Gods Games
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Gods Games

Sommes-nous les jouets des dieux ?
Dans ce forum RP, des rencontres crues impossibles pourront avoir lieu
entre d'illustres ressuscités et des personnes de notre siècle

 
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 Fin ou début?

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Isabel Kittredge

Isabel Kittredge


Messages : 26
Date d'inscription : 02/02/2013

Fin ou début?  - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Fin ou début?    Fin ou début?  - Page 2 EmptyDim 14 Juil - 10:23

Dix années que cela durait ! Claire en avait plus que ras le bol de la cour imposée par le bon roi Henri. Certes, elle avait mis cinq ans à s’élever au-dessus du lot des courtisanes pour devenir favorite en titre avant un « heureux » mariage. Sitôt sa résurrection, Claire avait menti, trahi, manigancé, hourdi des complots pour parvenir à ses fins. Quoique très volage, Henri était un vrai chef dont il fallut se méfier afin de ne rien laisser transparaître. Une fois embobiné, il fut aisé à manipuler.

Claire obtenait toujours gain de cause et aurait pu s’en contenter si son ambition n’avait pas été si démesurée, de même que son ennui. Subir les mêmes têtes, intrigues, jeux… ça lasse.

Un beau jour, le vent tourna alors qu’elle désespérait d’échapper à cet écrin fortifié où l’on s’ennuyait à mourir. Enfin, un nouvel arrivant ! Bien tourné, ce galant homme la sauva d’une mort certaine alors qu’elle chassait avec ses gens. Immédiatement, il l’intéressa. Qu’il fût le petit-fils légitime d’Henri n’entrait pas en ligne de compte, voyons !  Hélas, chose très inattendue de la part d’un Bourbon, Louis le Grand n’avait qu’une seule femme en tête, rien de moins qu’Hélène de Troie.

Lorsqu’après s’être enfui à sa recherche, on ramena Louis et sa clique, Claire râla. La beauté, la subtilité, des nouvelles venues lui faisait ombrage. Au moins les compagnons amenés lui parurent divertissants sauf qu’aucun d’eux ne succomba aux charmes pourtant largement déployés.  

Se dépoiler devant Achille n’attira que des éclats de rire frustrants. Elle fut invisible pour le dénommé Burton malgré qu’on lui ait murmuré bien des débauches à son endroit. Dépitée et frustrée par ses fins de non-recevoir, la reine commença à élaborer d’autres plans. Ces gens n’étaient-ils pas venus par la voie des airs ? Ils semblaient avides d’à nouveau s’envoler. Cela prendrait du temps vu l’hiver débutant et l’état comateux de la conceptrice du ballon.  

*Le temps joue en ma faveur !*

Henri s’amusait comme il le pouvait, avec autant de succès auprès des femmes qu’elle avec les hommes.  Entre elle et son époux, cela faisait belle lurette que chacun se satisfaisait à la va comme on peut. Le favori secret de Claire était Michel, duc de Tourvieille.  En fait un ancien baronnet de 3ème zone, plus fermier qu’autre titre, m’enfin… Il était bien monté et montait très bien.  

Souvent, tandis qu’Henri courait la prétentaine, Claire partageait sa couche avec plusieurs « vaillants » sires. Tous lui étaient dévoués jusqu’à la moelle même si plus d’un laissa entendre que l’une ou l’autre des réelles reines ne leur était pas indifférente.

Ces altières personnes lui donnaient la nausée. Qu’elles exercent un tel pouvoir sur leur époux l’énervait au plus au point.

*Je les avilirai, les humilierai qu’un palefrenier n’en voudra même pas !*  

Lentement, un plan infâme mûrit.  

Laisser Alpha la quitter était la meilleure option. Pas la décision la plus facile à prendre mais l’unique qui soit raisonnable. Dehors, avec ce qui régnait, elle ne tiendrait pas une heure sans mourir de froid.

Il accorda, l’air peiné :

Je referai le chemin vers le château qu’on a vu l’autre jour… J’ai les coordonnées exactes et ce n’est pas aussi loin que les détours de Théo l’ont fait paraître, tu ne devras pas trop m’attendre, je le promets, après tout… je suis toujours un Ayerling, ne l’oublie pas !  

Tu as changé Alpha… en mieux, en beaucoup mieux, s’étrangla-t-elle en cherchant sa bouche.  

Au matin, il ne voulut rien entendre des éléphants ou de provisions  et s’en fut, avec son loup.  

Isabel pleura beaucoup. Ça ne servait à rien, ça soulageait seulement.

La solitude ne l’effrayait pas, ne l’avait-elle pas endurée des mois durant ?  

Demain, au plus tard, il reviendra, dit-elle en fourrageant la toison de l’hybride tigre-lion.  Organisons-nous, veux-tu ?

L’inventaire complet fut effectué, les éléphants nourris. Elle se refusa à les entraver afin qu’ils puissent librement aller chercher pitance dans les bois au besoin.

Dieu qu’il faisait froid !

Armée d’une torche, Isabel explora la grotte plus en profondeur car un vent coulis s’insinuait encore à l’endroit du foyer. Ce boyau lui sembla sans fond et quand sa flamme s’éteignit, Isabel rebroussa chemin :

*Plus assez d’oxygène, pas bon…*

Elle déménagea le foyer et ses affaires en sécurité confortable.  Bénies soient ces briquettes sans fumées ! Ajoutées à Artémis en chaufferette, Isabel put dormir à l’aise.  

24 heures !  

Alpha n’était pas rentré.

*Pas grave ! Il va revenir !*

Un Ayerling tenait toujours sa parole. En l’attendant, Isabel lut quelques manuels emportés, vaqua aux petites tâches ménagères, dormit, rêva, fit le point.  

Impossible de se mentir à elle-même, elle aimait encore Alpha, beaucoup, sinon plus qu’avant.

Elle avait souffert à cause de lui mais, curieusement, sa rancœur s’était estompée. Cependant… Pouvait-elle tout pardonner ? La déception l’avait anéantie. Elle n’était pas prête à en risquer une seconde avant que…

*Que quoi ? Tu veux des preuves ? Lesquelles ? *

Elle tournait en rond, égarée, perdue entre désirs, morale et attaches.  

La seconde briquette bien entamée, Artémis feula.

