Gods Games
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Sommes-nous les jouets des dieux ?
Dans ce forum RP, des rencontres crues impossibles pourront avoir lieu
entre d'illustres ressuscités et des personnes de notre siècle

 
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 Stop and go! (fe)

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Neil Chesterfield

Neil Chesterfield


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MessageSujet: Stop and go! (fe)   Stop and go! (fe) EmptyMer 6 Fév - 21:12

Des vacances ? Cela faisait des années que Chesterfield ignorait ce mot. Il l’avait banni volontairement de ses tabloïdes pour prouver aux autres, et aussi à lui-même, qu’il était à la hauteur de l’empire financier hérité. La majorité avait tendance à le considérer comme un gosse pourri gâté, fils à papa, bon à rien d’autre qu’à dépenser le fric accumulé par son géniteur. Oui, c’était l’image commune qu’il n’avait pas démentie jusqu’alors. Au contraire, il avait alimenté pas mal de ragots à son encontre en affichant un profil de noceur notoire. Dieu sait pourtant qu’il avait été à dure école, que tout le reste n’était que du vent.
Dès qu’il prit les rênes du pouvoir, on sut à qui on avait affaire. On ne rigolait déjà pas du temps du père, on rigolerait encore moins avec celui du fils. Mais nul ne prétendrait que Neil Chesterfield se tournait les pouces.
Premier au bureau, dernier sorti… quand il n’y passait pas la nuit. Vacances : connais pas ! Relations sociales non plus, sauf les réunions obligées par le boulot.
Avec le rythme qu’il s’imposait, Chesterfield se ruinait doucement, mais sûrement, la santé.
Là, son anniversaire approchait à grands pas. Comme d’habitude, cette date ne compterait pas.
Sauf que ses administrateurs en avaient décidé autrement.
Quand il entra dans la salle de réunion où, en principe, il devait donner ses directives avant les congés de fêtes de fin d’année des employés, il eut la désagréable impression de tomber dans un piège.


*Ballons, serpentins ? Mais…*


Des « joyeux anniversaire » retentirent de l’assemblée applaudissant.

Vous vous trompez de date !
grinça-t-il prêt au repli.

Son ami de toujours, Phil Diamond, bloqua la porte :


On est en avance mais on tenait à t’offrir ton cadeau ce soir !


Vous savez que je n’aime pas…


On s’en fout, mon vieux ! Fini la bête carte signée par tous avec une bouteille de champ ! Cette année, nous avons décidé que tu te prendrais du bon temps !

Coincé, Neil ne put que recevoir sa carte d'anniversaire accompagnée d’un billet de 1ère classe VIP, à bord d’un certain Ocean ‘s Queen...


Dans le fond, son pote et les administrateurs avaient peut-être eu raison de l’obliger à se déconnecter des affaires du bureau.
C’est las et fourbu que Chesterfield prit possession de sa somptueuse suite sur le paquebot de luxe.
Une gracieuse hôtesse, tout sourire, l’y avait conduit, sinon il se serait perdu en chemin.
La cérémonie de l’appareillage ne l’intéressant nullement, il s’était approché du balcon pour y respirer. Sur celui d’à côté, une très belle jeune femme faisait de même. Effet de l’air marin ? Faim ? Une sorte de crampe à l’estomac lui coupa brièvement le souffle.

*T’as vraiment besoin de sommeil, mon vieux !*

Il la salua de la main et se retira vite pour s’écrouler sur son lit où il roupilla comme jamais depuis des années.
Sa première journée à bord s’écoula en douceur. Petit déjeuner tardif après jogging sur le pont et douche, Neil flâna au petit bonheur la chance. Il découvrit les boutiques, les diverses offres d’activités, la librairie… Il y passa un bon moment et, nantis de ses achats, s’installa sur une chaise-longue avec un roman qui ne tarda pas à l’endormir malgré un thème palpitant.
C’est à croire qu’il avait des années de sommeil en retard !
Retour en cabine, il fit une toilette complète et décida avoir grand faim.
Les restaurants de sa classe étaient, hélas, bondés à cette heure d’affluence.
Se déclasser ? Pourquoi pas ? Neil n’avait jamais dédaigné les fast-foods !
Au troisième pont, il trouva l’espéré. Certes, son nœud papillon dépareillait un peu, mais moins que le dos nu impossible à rater.
La plus gracieuse demoiselle du monde attendait son hamburger avec un flegme inaltérable.
Les quolibets, sifflets ou autres remarques ne semblaient pas l’atteindre.
Déglutissant d’audace, il osa :


Miss… Je crois judicieux de remonter…

Un quidam émit une remarque outrageante envers l’une et l’autre. Neil expira en se retournant :

Passe ton chemin ! T’es pas de taille !

