hélène avait peur dans le noir. Une veine que la lune soit pleine dans un ciel dégagé.

Long, très large, le fleuve s’écoulait dans des reflets argentés. Sans trop savoir pourquoi, Sissi l’aimait, ce fleuve. Il l’attirait presque comme un aimant. Une sorte de transe, d’état second la poussait vers l’eau. Léontine la retint par le bras
:

J’ai vu le signe de l’eau sur toi ! Si ce fleuve et ses créatures ne te feront rien, il n’en va pas de même pour nous…

Qu’est-ce que cela voulait dire ? Sissi ne comprit qu’une chose : ses compagnes ne voulaient pas s’aventurer à nager.
Alors on longea en direction du Sud, vers la source du signal entrevu, en souhaitant, qu’au lever du jour, il se répète à nouveau.


Après plusieurs heures de marche à un rythme soutenu, il fallut se trouver un abri de repos.
Selon Hélène, rien ne valait mieux qu’un arbre. Elles en trouvèrent un suffisamment épais pour les soutenir à trois en sécurité.
Ça caillait rudement la nuit ! Pas question de faire du feu. D’ailleurs pas d’allumettes ni de briquet.
Léontine leur fit avaler une sorte de chique amère qui les emplit d’une douce chaleur réconfortante.
Piquer un roupillon ? Aucune n’y résista. Si Sissi rêva, elle ne le dévoila pas.
Des gazouillis d’oiseaux réveillèrent les dormeuses. Avant de se remettre en route, on inventoria à fond les paquetages entrevus avant la fuite. Hélène et Sissi possédaient des arcs, quelques flèches et un couteau grossier. Point de vêtements de rechange mais des couvertures minces. En vivre, un pain un pâté, et quelques conserves dont Sissi dut expliquer l’emploi.
Une restauration rapide plus tard, les femmes se remirent en route avec prudence. Le fait de se douter qu’aucun ennemi n’était à leurs trousses n’empêchait pas la crainte que de nouveaux surgissent.
Se mouvant telles des ombres à la lisère du bois bordant le fleuve, les demoiselles durent parfois dévier en raison de petits rassemblements d’humains qui venaient s’abreuver, ou pêcher leur pitance.

Notre but est la colline du signal, insista Elisabeth quand des reproches de non communication avec les autres survinrent. Ne faisons confiance à personne d’autres ! Trouvons un gué !


Elle comprenait la défiance de ses compagnes vis-à-vis d’un langage abscons aux non-initiés et la respectait. Ce n’était pas parce que les résistants l’employaient qu’ils étaient forcément des amis !

Plus loin, elles ne surent éviter une confrontation avec un petit groupe de chasseurs. Trois couples disparates où se mêlaient orientaux, indiens et africains. Trois blanches parmi des basanés, Sissi craignit l’affrontement. Eux aussi avaient vu les lumières. Ils ne les comprenaient pas mais étaient curieux de savoir qui les envoyait.


Des gens qui veulent la guerre contre les oppresseurs ! J’aimerais leur répondre. Leur dire que l’on arrive, suggéra l’impératrice, mais nous n’avons ni miroir ni torche..
.

Un des sioux proposa des signaux de fumée. Il avait sa technique pour provoquer un feu sans flammes mais dense en émanation. Cela valait ce que ça valait. Couvrir en bref ou long les fumées agit tel un Morse rustique.


_ _ _ _ .

9 se répéta à en avoir les bras las et les yeux larmoyants quand, enfin, l’émetteur opposé varia son message.


Ils ont vu ! Ils disent d’avancer ; ils viennent à notre rencontre ! Mais… c’est encore loin…

Qu’à cela ne tienne, tous avaient plus de joie au cœur en partageant les pitances avant de se remettre en route.

Des heures plus tard, tous durent effectuer un repli profond dans les bois. Une dizaine d’individus armés de forts gourdins discutait ferme sur la même berge qu’eux. Le sioux qui savait se fondre dans la nature, alla les observer de près. Il revint avec des nouvelles :


Ils visent le banc de sable du milieu du fleuve. Le squelette d’un monstre y serait.

Fraîchement arrivées, Hélène et Sissi n’avaient reçu que de vagues échos au sujet de la terreur qui préoccupait les riverains.

Léontine en connaissait un bout :


Tout est bon dans les restes d’un des titans du fleuve ! Ses dents sont mortelles, ses épines transpercent tout, ses os plats font des boucliers incomparables !