Quelqu’un approche ?

Poils hérissés, l’hybride ne semblait attendre qu’un signe d’elle.

*Elle n’agirait pas ainsi s’il s’agissait d’Alpha…*Vas-y !

Le fauve sortit en courant.

N’osant pas approcher de l’entrée sous peine d’être transformée en statue de glace, Isabel poireauta des minutes interminables.  Puis, enfin, un cri !

… Ici, je suis ici ! répondit-elle à l’appel de son nom.

Un instant plus tard, une étreinte à couper le souffle la suffoqua : Alpha !

Mon chéri ! Je commençais à… mais ( elle se recula car ses doigts venaient de rencontrer une matière poisseuse) C’est... du sang ? Tu es blessé ?

Il ne l’était pas. En retrait se tenaient Achille et un inconnu.

Elle ne put résister à appliquer deux baisers aux joues râpeuses du Grec puis dévisagea l’étranger. On le lui présenta comme étant Gaspard, sujet du roi Henri IV.

Je suis ravie que tu sois là, Achille. Je suppose que les autres vont bien. Ils sont au château ? Mais je manque à tous mes devoirs ! Vous avez l’air crevé. Asseyez-vous, un café ça vous dit ?  

Autour du feu sans fumée, une étrange histoire se narra. Malgré qu’Isabel touillait une tambouille, elle ne rata pas une miette des récits.

Mis en route à l’aube avec Louis e deux autres, ils avaient été contraints de se séparer en chemin. Le sang qui les maculait n’appartenait à aucun d’eux mais à un quatrième « garde » qui leur avait joué un tour de cochon :

… je comprends, murmura Isabel. La perte des jumelles vous a retardé…

Ils avaient tourné en rond des heures durant dans la tourmente. Il s’en était fallu de peu pour qu’Achille soit occis par un poignard traitre. Sans l’intervention d’Artémis…

Il était devenu fou ? demanda la jeune femme avant de constater l’absence de l’hybride.

Les révélations suivantes amenèrent des larmes sous ses paupières. Morte ? Artémis était morte ?

Impossible ! s’étrangla-t-elle… Je sais ce que je dis, Alpha ! Oui, d’accord, tu l’as vue s’enfumer mais je sais que c’est faux ! Elle... elle va revenir, ELLE DOIT REVENIR !

Un Jack joyeux vint lui lécher le visage, ramenant couleurs et sourire.

Il neige encore dru. Sans les jumelles, on se perdra… Louis est plus débrouillard que tu ne le crois, Achille. On le retrouvera demain !  

Bientôt, tous les hommes ronflèrent près du feu. Isabel qui n’avait aucun besoin de sommeil après en avoir tant écrasé, enfila la combinaison thermique apportée par son mari et sortit.

Les éléphants allaient bien, ils la fêtèrent à leur façon et ils « parlèrent » longuement.

Complètement rassurée, Isabel gagna enfin les bras de son chéri.  

Au petit jour, un ciel serein s’éclaira. Achille et Gaspard tirèrent un drôle de nez quand Snow  ploya l’échine pour les recevoir sur son dos.

Ça marche beaucoup plus vite qu’on ne le penserait, assura Isabel en fixant avec maîtrise les bagages aux flancs de ses amis. La neige ne posera aucun souci.

Répondant à ses sollicitations gutturales, l’équipage se mit en branle.

La vitesse moyenne d’un pachyderme en savane était de 40 Km/h. L’épaisse couche de poudreuse les freina mais en un rien de temps, se fiant au flair de Jack, ils rallièrent l’endroit où sa majesté Louis devait les attendre. Ho, là, là ! Il n’était pas glorieux, le roi-soleil.

En s’y mettant tous, le loup à l’appui, on put le ranimer, réchauffer, faire parler.  

Ainsi, ses compagnons l’avaient abandonné… Vu les regards échangés entre Alpha et le Grec, Isabel flaira l’embrouille. Gaspard semblait hagard.

L’Ayerling prit Louis en croupe sur Théo… Pas le meilleur choix vu l’indocilité du grand mâle mais…

En plein jour dégagé, le château sembla écrasant à Isabel. Une foule nombreuse salua leur arrivée, assez spectaculaire, il est vrai. Voir trois éléphants, c’est pas donné tous les jours !

La chaleur de l’accueil réjouit la jeune femme qui pleura presque dans les bras de Sissi à qui elle devait tant. Pas le temps de dire ouf, Isabel fut entraînée dans ses appartements où elle put discourir avec ses amies, en toute intimité. Force fut de donner divers détails sur son épopée, et celle d’Alpha :

… On s’est retrouvé, oui… Pas comme avant mais ça va, ça va bien, je vous jure. Qu’en est-il d’Amelia ? J’ai su qu’elle…

On la rassura avec modération. L’aviatrice reprenait du poil de la bête, des réparations étaient en cours.

… Ah… Encore ce ballon… Non, Hélène, je n’y suis plus opposée. Si Alpha y tient, j’y participerai aussi.  

Le soir fut très festif. En d’autres circonstances, Isabel aurait apprécié ces vins, ces mets, l’ambiance. Sauf que…

Un regard ici, un murmure là, une œillade vicelarde sur son corsage, qu’est-ce que cela signifiait ?

La cour du roi Henri lui parut… bizarre.  

Enfin seule avec son mari, Isabel dut déployer de la finesse et de la détermination afin de faire causer son sauveur qui ne pensait qu’à roupiller :

S’il-te-plaît, mon chéri, dis-moi ce qui se passe ici... Un jeu ? tiqua-t-elle. Drôle de jeu, à mon sens !... Quoi ? Répète ! Tu as promis de…

Yeux arrondis, elle capta le marché conclu avec le roi Henri. Elle secoua la tête, navrée :

Tu t’es fait avoir !... Tu n’es pas encore assez humain, Alpha ! La roublardise peut se cacher sous n’importe quel dehors ! Henri t’a à sa botte maintenant !  

Il marmonna une dénégation et, selon un procédé qui n’appartenait qu’à lui, se déconnecta du monde réel.  

Elle n’avait toujours pas sommeil !

*J’ai sans doute trop d’avance…*

N’empêche que se retourner sans arrêt en gambergeant à n’importe quoi usait ses nerfs.  