Tout chavira l’instant suivant. Qui prit des baffes, qui en donna ? Le résultat fut un grand fou rire sur le pont des premières.
Avec difficulté dissimulée, Neil assuma ses douleurs costales :


Ben vous ! Votre direct est fracassant…


Elle le complimenta à sa façon… détachée. Elle avait toujours une faim inassouvie.

Au fait, je suis Neil Chesterfield de la Chestco. Même si ce nom ne vous dit rien, il n’en va peut-être pas de même pour tout le monde. On réessaye le grand resto ?

Ils rigolaient encore en se présentant devant la préposée aux réservations des tables. Cette fois, la file était beaucoup plus courte. Voulait-il épater la galerie ? Le pari était gros, en tout cas !
Il dépassa tout le monde et se planta devant l’hôtesse en posant un des papiers trouvés dans son « cadeau » :


Neil Chesterfield ! Ce bout de papier est-il ce que je pense ?

Tout à fait, Mr. Chesterfield.

Elle ne s’alarma, consultant son mini ordinateur :


La table 13 vient de se libérer. Vous pouvez y aller.

D’un claquement de doigts, elle appela un serveur qui guida le couple à travers la salle au grand désenchantement des convives en attente.
Le sourire rayonnant de Neil face à cette petite victoire s’effaça le temps de quelques battements de cils quand il croisa une belle jeune femme :


*Ma… voisine… ?*

Elle était très bien escortée, en tout cas !
Installés comme il se doit, le couple s’empara des menus. Feuilletant le sien, Neil s’enquit :


Par quoi commencer, Maya ? Puis-je utiliser votre prénom ou préférez-vous le formel Miss Clairborne ?
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Maya Clairborne

Maya Clairborne


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MessageSujet: Re: Stop and go! (fe)   Stop and go! (fe) EmptyVen 8 Fév - 21:01

Peu importaient les arguments ! Surtout si ceux-ci faisaient allusion à tradition familiale et autres mièvreries du genre. M. Charles Clairborne, fin diplomate, avait cru pouvoir circonvenir cet esprit fermé mais il était sans doute plus facile raisonner un cannibale sur les bienfaits de devenir végétarien qu’amener sa propre fille à d’idées plus conciliantes.

Bagages, plus nombreux que pour le commun des mortels, faits. Sourde à tout remords ou remontrance, Miss Clairborne avait, dans le plus exact sens de l’expression, pris le large. Son entrée en scène, à bord du géant des mers ne passa pas inaperçue, sans qu’elle fasse quoique ce soit dans l’expresse intention d’attirer l’attention, il suffisait de voir sa chevelure capturant la lumière ou sa démarche féline captivant les regards masculins, ébaubis ou ceux, analytiques et impitoyables, de la gent féminine. Escortée dûment par une cohorte asservie au devoir de convoyer son impressionnant barda, la miss parvint à sa suite où on plia encore l’échine pour deviner son suivant désir. Charmante, elle expédia tout le monde dehors, sauf la camériste qui, affolée, pressentit en avoir pour des heures jusqu’á laisser tout à sa place sans pour autant déranger cette splendeur dorée qui buvait du champagne, en prélassant son regard dès le balcon.
Elle se mêla à la foule joyeuse pour l’appareillage pour respirer, satisfaite et soulagée de pouvoir mettre une confortable distance avec tout ce qui la dérangeait. Entre inconnus, tout prenait d’autres couleurs, se vêtait d’autres loisirs, du moins c’est ce que Maya voulait croire. Jouant à être n’importe qui, elle flâna, oisive, sans plus de souci que voir défiler les heures en essayant de trouver plaisir aux choses simples de la vie, comme le reste de ce monde bruyant.