Pas étonnant que ces reliefs éveillent l’intérêt. Le seul hic pour les atteindre résidait dans le bras d’eau à franchir. Manifestement, les pillards hésitaient à se mouiller.

Un long regard s’échangea entre Léontine et Sissi. Hélène comprit-elle ? Le fait est qu’elle sonna l’attaque !
Les traits des archers étaient précis. L’effet de surprise jouant en faveur des huit combattants, le combat n’en fut pas moins acharné. Détachée de ces violences, avec son arc en travers du dos, Sissi s’immergea complètement. Nulle appréhension ne l’envahit, au contraire. Dans ce bain, elle eut l’impression de renouer avec quelque chose de très connu. D’autant qu’elle s’en souvienne, elle nageait mais pas aussi bien.
De la berge occupée, des avertissements fusèrent :


La houle !

Elle est fichue !

Des remous, il y en eut, puis tout se calma. Sous des hourras incrédules, Sissi refit surface et gagna le banc de sable. Choquée, elle considéra d’abord ses pieds avant de revenir à des considérations plus urgentes. Devant elle reposaient les ossements d’une créature que le commun aurait considérée de cauchemar. La gorge nouée, Sissi s’en approcha :

*Beau, fier, invincible… l’âge t’a rattrapé Titan… !*

Rangeant son étrange nostalgie au placard, l’impératrice s’empara avec précaution d’une petite dent du monstre qu’elle encocha à l’arc. Beuglant comme jamais, elle avertit les derniers ennemis :

PARTEZ ! IL EST À NOUS !!!

Les « méchants » ne s’incrustèrent pas. Restait à convaincre les autres de venir la rejoindre.

Il ne vous embêtera pas ! Vous pouvez venir !

Léontine, la première, s’engagea dans des brasses vigoureuses.
Avec minutie, tous se chargèrent d’ossements divers. Pour alléger le transport, on tendit des cordes entre le banc et l’autre rive. La quantité était telle qu’ils durent laisser nombre de pièces sur place, tant pis.
À sauf sur cette rive, ils s’octroyèrent un bon repos auprès d’un feu pétillant en partageant leurs provisions pendant des présentations en règle. Bien sûr, quand elles furent côte à côte dans le silence de la nuit, Hélène voulut assouvir sa curiosité :


… je ne peux pas l’expliquer, souffla Sissi. Je n’avais pas peur… il a promis et est parti.

Le lendemain, le groupe rencontra les résistants…
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Hélène, la belle de Troie

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MessageSujet: Re: Esclaves? Jamais...    Esclaves? Jamais...  EmptyDim 3 Mar - 0:34

Libres ? Pour le moment, oui. Combien de temps durerait cet état de choses ? Hélène préférait ne pas y penser. C’est vrai qu’on avait mis, avec grand soin, mis en scène, des évidences parlant de double suicide pour tromper le Boss.

*Encore une veine que les morts disparaissent, dans le coin…Gros Lard devra se faire à l’idée !*

Mais elle n’était pas tout à fait rassurée pour autant. Cette virée nocturne en ces lieux inhospitaliers n’était pas pour la ravir. Elle était là, à débattre en son for interne quand l’apparition de Léontine, sortant de l’ombre, faillit la faire crier. Elisabeth la calma en donnant une explication plus que raisonnable pour cet ajout tardif à leur évasion :

C’est elle qui a convaincu Néfertiti de nous aider. Elle lui a prétendu lui avoir donné un poison lent dans un onguent. Elle n’aura l’antidote qu’une fois que nous serons loin. Elle crèvera de trouille en l’attendant en vain. D’ici là…

C’est tout bon pour moi, à trois on aura plus de chance de s’en tirer…merci de ton aide, Léontine…et maintenant, on fait quoi ?

On va aller au fleuve. Durant mon transfert, j’ai calculé la distance. Le signal venait de ce côté !

On te suit !

Ainsi fut fait. Marchant en silence, l’une derrière l’autre, les trois femmes suivirent les pas de la dame de Bavière qui semblait très bien savoir où aller. Elles ne furent pas longues à arriver en vue du fleuve. Majestueux et trompeusement paisible à la clarté lunaire. Voir Sissi s’y diriger, l’air extatique les fit tiquer :

Tu ne penses tout de même pas y aller à la nage, non ?

Léontine, plus pratique, retint la jeune femme par le bras en tenant un discours assez abscons pour Hélène, où il était question de signes de l’eau, créatures aquatiques qui ne feraient pas de mal à Sissi mais qui, si elle comprit bien, pourraient les gober sans problème, la sorcière et elle.