Force fut de se lever, se vêtir et descendre. Avec un peu de chance, elle trouverait un chocolat chaud ? La cantine paraissait nantie de tout.

Flanquée de Jack, elle ne se perdit pas dans le dédale de couloirs. Un marmiton ensommeillé lui accorda sa boisson avant de rejoindre Morphée. Mousseux et savoureux, le chocolat se dégusta à petites gorgées gourmandes tout en regagnant ses pénates. Au détour d’un corridor : Amelia !

Figées tant l’une que l’autre, les jeunes femmes s’entreregardèrent en silence. Leur nature différente, opinions, actes :  tout les opposait depuis longtemps. Dans un défilé infernal d’idées en pagailles, Isabel revécut les affres subies, l’indifférence, la rancœur de l’aviatrice. Lui sauter sur le râble, lui arracher les yeux pour qu’elle demande grâce ? … À quoi bon ? Isabel avait dépassé ce stade d’instincts primaires. De là à pardonner… il n’y avait qu’un pas.

Elles s’élancèrent l’une vers l’autre mais l’observateur ou observatrice qui attendait une rixe en fut pour ses frais.  

Pleurs, rires mêlés, aveux, suppliques. Dans les bras l’une de l’autre, les deux jeunes femmes firent leur mea culpa :

Je n’aurais jamais dû saboter… Je comprends… non, ce n’est pas de ta faute, c’est de la mienne… Suis contente que tu ailles bien, vraiment…

Le marmiton en fut quitte de son somme par une autre tournée de douceurs pour que les jeunes femmes puissent échanger leurs impressions en toute quiétude.  

… je sais, ça peut paraître idiot mais je l’aime tellement… Impossible de ne pas lui pardonner… Non, je t’assure, je ne t’en veux plus, les conditions me désignaient coupables... Alors, vous réparez ? … si, si, je veux en être cette fois. Alpha y tient toujours. Il n’est plus pareil, sais-tu… Il est…

Difficiles à décrire ces changements.  Amelia finit par lui souhaiter bonne nuit, il était aux alentours de trois heures du matin.

Devait-elle réclamer une potion à Léontine ? Le besoin de sommeil semblait l’avoir quittée pour de bon.  

Histoire de s’occuper sans encore déranger le marmiton, Isabel laissa Jack la guider à son gré.

Près d’une porte, des cris ! Affolée, prête à donner l’alerte, Isabel se concentra.

*Oh ! C’est pas de la douleur…* pouffa-t-elle pour elle-même.

Apparemment, la reine Claire aimait la « chose »… Pas avec Henri puisqu’elle l’avait vu, ivre mort, en bas…  

Ce n’était pas ses oignons tant qu’il ne s’agissait pas d’Alpha.

Un peu plus loin, elle découvrit la bibliothèque. Quelqu’un y veillait à la lueur d’une veilleuse électrifiée. Il sursauta à son entrée :

Que faites-vous encore debout à cette heure, madame ?

Je vous retourne la question, messire... ?

Anselme Quinquenpoix…  bibliothécaire…

Que lisez-vous de beau avec tant d’application ?

Il referma le livre trop vivement au goût d’Isabel et bredouilla :

Rien de spécial… une œuvre assez récente… Vous désirez de la lecture ? Je puis vous conseiller..

Isabel fit mine de gober le laïus du bonhomme, accepta un roman à l’eau de rose, et vida les lieux jusqu’au rideau suivant où elle attendit que l’autre sorte.

Anselme parti, elle réinvestit la bibliothèque, y reconnut la reliure de l’ouvrage consulté et s’y plongea.  Le titre était alléchant : les résurrections au fil du fleuve…

Les journées s’égrenèrent sans heurts... ou presque. Isabel partagea son temps entre rafistolage du ballon, surtout de sa nacelle détruite dans un impact terrible, soins aux éléphants que nul n’osait approcher à part l’Ayerling, papotage ( idiots) de la cour, et lectures.  

Tant de nuits sans sommeil auraient dû la rendre folle à lier, mais non. Cet élémentaire besoin semblait l’avoir désertée à jamais. Point de cernes ni de fatigue, une énergie inconnue la guidait sans cesse.  Plus te temps passait, plus Isabel se forgea une opinion assez… dérangeante sur la cour et ses dessous. Claire et Henri : façade, mascarade ! Quelque chose se tramait mais quoi ? Elle eut beau tendre l’oreille, elle ne releva rien de primordial.  

Ses heures passées à la bibliothèque la convainquirent définitivement quant à un grand, un énorme secret déjà pressenti : a mort n’existait plus !!

Tôt ou tard, elle escomptait en discuter avec les autres. Malheureusement, la vie de la cour empêchait bien des confidences.  

Henri se prit une poêle à frire sur la tête quand il eut l’outrecuidance de lui pincer les fesses en cuisine. Ce type était intenable quand il s’agissait de jupon. Mais, outre ces quelques frasques, des questions plus sérieuses retinrent son attention.

Elle était au chantier ce jour-là. Richard, un bloc de feuilles en main, inspectait les travaux. Un éclat aveugla un court instant l’œil d’Isabel qui tressait les cordages en hauteur. Elle vit l’énorme poulie chuter et Burton juste en dessous. Sans son cri...  Elle en trembla longtemps. On lui rapporta l’hospitalisation d’Achille qu’un carreau d’arbalète avait transpercé… Louis passa une journée aux latrines, Alpha subit une forte fièvre deux jours...

Ces événements, ajouté à cette étrange absence de sommeil, lui fit « imaginer » ( ?) bien des choses.

Achille, l’attrapa-t-elle un matin, tout cela n’est pas normal !... mais non voyons ! Je ne veux rien ralentir, je constate que…

Plus tard :

Hélène, je ne suis pas folle ! On en veux à nos hommes ! … Quoi ? Je participe, tu ne le vois pas ?

En désespoir de cause, elle caressa les blonds cheveux de son mari :

Alpha, il se passe des choses ici… dormir ? qu’est-ce que ça a à voir ?... euh… depuis la perte d’Artémis… Tsang m’a dit que c’était possible et j’ai lu que…

Nul ne voulait l’écouter vraiment.  On lui prescrivit des calmants.  

Tout à une fin, même ce fichu hiver et les restaurations du ballon. Le « Liberty » était paré à l’envol.