Le cocktail de bienvenue, offert par le Capitaine, lui sembla d’un ennui mortel après un moment à sourire et faire connaissance avec des gens qui ne signifieraient rien deux minutes plus tard. Bonsoir, au revoir. Elle fila , resplendissante comme un comète. D’où lui vint l’idée d’aller manger un hamburger-frites vêtue de Valentino ? Sans doute de l’envie d’en savourer une au fromage, full calories, avec des frites croquantes trempées dans du ketchup…Elle en avait l’eau à la bouche ! Impossible de trouver un fast food dans le même niveau que les fabuleux antres gourmet, réputés pour l’excellence de leur table et la riche élite qui pouvait les fréquenter. Elle mit un certain temps à trouver son bonheur au troisième niveau pour alors décor et concurrence avaient changé de ton et coloris.
Surtout le ton. Ambiance à la fête, loin de l’étiquette guindée du pont des 1eres. Classes, ici on était plutôt bruyants et déjantés. Tous là avaient travaillé dur pour se permettre un tel voyage et comptaient en tirer le meilleur parti. Maya, avançait, indifférente aux regards des uns, aux commentaires des autres. Il y avait foule au fast food. Un groupe de joyeux drilles dominait la scène, passablement éméchés déjà, fêtant à leur façon, leur baptême marin. L’apparition de Miss Clairborne, tout droit venue d’un autre monde, fut accueillie force de sifflements, quolibets et rires idiots, le tout exacerbé par son total manque de réaction.


Oh la, la petite demoiselle…sacrement bien roulée !


Mais regarde la…si fine…t’es égarée, ma petite poule ?

Et ainsi de suite. Tant qu’ils maintiendraient leurs distances, tout allait bien mais bien entendu, ce ne fut pas de longue durée. Le caïd du groupe fut le premier à se pointer, menant l’audace jusqu’à lui flatter le bras.

Tu me touches une autre fois et je te refais le portrait !, dit Maya, sans lever la voix ni se donner le mal de le regarder.

Dis donc…j’ai peur là…Une si jolie chose…toute seule, sois gentille, viens t’amuser avec nous !

Fiche moi la paix, plouc…je veux un hamburger, point barre !...Ôte ta patte, j’ai dit !

L’autre éclata de rire et se fichant de son avis et aurait poursuivi avec son manège si un tiers inattendu ne s’était donné la peine d’intervenir.

Miss… Je crois judicieux de remonter…

Le ton si poli la fit se retourner pour se trouver face à face avec un jeune homme d’allure impeccable, aussi hors contexte qu’elle dans ce milieu.

Vous croyez ?, s’enquit elle, ironique.

Elle n’entendit qu’à moitié la remarque insultante émise par le caïd local, déjà le charmant jeune homme qui croyait judicieux de se tirer de là ripostait :


Passe ton chemin ! T’es pas de taille !

La suite était prévisible. Un coup de poing vola, s’en suivit un autre. Trop belle opportunité pour la laisser passer, les copains réagirent en s’amenant en plein.

Merci de vouloir m’éviter un mauvais moment…mais là…ou on s’y met à deux ou on nous réduit en charpie !, assura Maya en souriant avant de décocher un direct à la mâchoire du premier quidam à portée et faire signe au suivant d’approcher, allez, mes cocos…pas la trouille, quand même ?...

Elle s’en donna à cœur joie tout en admirant le style défensif de son chevalier à la brillante armure. Il était rapide, efficace et ne perdait rien de son aplomb princier en cassant la figure à cet outrecuidant prochain. Depuis ses 15 ans, Maya vouait un vrai culte aux arts martiaux et était passée maitresse de l’art. Sa détente surprenante en prit plus d’un de court et malgré les vapeurs éthyliques obnubilant l’esprit des agresseurs, ceux-ci reconnurent le vrai danger et déguerpirent sans demander leur reste.

Je crois qu’on ferait mieux de filer, nous aussi !

Aucun besoin de le dire deux fois. Un ascenseur panoramique les ramena vite fait au pont des 1eres. Classes où une crise de fou rire en bonne et due forme eut raison d’eux.

Ben vous ! Votre direct est fracassant !

Que dire du vôtre ? Vous avez la grâce d’un danseur et juste le nœud papillon un peu de travers…mais quoiqu’il en soit, je meurs toujours de faim !

Au fait, je suis Neil Chesterfield de la Chestco. Même si ce nom ne vous dit rien, il n’en va peut-être pas de même pour tout le monde. On réessaye le grand resto ?

Elle serra la main tendue avec un petit sourire mi amusé mi ironique.