Écoute la, Sissi…cherchons plutôt un abri pour passer la nuit…quelle idée…aller faire trempette, à cette heure…

Pour l’abri, cela prit du temps. Elisabeth voulait s’éloigner le plus possible de ces lieux de malheur, ce en quoi elle n’avait pas tort. Elles marchèrent longtemps, sous la lune pâle, vers le Sud, d’où était venu le signal mystérieux. Ce ne fut que bien plus tard, qu’elle se résolurent à faire une halte pour se reposer.

Cherchons un bon arbre, c’est l’abri parfait…si on nous cherche, personne ne pensera à regarder vers le haut…j’en ai fait l’expérience le jour de l’arrivée !

Elle se demandait d’où lui venait cet engouement pour les hauteurs, de sa vie…d’avant, Hélène, n’avait jamais eu un penchant particulier pour se percher entre les branches des arbres mais tant qu’à faire, les deux autres acceptèrent sa proposition et elles grimpèrent au premier arbre susceptible de convenir à leurs besoins. Pour pallier le froid de la nuit, Léontine tira la solution de son sac de sorcière. Hélène avala ce qu’on lui proposait, sans poser de questions et s’endormit paisiblement en se sentant douillettement au chaud.
Au petit matin, très d’aplomb, elles quittèrent leur perchoir et poursuivirent leur chemin, non sans avant avoir fait l’inventaire de leurs possessions.


Elle a misé au radin, la Nefertiti…pas de vêtements…encore heureux qu’on sache se servir d’arc et flèches, m’est avis que celle là pensait que notre fugue n’arriverai pas bien loin…mais au moins on a quelque chose à manger…ce qui me rappelle que j’ai un peu faim !

On mangea rapidement en s’émerveillant des connaissances de Sissi qui sut tirer de la nourriture d’une boîte nommée conserve.

Apparemment, personne ne les suivait mais la méfiance était de mise. C’est ainsi, que sans abandonner les abords de la berge, elles avancèrent bon train, en évitant de se faire remarquer par le peu d’êtres humains vus de loin.

On ne pourrait pas leur demander ?...Qui sait si… ?

Léontine insista aussi mais Sissi fut claire :

Notre but est la colline du signal. Ne faisons confiance à personne d’autres ! Trouvons un gué !

Vite dit…pas évident dans un fleuve comme celui là, grommela Hélène.

*Mais enfin…espérons que le fameux signal ne soit pas un piège de plus…*

Elle tut ses suspicions ne voulant saper l’entrain de ses compagnes. À mi matinée, leur chemin croisa, sans choix de fuite, celui d’un groupe d’hommes. Les trois femmes ne faisaient pas la taille face à ces six là mais il resta vite établi qu’ils n’avaient pas l’intention de leur faire du mal. Ils avaient aussi aperçu le signal mais ne le comprenaient pas. Les explications de Sissi suffirent.

Des gens qui veulent la guerre contre les oppresseurs ! J’aimerais leur répondre. Leur dire que l’on arrive, mais nous n’avons ni miroir ni torche...

Un des hommes, un gars à la peau cuivrée, qui se dit Sioux, suggéra des signaux de fumée qui, selon lui et l’autre gars en tout identique, son frère jumeau, servaient, de leur époque à se communiquer entre deux points distants. Le grand noir, le premier qu’Hélène voyait, parla de tambours, très utiles aussi, à son avis.

Si tu vois un tambour par là…en plus cela ferait, dis-je, trop de boucan…et on ne veut pas ameuter les alentours, quand même !

On oublia les tam-tam et les deux sioux entreprirent de bâtir leur feu sans flammes dont la fumée âcre et épaisse, moyennant l’usage savant d’une couverture, donna des ronds de fumée qui s’élevèrent dans l’air clair du matin.

Intéressant…faut seulement que ceux de la colline regardent de ce côté et sachent ce que cela veut dire…, lâcha t’elle, un tantinet ironique.

Elle se mordit la langue plus tard, quand au loin, venant de la fameuse colline, un signal lumineux leur fournit une réponse qui fit jubiler Sissi, la seule à le comprendre.