Pour Isabel, cela signifiait beaucoup. L’acceptation des désirs de son mari, l’abandon des animaux qui l’avaient tant aidée à surmonter une cruelle étape de sa seconde vie.  

Henri avait mis les petits plats dans les grands, Louis y avait contribué largement. Tout était délicieux mais… Le cœur d’isabel saignait.

Elle quitta le banquet en pressant la main de son mari :

Je n’en ai pas pour longtemps. Je dois encore leur expliquer…

Sous l’auvent bâti pour eux, les éléphants barrirent doucement à son approche :

Noy, ma douce ! Théo mon beau, chère Snow… Demain à l’aube, nous, les humains, nous nous envolerons… Je vous vais déjà avertis… Répète, Noy ?

L’un après l’autre les pachydermes lui tinrent un curieux discours.

Elle tentait de le capter entièrement quand Alpha arriva à ses côtés. Il semblait compatir.

Dans ses bras, elle soupira :

Ils  sont très nerveux. Ils n’ont pas l’air d’accord…

Soudain, Théo trompeta, aussitôt imité par les femelles. Quinze hommes armés surgirent. Isabel se sentit soulevée à bras le corps tandis que son époux se défendait avec fureur. On la piqua, elle hurla, se défendant des ongles, des dents, ruant, jurant à tout va.

Tu te calmes ou ils y passent tous, dit un soldat en plaçant le fil d’un couteau sur la gorge d’un Alpha comateux.

Ok ! soupira-t-elle. Je me rends. *Tu parles !*

Elle émit quelques cliquetis de sa gorge et les éléphants rompirent leurs chaînes. Théo leva son énorme patte vers la tête de celui qui menaçait Alpha. Des arbalètes se détendirent :

Fuis ! Fuis Théo ! On se retrouvera !  

On la sépara de son mari, l’entraînant vers la nacelle déjà bien occupée. Dans un coin, Sissi et Hélène écrasaient.

DORS ! intima Claire en lui injectant elle-même une forte dose de somnifère.

*Compte-la-dessus, bois de l’eau claire… Claire !*

Jouer le « jeu » ? Mieux valait. Isabelle ferma les paupières.

Elle ne rata cependant rien des manœuvres de l’équipage inattendu du « Liberty ».

*Quels idiots ! Voler un ballon dont ils ignorent le comment du fonctionnement…*

Pourtant, après bien des manœuvres, essais, jurons, les amarres furent larguées.

HÉLÈNE ! HÉLÈNE !...

Les cris de Louis se perdirent de loin en loin.

Faire semblant de roupiller à poings fermés énervait Isabel. Néanmoins, cette posture d’évaporée lui permit d’étudier la situation. Plusieurs choses se dégagèrent des discussions captées ici ou là.

Bien que Claire ait peaufiné son plan d’action, elle avait négligé nombre d’éléments.  

Elle avait enlevé Isabel parce que, se méfiant de l’Ayerling, elle jugeait qu’il n’oserait pas les freiner avec elle à bord, sinon elle se serait contentée des reines auxquelles elle réservait un sort immonde.  

Lorsque l’on sera assez loin, on jette Kittredge par-dessus bord ! Mais j’aimerais beaucoup voir comment tu t’y prends avec les deux autres, mon chéri. Tu veux laquelle ? … Oui ! Laissons Nos amis s’amuser d’abord !

Un baquet d’eau glacée se déversa sur les captives.

Le cœur d’Isabel rata des battements. À peine réveillées, les jeunes femmes virent leur corsage arraché. Des rires grossiers fusèrent devant les vaines tentatives de pudeur. Sissi releva le menton, cinglante dans ses propos. Hélène ne mâcha pas ses mots. Loin d’être impressionnés, les hommes exhibèrent leurs attributs gonflés.

J’attends ça depuis des semaines, bava Claire. Vous allez ramper, me lécher les pieds, sinon…

Sinon quoi ? renâcla Isabel. Derrière ton masque, tu crèves de trouilles avec raison, Claire. Tu crèveras bientôt, nous non !  

Ignorant Claire et ses sbires, elle agrippa les mains des autres femmes les implorant :

Ayez confiance, la mort n’est pas une fin !

Basculant en arrière, Isabel entraîna Hélène et Sissi dans sa vertigineuse chute vers l’oubli…
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Alpha 247

Alpha 247


Messages : 433
Date d'inscription : 28/01/2013

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MessageSujet: Re: Fin ou début?    Fin ou début?  - Page 2 EmptyVen 19 Juil - 19:19

Tu t’es fait avoir !... Tu n’es pas encore assez humain, Alpha ! La roublardise peut se cacher sous n’importe quel dehors !

Voilà qui résumait tout. L’exacte mesure. Lapidaire. Ni plus ni moins. Jaugé, jugé et défini. Humanité incomplète.  Ce n’était pas spécialement réjouissant mais il ne chercha pas à discuter ni à essayer de la faire changer d’avis.  À quoi bon ? Isabel avait décidé que c’était ainsi, rien ni personne ne la convaincrait du contraire, ni s’aventurerait à essayer. Pas lui, en tout cas.

Il avait bravé tous les obstacles pour la retrouver, la ramener à port sûr, entre d’autres jugés, sans aucun doute, parfaitement humains et dignes de la faire se sentir rassurée. Elle avait retrouvé ses amies, et reprendrait une vie en société civilisée. Retour à une confortable normalité. C’était de cette chaleur humaine dont elle avait besoin. Son unique devoir, à lui, n’était que de veiller. Il était le gardien d’Isabel. Aussi fidèle et dévoué que l’avait été Artémis, que l’étaient les éléphants et comme tel ne devait s’attendre à plus qu’à ce qu’elle voudrait donner.  Un baiser, une caresse, la faveur de dormir à ses côtés, même s’il se doutait que ce n’était que parce que cela la rassurait.

Soit. Une vie au service de la Fédération trempe le caractère et renforce au-delà de tout, la maîtrise de soi. Alpha était passé maître en l’art depuis très longtemps.

La vie à la cour n’était pas aussi plaisante qu’on aurait voulu le croire. Intrigues par, embrouilles par là. Alpha passait outre les unes et les autres sans aucun souci. Le Roi exigeait de lui qu’il s’acquitte de sa dette, il le fit, facilement, faisant remarquer à sa Majesté qu’il n’était aucun scientifique venu du futur mais un soldat sans autre connaissance que celle de tuer savamment son prochain. Il passa à être instructeur  de la garde royale. La reine Claire lui faisait du charme ? Il passa, à ses yeux, comme le dernier des goujats mais en fait, il ne s’était même pas rendu compte de son manège, jusqu’á ce que Louis, très avisé, le mette au parfum. Et ainsi de suite. Amelia, remise de sa longue prostration, reprit en main la reconstruction du ballon. Quoi de plus normal qu’y prêter sa science ? Au moins de ce côté-là, Isabel semblait avoir accepté le fait allant jusqu’à aider de bon cœur. Que sa « femme » souffrait d’insomnie ? Alpha n’avait pas moyen de le savoir, vu qu’une fois dans leurs appartements la seule chose qui lui restait à faire était de se déconnecter carrément et prendre un bien mérité repos. Ce fut Sissi qui le mit au courant de ce manque de sommeil, somme toute préoccupant. Il en toucha deux mots à Isabel lors d’une conversation nocturne, juste avant de sombrer dans ses limbes bienheureux. Il n’y pensa plus. Il s’en voudrait à mort, mais ça viendrait après…

On le secouait. On lui donnait des claques, on le bassinait d’eau froide. Imprécations, angoisse palpable… Revenir du trou qui l’avait englouti prit un moment, pour se trouver face à face avec Louis et Achille, décomposés. La raison était plus que valable. Le souvenir de la veille, à l’enclos des éléphants, lui revint, cinglant comme coup de fouet. Ses plaies et bosses témoignaient de la rudesse des faits.
Et puis ça ! Le Liberty s’élevant à grande vitesse, au-delà de tout effort pour s’en saisir. À bord, les traîtres et leurs otages : Isabel, Sissi et Hélène.

Défait et impuissant.  Le monde basculait, pour lui. En cet instant, il ne pouvait que penser à lui, à cette douleur énorme qui allait l’étouffer.  C’était ça, sa vie, la retrouver pour la perdre de nouveau ? Peut-être n’était-il pas assez humain pour beaucoup de choses, mais cela suffisait amplement pour souffrir.  Cela dura à peine quelques minutes.  Amelia, prompte était allée quérir le dispositif de sécurité.  Précis, il activa le petit boîtier d’apparence inoffensive et étudia les données affichées sur l’écran. Ce n’est alors qu’il réalisa être observé par tous ceux réunis là, le roi Henri, écumant de rage,  entre eux. Amelia donnait des explications.

D’ici un moment, le ballon commencera à perdre altitude et se posera…bien sûr, la distance à laquelle il le fera dépendra des courants…Nous savons quelle direction ils ont pris…en tenant compte du vent…
 
J’ai les coordonnées de vol. Le vent souffle Nord-Nord-Ouest à  12km/h, annonça l’Ayerling, impassible, temps de se mettre en route. Il nous faut vos plus rapides coursiers, Sire, maintenant !

Henri réagit au quart de tout, gueulant des ordres à tout azimut. Moins de dix minutes plus tard ils quittaient le château, fonçant à bride abattue dans la direction signalée par l’Ayerling.

Le Roi était de la battue, après l’artifice du méfait n’étant autre que sa femme Claire, il comptait régler personnellement l’affaire.

Comme prévu, le ballon s’était posé en douceur, au grand dam des aéronautes en herbe qui ne savaient plus que faire. Claire, hors d’elle, hurlait des ordres qu’aucun des hommes présents ne pouvait acquitter. Au tohubohu régnant se mêla la panique en voyant arriver sur eux la troupe lancée à leurs trousses.

Tu avais dit qu’ils ne pourraient jamais nous retrouver !, clamait son favori, éperdu.
 
Que pouvais-je savoir de leur maudit engin !, siffla t’elle, grise de terreur, Henri est avec eux…et ce démon du futur…et les autres !
 
Les autres démons déchaînés, si on tenait compte de leur expression d’inénarrable férocité en arrivant près de l’engin.  Résister, ne fusse que pour sauver l’honneur, s’il en restait quelque peu. Tous tirèrent leurs armes.
 
Inutile de résister, beugla Henri, tu es prise à ton propre piège, Claire ! Rends les femmes et tu auras la vie sauve !
 
En cet instant précis, Alpha sut que quelque chose allait mal. Très mal. Si Isabel avait été là, elle se serait déjà manifestée de la façon qui soit. Il voulut garder néanmoins l’espoir qu’elle, comme Sissi et Hélène, se trouvait à l’intérieur de la nacelle, sans doute inconsciente.
 
Où sont nos femmes ?
 
Une houle de panique très perceptible agita les rangs des fuyards.  Les armes se baissèrent, alors que Louis et Achille se frayaient passage à bord, sans rencontrer aucune résistance. Leur fouille ne fut pas longue, la désolation la plus extrême se lisait sur leurs visages en ressortant. Le sang de l’Ayerling ne fit qu’un tour. En un bond, il fut sur Michel de Tourvieille, le grand favori de Madame et le prit au collet.
 
Où sont-elles ?
 
Affolée, la Reine essaya de biaiser, assurant qu’ils les avaient déposées peu après leur fuite. Le ricanement de l’Ayerling  la cloua sur place, tremblant de tous ses membres.

Aucun d’entre vous n’aurait pu manipuler le ballon pour le faire descendre !
 
Elles ont sauté ! Elles ont sauté !, hurla de Tourvieille, blême d'épouvanteelles voulaient échapper à la vindicte de Claire…
 
Les entrelacs de la nature humaine lui échappaient. Isabel avait raison.  Trahir, tromper, mentir, intriguer…Trop. Il ne connaissait qu’une loi. La loyauté à toute épreuve.  Il lui sembla entendre le hurlement de Louis, le rugissement d’Achille, la colère du roi. Il ne sentit qu’un besoin : éradication de l’espèce nuisible. Il brisa le cou de Tourvieille en un tour de main.
 