Ils ont vu ! Ils disent d’avancer ; ils viennent à notre rencontre ! Mais… c’est encore loin…

L’espoir réjouit et la joie donne faim. Vaincue toute suspicion, le groupe élargi, partagea la nourriture et ragaillardi, se remit en route. Droit au Sud ! Mais bien sûr, la tranquillité ne dura pas au-delà de quelques heures. Cette fois, ils furent près de tomber sur un groupe armé, de ceux que tous connaissaient bien. Repli en vitesse dans le bois. Un des jumeaux sioux se fondit dans le décor et alla s’enquérir sur ce préparaient les hommes à gourdin. À son retour, on apprit que les « méchants » visaient un banc de sable, éloigné de la rive où reposait le squelette d’un monstre.

Hélène sentit un frisson lui courir l’échine. Léontine, qui savait plus sur les histoires du coin les mit au parfum. Il s’agissait sans doute des restes d’un des titans du fleuve, qui semaient la terreur parmi les riverains, étant donné que quiconque ayant l’idée de s’aventurer dans l’eau à plus de quelques pas de la berge, était tout simplement aspiré vers le fond.


Charmant…et que diable attire si bien ces abrutis ? Un monstre mort n’est que cela…

L’explication de Léontine donnait tout autre sens à l’affaire :

Tout est bon dans les restes d’un des titans du fleuve ! Ses dents sont mortelles, ses épines transpercent tout, ses os plats font des boucliers incomparables !

*Un bel arsenal, en somme !*

Que pensaient Sissi et Léontine en échangeant ce long regard complice ? Hélène ne fut pas mise dans la confidence mais les mots de la sorcière, la veille au soir, face au fleuve lui revinrent. Cette affinité, si elle avait bien compris, de Sissi avec l’eau…et ses créatures.

Ben…il faut ce qu’il faut…On les surprend…toi, tu t’entends avec le fleuve !...Allons y !

Les six hommes ne perdirent pas de temps et on fonça, tête en bille, à l’attaque. La surprise jouant, chacun mit ses talents en évidence et après une lutte assez acharnée, les pillards aux gourdins furent repoussés ou éliminés. Elisabeth nageant comme un poisson avançait vers le banc de sable quand la surface lisse de l’eau s’agita vivement.

La houle !!!, glapit Léontine, blême de terreur.

Mais non…regardez…elle est arrivée…Sissi est arrivée !!! Bravo, ma belle, tu es unique !!!

Leurs compagnons s’unirent aux vivats surtout quand, avisant un retour des pillards encore en vie, Elisabeth de Bavière arma son arc avec une dent du monstre échoué et revendiqua, haut et clair, leur droit acquis sur ces restes précieux. Les autres déguerpirent sans demander leur reste.

Il ne vous embêtera pas ! Vous pouvez venir ! , leur cria Sissi dès son banc de sable.

Tu veux rire…c’est ton copain…pas le nôtre !

Mais Léontine lui fit remarquer que si Elisabeth les intimait de la rejoindre c’était bien parce qu’elle devait avoir des bonnes raisons et pour le prouver, se lança à l’eau, suivie, faute de mieux par les autres, elle inclus. Vue de plus près, la dépouille était encore plus effroyable et énorme.

Si j’ai bien compris, tout est précieux, là…mais nous ne sommes que neuf et devons aller loin…me vois mal avançant par là en portant tous ces os !!!

Bon an, mal an, la raison prévalut et on se contenta des pièces les plus transportables, ce qui faisait tout de même un sacré poids.

Avec cela…on va tarder encore plus de temps…j’espère qu’ils tiendront parole, ceux de la colline et viendront nous porter main forte !

De retour sur la rive, sans que la Houle ne les incommode le moins du monde, s’établit un bon bivouac et on passa à se présenter comme il se doit. Leur groupe était hors commun, le contraire aurait été étonnant dans ce monde si bizarre. Alowan et Dowan, les deux sioux chasseurs et guerriers. Ramesh, le Thug, étrangleur, dévot serviteur de la sanguinaire Kali. Mbuyazi, guerrier zoulou. Dawson, trappeur du grand-nord et Batu, le cavalier mongol.

Fameuse troupe que la nôtre…en tout cas, enchantée d’avoir croisé votre route, mes braves !

Laissant aux hommes le loisir de monter la garde et Léontine de se reposer, Hélène alla prendre place près de Sissi, qui contemplait rêveusement la rivière.

Je n’ai pas trop bien compris ce qui s’est passé…tu agissais comme en transe…je ne sais pas… comme si…

Je ne peux pas l’expliquer
, souffla Sissi. Je n’avais pas peur… il a promis et est parti.

Oui…il est parti…, soupira Hélène, c’est si…clair…Allons dormir !

Les deux sioux, avançant en éclaireurs, furent les premiers à tomber sur ceux de la Colline, leur voix d’avis précéda le groupe commandé par un grand gars blond, d’allure plutôt martiale flanqué d’un autre, plus petit aux longs cheveux bouclés qui souriait, conciliant. Le chef s’enquit, très réglementairement, de leurs identités et intentions, ce qui, vu les circonstances, semblait très légitime. Leurs compagnons se présentèrent en premier, faisant valoir le fait d’être des hommes, ce qui à leurs yeux, voulait tout dire.

Mes amies sont Elisabeth de Bavière et Léontine d’Aubray, dit elle, quand ce fut son tour, sourire à l’appui, non vers le chef qui semblait s’en ficher comme d’une guigne mais vers son sympathique compagnon, et moi…je suis Hélène…Reine de Sparte…

Quelle révérence impétueuse, quel sourire, quel charme, quelles manières de grand seigneur. Il sembla oublier ses compagnons et déclina noms et titres avec une grâce toute royale. Jusqu’à ce que le sérieux qui commandait la troupe ne le rappelle à l’ordre et se présente lui-même, sans salamalecs ni sourires, il avait d’ailleurs un nom qui lui allait bien, sec et concis. Alf. Une seule femme, Isabel, les accompagnait, bien plus chaleureuse, elle s’enquit sur leur santé ou besoins, au cas d’en avoir. Comme tout semblait aller à merveille, Alf décida, tout seul, qu’on se mettait illico en route pour regagner leur fameuse colline mais Sissi ayant son petit mot à dire, la situation connut une remarquable variation.
Le squelette du monstre méritant toute leur attention, vu sa valeur décisive, les groupes réunis furent scindés de nouveau. D’uns resteraient au fleuve, pour récupérer le reste du butin, tandis que le reste gagnerait le campement de la Colline.

J’aurais dû rester avec Sissi et Léontine…mais cet Alf, quel homme inflexible…enfin, je suis très reconnaissante d’être sauvée…Ne m’en parlez pas...si je vous racontais…Mais voyons, bien sûr que je le ferai…C’est encore très loin ?...Un peu, oui…

Merci Louis. Vous êtes charmant, Louis. Je vous en prie, Louis…et ainsi de suite alors qu’il lui évitait de buter contre un caillou, écartait une branche, étanchait sa soif, s’enquérait sur sa faim, son mal aux pieds, au dos…Que si le soleil tapait trop dur, que tout à coup la brise rafraîchissait…
Hélène était aux anges. De sa vie aucun homme n’avait été aussi prévenant que Sa Majesté le Roi Soleil, ce qu’elle ne se priva de lui dire…juste pour le voir sourire ravi et faire des ronds de jambe tout à fait adorables. Bien entendu, le Quatorzième du nom parlait aussi…et par Zeus, qu’il en disait des choses. Et c’est ainsi qu’en bavardant si gentiment, le chemin sembla moins ardu, moins long et ils arrivèrent enfin au fameux campement où les attendait le Chef par excellence…

Ah non ! Ce n’est pas vrai…de tous les hommes du monde…TOI !!!...Mais enfin puisqu’il en est ainsi, j’avoue qu’après tout cela aurait pu être pire…Ravie de te revoir si vivant…et sans flèches, Achille !
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Sissi

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MessageSujet: Re: Esclaves? Jamais...    Esclaves? Jamais...  EmptyMer 6 Mar - 23:11

Un obstacle de taille avait été franchi !
À nouveau libre de ses mouvements, de sa destinée, Sissi ne pensait qu’à une chose : fuir !
Le signal entrevu au loin dirigea leurs pas. Une veine que les trois femmes ne tombassent pas sur de fieffés filous. Le nombre de résistants passa à 9 en quelques palabres sensées. Ce qui se passa avec l’échauffourée contre des pillards ne cessa de la hanter.
L’eau l’attirait, c’était indiscutable. Pourquoi, elle l’ignorait. Mais se retrouver dans cet élément fut comme une seconde naissance. Pourtant, autant qu’elle le sache, de son vivant antérieur… nager n’était pas tasse de thé ! Le monstre fut devant elle en moins de deux. Aucune peur, au contraire ! Elle eut l’impression de retrouver un ami. Malgré sa face immonde, elle l’accueillit avec chaleur :