Il se fallut de l’intervention musclée d’Achille et Richard pour l’empêcher de massacrer tout seul le reste.  La mort du favori sembla galvaniser quelque courage honorable chez les fuyards, animés par les glapissements de la Reine déchaînée de haine.  La résistance présentée donna lieu à un règlement de comptes  sans merci. Henri ne fit pas grâce à sa femme. Ce fut apparemment sans aucun émoi, qu’il vit son cadavre s’évaporer comme les autres. 

Veillée funèbre. On lui expliqua qu’il s’agissait d’une vieille coutume, qu’il trouva aberrante. Isabel était morte. Son corps s’était évaporé. Il ne restait d’elle que des souvenirs. Il n’y avait rien à veiller.  Achille et Louis, plus rompus que lui aux étranges coutumes de l’humanité, n’en menaient pas large quoiqu’il en soit. Ils étaient affreusement abattus. Le Grec, stoïque, le Quatorzième du nom, plus émotif. Richard, que le chagrin rendait bourru n’essayait de consoler personne. Amelia s’efforçait d’être à la hauteur mais pleurait souvent. Tsang départant de son incommensurable  joie de vivre et se montrait franchement abattu. Léontine ne faisait aucun secret de ses sentiments. Lui, se sentait vide, ineffablement vide.

Boire faisait apparemment partie du rituel. Peut-être une façon, assez stupide à son avis, de prendre courage pour entamer le deuil ? Amelia, compatissante, lui tint compagnie un moment avant que le regard de Richard perde le peu d’affabilité qui pouvait lui rester.

T’en fais pas pour moi…j’assume !
 
C’est ce qu’on attendait de lui-même si en ce moment, l’Ayerling n’avait pas la moindre idée de comment s’y prendre.  Personne ne trouva rien à redire quand, flanqué de son loup gris, Alpha quitta la réunion de plus en plus bruyante. Il en parcourut des corridors déserts sans se trouver le courage de gagner les appartements partagés avec Isabel jusqu’à la veille.  Le poids de cette perte finit par avoir raison de lui et de sa légendaire maîtrise. Il s’affala dans un coin sombre et sans plus de témoin que Jack, donna libre cours au chagrin. Il aurait voulu ne pas sentir, se trouvant à maudire le jour où Tsang avait ôté l’inhibiteur de sa tête. Là, perclus de douleur, l’évocation du si court bonheur en commun avec Isabel, l’accabla au-delà de tout précepte ou schéma établi.

Anselme Quinquempoix n’avait pas l’habitude de se joindre à la cour. D’une part parce qu’il était de nature réservée et d’autre parce qu’il méprisait ce genre de vie dissolu. Il était reconnaissant au Roi Henri de l’avoir accueilli au sein de sa communauté et de lui permettre de s’occuper de la bibliothèque royale qu’il enrichissait de ses propres recherches. Cela faisait plus de dix ans  depuis son arrivée, perdu et déboussolé après s’être retrouvé, nu et isolé en pleine nature. Sûr d’être bel et bien mort, pour la seconde fois depuis sa première résurrection aux abords du grand Fleuve. Le fait était digne d’étude, surtout après avoir entendu, de ci, de là, certaines anecdotes qui corroboraient son idée : on ne meurt pas deux fois. Il avait certes, comme tout le monde, assisté à l’évaporation des « cadavres » que ce soit après rixe, guerre ou simple accident. Que devenait-on après une seconde  « mort »…ou une troisième, si pas de chance ? La réponse était apparemment simple : on revenait ailleurs. Dans les mêmes conditions qu’au premier début, pour affronter un nouveau commencement.

Son isolement volontaire ne l’exemptait pas d’être au courant des menus faits de la vie au château. La nouvelle du jour l’avait certes commotionné, comme à tous. Les méfaits de la Reine n’étaient secret pour personne mais qu’elle ait eu l’audace de les mener si loin avait de quoi remuer une âme sensible, comme la sienne. Il avait élevé une prière pour ses victimes, surtout pour celle qu’il avait fini par si bien connaître : la douce Isabel, si avide lectrice, si intéressée par son idée de renaissance perpétuelle.

Des longs sanglots étouffés. Anselme s’arrêta cherchant à savoir d’où venait le son.  Il ne tarda pas à découvrir ce grand bonhomme blond, pleurant à vous en déchirer le cœur, la tête enfouie dans le puissant cou d’un grand loup gris.

Seigneur…le loup d’Isabel…seriez-vous… ?
 
Ces mots surpris atteignirent l’homme en détresse qui releva vivement la tête et essuya maladroitement ses larmes.
 
Je suis…désolé…j’ai appris que…

Isabel est morte. Vous la connaissiez ?
 
En voilà un qui reprenait vite ses esprits. En le voyant se redresser, le bibliothécaire fut tenté de prendre les jambes à son cou. Debout, l’homme était imposant et il était tout simplement un trouillard.
 
Je…oui…c’est-à-dire…que…euh…
 
Vous n’avez rien à craindre, je ne vais rien vous faire. Isabel était ma femme.
 
Anselme fut à point de se signer. Le guerrier du futur. Il avait ineffablement entendu parler de lui et de ses faits mais pour le moment, guerrier ou pas, l’autre n’était qu’un homme accablé de souffrance. Se donnant un peu de contenance, Quinquempoix parla.
 
Elle passait des longues heures à la bibliothèque. Lisait énormément…s’intéressant à tout…

C’était bien Isabel, ça ! Il n’avait jamais réussi à l’intéresser autant que ses fichus bouquins.
 
On parlait beaucoup aussi, ajouta Anselme, c’était la jeune femme la plus charmante, la plus douce que j’ai rencontrée…
 
*Tu ne l’as connue qu’à moitié…*
 
Mais déjà rassuré par sa passivité apparente, Anselme continuait de parler. Il ne devait pas avoir l’occasion de la faire souvent. Quel flot intarissable. Mais c’était toujours mieux que se morfondre dans son solitaire chagrin. Alpha écouta poliment. Et il en dit des choses, M. Quinquempoix, qui jugeant le coin inconfortable l’avait invité à visiter son antre. Faute de mieux, l’Ayerling suivit le mouvement, Jack avec.

…l’ouvrage l’intéressait énormément…elle lisait et relisait certains passages, posait tant de questions…le sujet me tient à cœur…après tout, c’est moi qui l’ai écrit…

Alpha, qui avait laissé son esprit dériver  prêtait depuis un moment grande attention aux mots de l’érudit.
 
Comme quoi vous soutenez qu’on ne meurt pas deux fois…qu’on va ailleurs…quelque part par-là, en ce même monde ?
 
Exact. Vous avez saisi. L’idée émerveillait Isabel.  Oh, ce n’est pas une simple idée en l’air…j’en ai fait l’expérience...et ne suis pas le seul, ajouta-t’il en ton de confidence.

Dites-m’en plus !
 
La nuit y passa. Les premières  lueurs d’un nouveau jour les trouvèrent encore, l’un à parler, l’autre à écouter.

Oui, récapitula Anselme,  la possibilité demeure…mais…
 
Je connais les mais…Je vous remercie, Anselme.
 
Vous…vous allez…la chercher ?, s’ahurit-il.

Un Ayerling n’abandonne jamais sa mission.
 
Un groupe triste  essayait de s’animer autour d’un somptueux petit déjeuner quand Alpha déboula  en scène, l’air beaucoup plus rasséréné que ne le permet la bienséance pour un veuf de si fraîche date.

Nous devons partir…là, de suite…

On le regarda comme craignant que le chagrin lui ait égaré l’esprit mais, avec une volubilité qu’on ne lui connaissait pas, Alpha rapporta sa longue conversation avec Quinquempoix.  On ne pensa pas moins qu’il était tombé sur la tête, lui donnant alors l’opportunité de citer certains exemples.

Vous pouvez aller demander…mais ce sera perte de temps. Je vais chercher les éléphants, préparez le ballon…Je sais Louis, improbable qu’elles soient ensemble…peut-être même qu’on ne trouvera aucune des trois mais que veux-tu…rester ici et moisir en attendant ou  te suicider pour tenter ta chance ?...Tout sera préférable à rester ici…
 
Achille se rangea de son avis. Richard et Amelia n’hésitèrent pas, de même que Tsang et Léontine.  Louis rouspéta pour la forme mais finalement il était le plus pressé de vider les lieux. Le roi Henri ne fut qu’à moitié surpris de cette décision, leur demanda de réfléchir un peu mais  ils demeurèrent inflexibles, il mit alors à leur disposition  tout ce dont ils auraient besoin pour équiper l’expédition.

À l’aube du troisième jour, le Liberty reprit son envol et le cortège des trois pachydermes s’ébranla…
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Isabel Kittredge

Isabel Kittredge


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Fin ou début?  - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Fin ou début?    Fin ou début?  - Page 2 EmptySam 20 Juil - 23:28

Impossible de ne pas crier pendant la descente.

*Raison, tort, raison, tort ? J’AI RAISON !*

Ses paupières battirent et s’ouvrirent sur le bleu du ciel. Un vent doux caressait son corps nu.


*Ça a marché !*

Comme escompté, Isabel revivait à nouveau. Aucune douleur, juste du bien-être. Son autre supposition avait-elle fonctionné ? Un peu craintive, elle jeta un œil autour d’elle en se levant sur un coude pour aussitôt, un grand sourire aux lèvres, retomber au sol. Oui, elles étaient là, toutes les deux, aussi nues qu’elle :

Merci, cria-t-elle au ciel. Merci !


Son cri provoqua une réaction chez les deux dormeuses qui s’éveillèrent à leur tour.
Pour un peu, elles auraient dansé une ronde endiablée mais la pudeur exigeait qu’elles se vêtent un minimum. Par un hasard( ?) monumental elles virent une Pierre à proximité. Une à une elles s’émerveillèrent de l’endroit qu’elles parcourent en toute paix jusqu’au moment où l’abattement prit le dessus. Laquelle des deux reines versa la première larme importa peu. Isabel sentit aussi sa gorge se nouer. Toutes étaient maintenant séparées de leur époux à une distance et pour un temps indéterminés. Par veine, aucune n’accabla Isabel de reproches quant à sa décision de sauter par-dessus bord.


On… on parlera de tout cela plus tard. Nous devons retourner prier pour obtenir abris et nourriture.

Lorsque le soir tomba, elles étaient parées sauf qu’elles hésitaient à allumer un feu.
En défense, elles n’avaient que les arcs et flèches faits sur place avec les moyens du bord. C’était assez frustrant quand, depuis très longtemps, on s’était habitué à avoir des instruments performants, notamment en os de Houle.


Tu nous trouveras peut-être un nouveau squelette, Sissi ?

La petite prospection des environs immédiats n’avait cependant rien révélé quant à la proximité du fleuve. On se rassura comme on put, en mangeant froid.
Le silence s’établit. La question d’Hélène ne prit pas Isabel de court car elle la suspectait ne pas tarder de la part de ses amies :


… Comment j’ai su ? ben… j’avoue m’en être convaincue d’après mes lectures à la bibliothèque au château et les dires du gardien de ces lieux. Anselme Quinquempoix a étudié, relevé certaines choses tendant à prouver qu’ici, de quelque façon que l’on meure, on renait systématiquement ailleurs. C’était un pari mais, reconnaissez que cela valait le coup, non ? j’ai entendu Claire ordonner de me balancer par-dessus bord dès que ses favoris nous auraient fait subir… ce que vous savez !

Sissi l’interrogea à son tour, l’embarrassant légèrement :

Je ne dors plus depuis… ( déglutition douloureuse) depuis qu’Artémis est morte. Je ne me l’explique pas mais j’ai encaissé ce coup dur car, déjà à ce moment, j’avais l’intime conviction que rien ne disparaît entièrement dans ce monde-ci. Elle est quelque part et… je compte sur son retour pour nous guider vers ceux que nous aimons.

On ne tarda pas en veines spéculations. Les reines goûtèrent un repos bien mérité. Isabel ne se plaignit pas de son insomnie permanente, au contraire.

*La continuité prouve que tout est pareil ! Alpha… je te connais. Tu me trouveras !*

De jour en jour, les jeunes femmes s’organisèrent. Lorsqu’elle avait été une recluse solitaire, Isabel avait découvert des facultés inusitées jusqu’alors : la communion avec nature et faune.
Les réflexes établis jouaient-ils ? Elle aurait juré que la salamandre croisée acceptait de garder un certain territoire. Les oiseaux et petits mammifères répondirent également à la surveillance désignée. Les filles purent se déplacer en toute impunité et réchauffer les aliments trouvés ou abattus par nécessité.
Les soirées autour d’une belle flambée ne manquaient pas de gaieté même si, parfois, une larme se versait.