*Tu vas bien ? *

*Oui, mais que fais-tu à nouveau ici ?*

*Je… J’y étais ? Je ne sais plus.*

*Ils s’amusent… Tu as oublié, moi pas. Que désires-tu ?*


Si seulement elle le savait ! L’instinct prima :


*Passer ! Laisse mes amis en paix, s’il te plait !*


*Tu étais des nôtres et l’es restée malgré les apparences. Compte sur nous !*

Impossible de narrer cela à qui que ce soit ! Léontine aurait peut-être capté ? Allez savoir !
Hélène essaya de déchiffrer ce qui s’était passé, Sissi resta vague exprès. On empaqueta ce que l’on pouvait en souhaitant une aide qui ne tarda pas.
Bientôt, un groupe de huit hommes et une femme les rejoignit. Présentations de mise effectuées via Hélène au nom des femmes, leur chef- dénommé Alf- ordonna le repli général.


Non ! osa-t-elle. Je ne quitterai pas ces lieux ainsi. Cela vous dit-il quelque chose ?

La dent exposée fit froncer les sourcils du chef du groupe.


Un tas de reliques dort encore sur l’îlot. Ce serait idiot de le laisser là !

Elle parle au monstre, déclara un des sioux.

Il n’embêtera personne tant qu’elle reste dans ses grâces,
assura le bûcheron nordique.

Alf avait de la jugeote. Il comprit aussitôt l’intérêt de posséder ces ossements. Il donna ses ordres et évacua les rescapés avec leur chargement sous la houlette du roi soleil qui, pas à dire, était tombé sous le charme d’Hélène. Leurs adieux furent brefs Siisi sentait les hésitations de la reine de Sparte mais la rassura :

Tout ira bien. Va en paix !

Dès le départ du groupe, le chef donna ses ordres. Il voulait, de ses yeux, évaluer la situation qu’il avait survolée avec d’étranges jumelles. Sa femme ( ?) joua les ambassadrices en éclairant certains points. Alf n’était que le meneur de ce groupe, le vrai chef était Achille. Sissi tiqua :


Ach… Celui de Troie ?


… oui, le même... Ne vous vexez pas si Alf nous considère souvent comme quantité négligeable... Il vient de loin devant nous…


*Misère !*


Pour un peu, elle se serait mise à cavaler derrière Hélène pour l’avertir d’un os éventuel. Mais l’homme du futur était décidé à se mouiller. Jugeant Hélène tout à fait capable de tenir tête à son haineux contemporain, elle agréa ce bain dont elle n’avait aucun besoin.


Si cela ne vous ennuie pas, je passerai la première, restez quelques mètres en arrière, soupira-t-elle.


Elle approcha de la berge, ôta ses vêtements, ne laissant que sa chemise mi-longue sur son dos, puis nagea vers l’îlot avec assurance. Aucun remous alarmant ne se produisit. Elle atteignit le banc de sable, et y attendit le chef qui la rejoignit en quelques brasses.


D’après Léontine, ce sont des Titans… des sortes de géants invincibles.


Il suffisait d’être à côté d’une vertèbre pour comprendre l’énormité du monstre. Malgré le temps écoulé pour dénuder ainsi l’ossature, elle n’en demeurait pas moins solide et… massive.

… non ! Ça ne flotte hélas pas, j’ai essayé. Le seul moyen de les déménager d’ici, c’est de traverser avec…


Ils rapportèrent des débris légers puis le campement s’organisa en attente du lendemain. Femmes aux cuisines… évidemment ! Les hommes, eux, sous le commandement d’Alf, commencèrent l’abattage de troncs.

*Un radeau ? C’est pas bête…*


À l’aube, par un moyen de communication inédit pour Sissi, Alf les avertit que des renforts étaient en route. L’activité ne cessa pas pour autant, loin de là.
Se sentant obligée de veiller sur les navetteurs, l’impératrice était plus souvent au bain qu’à son tour.
Après une nième immersion, elle rentrait avec sa moisson dans un sac à dos quand elle capta l’agitation sur la berge de campement. Les renforts débarquaient !
Le poids de sa charge pesa sur ses épaules alors qu’elle touchait pied. Ruisselante, inconsciente de ce que sa chemise trempée révélait de ses formes, elle sortit le buste et le vit.
Éblouissement ou excès de fatigue ? La tête lui tourna drôlement. Elle but une fameuse tasse, et pas de thé !
Ranimée, crachant et toussant, elle ouvrit les yeux sur ceux, les plus admirables dont elle se souvienne et se serait noyée volontiers encore, juste pour les contempler à jamais.