… Combien de temps ? Qu’en sais-je Hélène ? Je suis persuadée que rester sur place est notre meilleur atout… M’enfin, bien sûr que oui, ils nous cherchent ! Vous les connaissez, non ?... Ah ? … Ben, j’espère qu’elle aura eu ce qu’elle méritait et ressuscitera dans un endroit épouvantable plein de sadiques, na !

De la part d’une bonne chrétienne, ces propos étaient peu charitables mais, après ce qu’elle avait enduré, Isabel vacillait dans sa foi en l’amour divin.
Évidemment, bourrelée de remords, elle passa sa nuit d’insomnie à implorer le pardon du tout puissant…


Les jours passèrent n’amenant rien d’autre que les tâches ordinaires d’une vie ordinaire.
Par mesure de précaution, pour avoir « goûté » à deux rudes hivers, Isabel déclencha une chasse systématique du gibier à fourrure. Cette pratique lui déplaisait pourtant au point qu’elle se risqua à demander à la Pierre un équipement digne d’un esquimau, et reçut un manteau en phoque et des raquettes. Sissi en eut un en hermine et Hélène qui ignorait tout de la neige, hérita … d’un parasol. De quoi les faire rigoler un peu.
Autant que possible, on évita d’évoquer les absents. Mais les soirées solitaires leur pesaient tant aux unes qu’autres. La journée, elles s’aventuraient séparément afin de pourvoir à leurs besoins nutritifs. La région, giboyeuse à souhait, les combla de même d’un magnifique petit lac alimenté par un ruisseau chantant.


*On a vraiment trop de bol ! * se disait parfois Isabel qui redoutait un peu le prix à payer pour tant de bienfaits.

Un jour, les dames crurent leur dernière heure venue avec l’apparition d’un fauve impressionnant. Les arcs se tendirent. Isabel ne pigeait pas. Aucune alarme n’avait retenti.

*Il ressemble à ma douce Artémis mais, ce n’est pas elle, ce serait plutôt un… lui… ? *


Elle vit Hélène se décomposer avant d’adopter un comportement étrange. Laissant tomber son arme, en criant un nom, elle se précipita à la rencontre du félin avec lequel elle roula joyeusement dans l’herbe.

Hermès ? Tu… Tu le connais, Hélène ?


Entre rires et pleurs la reine de Sparte donna à ses amies des explications qui n’en étaient pas vraiment. L’identification s’était faite spontanément, comme on se souvient d’un truc que l’on avait depuis longtemps sur le bout de la langue.
Mine de rien, Isabel se mit à scruter l’orée du bois mais, à sa grande déception, point d’Artémis à l’horizon.
Plus tard, l’énorme chat en travers les jambes, Hélène tenta de combler ses « trous ». Sissi avoua aussi des choses qui firent arrondir de surprise les yeux d’Isabel :

… Non ? Vraiment ? Chacune un hybride, Amelia aussi ?... et tout ça… en rêve ? Ben çà alors… ! Qu’est-ce que ça veut dire selon vous ?

Nulle ne le savait. Ce ne fut pas les hypothèses qui manquèrent, la plus plausible restant :

Vous n’en êtes pas à votre 1ère résurrection !

De quoi se lancer dans des théories, suppositions des plus fantaisistes.

La venue d’un hybride tigre-lion n’arrangea pas les problèmes d’insomnie d’Isabel pour autant. Quelque part, elle se sentait frustrée, à part, pour ne pas se rappeler quoique ce soit d’un éventuel séjour en ce monde-ci. Elle commençait à en avoir sérieusement marre de ne pas parvenir à se déconnecter de la réalité. Oui, elle reçut beaucoup de lecture de la Pierre, n’empêche que cette dernière n’en faisait qu’à sa tête en ne lui délivrant que les ouvrages de son choix très « personnel ». Qu’en avait-elle à cirer des mœurs des papous, des grillades d’insectes et autres fantaisies ?
Que fabriquait donc Alpha ? Vu sa panoplie de bidules, il n’avait pas encore découvert le moyen de les retracer ? Fallait-il bouger ?


*Non, non ! On a tout ce qu’il nous faut ici… sauf eux…*

Isabel pria beaucoup, cela l’aidait en dépit du bon sens, de la raison froide.

*Il me manque tellement ! Mon Dieu, faites qu’il ne lui soit rien arrivé !*

Elle craignait le pire : qu’il se soit suicidé avec l’espoir de la rejoindre. Si cela tombait, il errait ici ou là à des milliers de kilomètres !
L’éveil de ses amies lui changea les idées et fit taire, un peu, l’angoisse grandissante.

Ce cri !
Il faisait beau, rien ne menaçait, la nature calme et paisible accordait ses bienfaits quotidiens quand, soudain, il retentit.

*SISSI !*

Accourues vers la source sonore, ses amies virent une ex-impératrice, pâle comme un linceul, pointer du doigt quelque chose en formation au ras du sol à cinq mètres d’elle.

*Qu’est-ce que c’est que ça ? *

Hermès ne grondait pas, déjà ça. Floue puis se précisant une silhouette masculine se découpa :

Une résurrection ! clama Isabel prête à tirer.

Par réflexe, les autres bandèrent aussi leur arc.
Que faire d’autre ? Il s’agissait d’une intrusion inopinée. Avec ce qu’elles avaient vu auparavant sur les autochtones… Pas question de risquer une agression.


On va le renvoyer vite fait ! déclara Miss Kittredge qui, dès que l’homme se redressa, lâcha son trait probablement mortel si, au dernier moment, elle ne l’avait reconnu :

Oh, merde ! C’est… Richard ! Ô mon Dieu, pardon !


Elle bondit en avant, suivie des autres qui, heureusement, ne l’avaient pas imitée dans son tir, à moins que leurs flèches ne se soient perdues dans la nature.
Nu comme Adam, l’épaule transpercée de part en part, Burton riait pourtant.
Elle balbutia n’importe quoi en le soutenant tandis que les autres s’affairaient autour :


Je… je ne savais pas… Excuse-moi… euh… ça va ?

La question un peu idiote reçut sa réponse…
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