Bois ça ! lui intima une Léontine mi-angoissée, mi-amusée.

Il lui soutint la nuque. Buvant la purge, elle ne pouvait détacher son regard du sien par-dessus le bol.

Merci, grimaça-t-elle, tant par l’amertume du breuvage que par la confusion… J’ai plongé 20 fois depuis l’aube, pardonnez-moi… Achille !


On l’aida à se relever, chaudement enveloppée d’une couverture. Abandonnée aux soins de Léontine, Sissi resta prostrée de longues minutes face au feu central. La sorcière la houspillait, elle ne réagissait pas, perdue dans des circonvolutions internes.

… Il est beau mais pas au point de tomber en pâmoison devant lui ! Reprends-toi, ma fille ! Eh, oh ! Tu m’entends, Elisabeth ?
Apparemment non !

Une paire de baffes plus tard, Sissi arrêta la troisième :


Mais qu’est-ce que tu fous ?


Je te réveille, mon ange ! Ça y est ? J’ai ton attention ?

Ben… oui ! Que s’est-il passé ?

Léontine se mit à rigoler de son rire feutré :


T’as bu le bouillon, juste pour l’avoir vu ! Je n’ai jamais connu le coup de foudre, mais sait le reconnaître quand il frappe !... C’est ça, rougit ! Ça va te réchauffer, au moins !


Ce… Ce n’est pas ça du tout ! rouspéta Sissi avec fougue. J’ai été… surprise, voilà tout !

Le rire de Léontine résonna longtemps tandis qu’elle préparait la tambouille générale.
Faisant autant que faire se peut, Sissi l’aida. Irrésistiblement ses regards se tournèrent fréquemment vers les deux grands blonds qui dirigeaient les manœuvres. Pourquoi son cœur s’emballait-il à chaque fois qu’elle contemplait celui aux cheveux longs ?


*Tu couves une nouvelle pneumonie ! Avec tous ces bains, c’est fatal !...*


Lorsque le soir venu Achille s’approcha de sa retraite, Sissi aurait voulu disparaître. Par chance, il se montra presque détaché, courtois :

… merci de votre sollicitude Achille, je vais très bien maintenant… Oui, j’ai vu que vous aviez avancé. Monter un radeau me semble une bonne idée si votre colline est là où on le dit… Ah ! C’est à ça que servent les jumelles ? Celles de mon époque étaient moins performantes... Euh, non ! ( rire) je ne suis pas une déesse. Je ne sais pas ce qui se raconte mais, comment dire… le monstre est un… ami. C’est ce qu’il prétend... comme s’il me connaissait d’un avant que j’aurais oublié…

Le prince des Myrmidons parut troublé mais réclama d’autres précisions :

… On vous a dit vrai : avec Hélène et Léontine, nous étions dans le camp des autres. Au fait, Hélène, elle va…

Tout baignait de ce côté… au moins en apparence.

…Oui, je peux tracer un plan de mémoire. Notre fuite a été dissimulée. Je ne sais pas si les routines n’auront pas évolué depuis… Moi ?


Il se doutait qu’elle n’ignorât pas sa propre légende mais désirait connaître son histoire à elle.
De longues heures s’écoulèrent à bavarder jusqu’à ce que décence et fatigue les séparent.

Cette nuit-là, Sissi put mettre un visage clair à celui des rêves bizarres qui la hantaient depuis son réveil.


Plusieurs jours de labeur s’écoulèrent. Personne ne chômait. Souvent, Sissi dut nager et elle rencontra son « ami » du fleuve avec qui les relations étaient parfaites :


*Tu sais, cela m’épuise de faire le barrage sans cesse. Personne d’ici ne te fera du mal, je m’en porte garante !
*

*Je ne viendrai plus et empêcherai aux autres de te nuire… sauf si tu nous appelles. Tu te souviens des mots, n’est-ce pas ? *

*Sincèrement, non ! J’ai l’impression d’être coupée en deux. Je suppose que si je dois me rappeler, ça reviendra en temps utiles…*


Les convois passèrent sans encombre.

Tous les soirs, Sissi eut l’honneur de conversations privées avec le chef suprême. On parla plans, bien sûr, mais autour d’un breuvage chaud, les mots dévièrent souvent :


… Je n’aimais pas la cour… Tant de responsabilités m’écrasaient. Je n’ai pas pu élever mes enfants… oui, j’en ai eu quatre, en ai vu mourir deux( voix étranglée) … crois-tu que l’on puisse retrouver ici ceux que l’on a perdu ? … Mon mari ?? ( mi-offusquée mi-hilare) Grand Dieu non ! Je n’avais que 16 ans quand il m’a séduite… Je n’ai cessé de regretter depuis. Mais toi ? Hélène et... Brisiéis… ?

Franchise pour franchise, il ne lui scella rien. Leur entente en étonnait plus d’un, dont eux-mêmes les premiers.

Enfin, le radeau fut prêt. La colle de poisson façon Léontine étanchéifiait l’ensemble lourdement chargé mais les pillards n’avaient pas dit leur dernier mot.
Brutale, l’attaque les surprit en plein arrimage. Ça tirailla de partout. Décidés à reprendre leur tribut, les « sauvages » s’étaient organisés.
On riposta avec efficacité sauf que la Houle ne se manifestait pas. Sans son appui, ils seraient investis.


Je vais l’appeler ! Elle seule peut nous sauver !


Ni Dieu ni diable n’auraient pu la retenir. En sous-vêtements, Sissi plongea :


*AMIS !!!! ACCOUREZ ! Peuple du fleuve, défendez l’iniquité !*


Pour des remous, il y en eut. L’adversaire noyé, avalé, vaincu, on pansa les plaies.

Je vais bien, rassura-t-elle Achille. Ça n’a pas l’air d’être de cas de tous… ISABEL !!!!

Oh non ! Non, non, non ! La femme de l’homme du futur s’était pris un méchant coup dans le côté.
L’air hagard, celui appelé Alf, ne savait à quel saint de vouer pour ranimer la blessée.


LÉONTINE !!! hurla Sissi.

Cataplasmes d’algues, prières et Dieu sait quoi d’autre, la « sorcière » se chargea des soins de la plus gravement atteinte. Selon elle, il fallait l’évacuer au plus vite.


Roi Soleil, Alf et Grec unanimes déclarèrent qu’au camp un moine saurait y faire.

Le jour qui pointa vit d’étranges embarcations affronter les flots.
En tête, un radeau simple chargé de bricoles dont un trio composé d’une guérisseuse, une blessée et un soldat affecté. Suivait un train de radeaux lourdement lestés d’ossements et d’êtres déterminés.


Je vais nager !

Elle devait remercier les créatures aquatiques et veiller à ce que le convoi arrive à terme sans embûche.
À l’abordage, ils étaient attendus.
Le comité d’accueil ne chôma pas. On débarqua d’abord Miss Kittredge qu’un moine en robe safranée examina attentivement sous l’œil déboussolé de son « mari ». Il semblait hésiter à suivre la civière ou aider au déchargement. Achille trancha pour lui avant de se tourner vers elle
:

… Oui, j’aimerais beaucoup rejoindre Hélène et me changer, merci !
sourit-elle en posa une main sur la sienne dans un attouchement furtif.

Tandis que le campement entamait le débardage, grâce à un système de levage pratique, Sissi remonta la colline. Dès qu’elle fut sur le plateau, la reine de Sparte s’enquit de sa santé et… de celle de Louis :


… Isabel a le plus encaissé cette attaque mais tout ira bien, je crois.


Une plaisante rouquine tint à se présenter en l’accueillant avec chaleur
:

… Avec plaisir, Amelia !

Flanquée d’une blonde et d’une rousse, Elisabeth croisa d’autres femmes qui lui tournèrent le dos plutôt que de la saluer. Sissi n’en prit pas ombrage, trop heureuse de retrouver une Pierre sacrée dont on ne la priverait pas de ses dons.
La tenue de Miss Earhart lui plut, elle en voulut deux semblables. Quelques effets de toilette, dont une brosse solide, de quoi garnir une couche sans gratter, elle fut comblée.
Une des femmes entrevues, celle au teint biscuit, vint se présenter et lui proposer…

UN BAIN ? Non merci ! je viens d’en prendre et pas qu’un
, rit Sissi.

Une tente, commandée et aménagée sous l’égide du roi de France pour Hélène, l’agréa également.

Dis donc, tu lui as tapé dans l’œil, à Louis ! … Moi… Achille ? Mais non voyons !


Ses joues n’eurent besoin d’aucun fard à ce moment.
Amelia qui avait emménagé avec la belle de Troie désira tout connaître de ce qui s’était passé au fleuve. Sissi narra à en avoir le gosier sec pendant l’installation. Puis, il fut temps d’aller aux nouvelles…
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