Mais voyons, sans modestie…je connais la Chestco. Alors,, vous aviez déjà essayé le grand resto ? Moi, j’avais misé dès un début sur le hamburger !...Et puisque nous y sommes…Je suis Maya Clairborne…oui…, ajouta t’elle en riant, justement de ces Clairborne, là !

Ils riaient encore en arrivant au restaurant où il fit valoir ses droits avec un sans gêne distillant de charme. Résultat, on leur octroya une table en un clin d’œil, alors que ceux qui attendaient encore devaient se résigner. Chemin faisant, ils croisèrent un couple qui sortait. Une ravissante jeune femme accompagnée d’un de ces hommes qui ne peut qu’attirer l’attention et dont le regard d’acier se riva au sien pour l’espace d’une seconde. Elle n’avait pas été sans remarquer la minime hésitation de Mr. Chesterfield en fixant la belle mais bien entendu n’en fit pas de commentaire.

Par quoi commencer, Maya ? Puis-je utiliser votre prénom ou préférez-vous Miss Clairborne ?

Elle leva la tête du menu et eut un de ses sourires amusés.


Pour commencer, je dirais un Martini…et mon prénom me convient parfaitement, Neil.

Ambiance élégante, menu raffiné. Une table, deux inconnus…que faire d’autre qu’essayer de mieux se connaitre ?

Un apéritif plus tard, leurs prénoms convenant parfaitement aux besoins de socialisation on attendit avoir fini l’entrée pour passer au « tu » plus relâché entre compagnons de voyage.


Alors, comme ça…on t’a pratiquement forcé à faire ce voyage ? Quelle chance, dans mon cas…on a tout essayé pour l’empêcher…Bah ! Sans intérêt…histoires de famille, tu vois le genre.

Verrait…verrait pas, cela lui était égal. Il était charmant, son humeur vive était pétillante de malice, intelligent, il avait la répartie facile et ayant vu pas mal de monde, trouver des points communs ne demanda pas trop de science.

Ta première fois en Australie ?...Oui, la mienne aussi…J’ai toujours voulu m’y rendre…Les grands espaces, Ayers Rock…les opales et aussi les koalas…ne rigole pas, tout le monde a son petit faible…toi aussi, je parie ?

Il n’était pas de ceux qui avouent volontiers une faiblesse quelconque et d’en avoir, la noierait, sans doute, sous une tonne de travail.

Comme quoi…un obsédé du devoir accompli !...Gentil de la part de tes associés jurer par ta santé…en fait, le plus sûr, est que c’étaient eux qui avaient besoin d’une longue pause chef-fanatique…ce doit être crevant travailler pour toi…Moi ? Travailler ?...Je t’en prie…

Elle l’octroya d’un sourire faussement enjoué et d’un regard de lasse ironie.


On vient du même monde, mon cher, on est ce qu’on est et on l’assume…toi, tu as la chance d’être un homme, moi je ne suis que la blonde idiote farcie de millions…tu vois la nuance ?

S’il la voyait, son exquise politesse l’empêcha d’en parler. Au lieu de cela, ils préfèrent accorder leurs pas…sur la piste de danse.

Je dois dire, s’essouffla t’elle, en retombant dans ses bras après une virevolte savante, que tu es peut être un imbuvable au travail…mais tu as aussi des talents insoupçonnés…tu devrais danser plus souvent, Fred Astaire…cela relâche des tensions !

Ce faisant, ni l’un ni l’autre n’avaient pu que remarquer que le couple croisé au restaurant faisait aussi des ravages sur la piste en s’amusant de belle façon…tout comme eux !
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Neil Chesterfield

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MessageSujet: Re: Stop and go! (fe)   Stop and go! (fe) EmptySam 9 Fév - 11:05

Avant cet embarquement contraint, la vie de Neil Chesterfield s’était résumée à peu de chose, peut-être même à une seule : le travail !
Cette altercation inattendue au fast-food des 3èmes classes l’avait, en quelque sorte, décoincé.
Assez satisfait de ses prestations personnelles, soufflé par l’agilité de la « pauvre esseulée » en détresse, il était tout bonnement ravi de l’opportunité de cette croisière, en fin de compte.
Miss Maya Clairborne connaissait sa firme ; lui avait aussi entendu parler du nom illustre de la famille dont était issu cet étrange ( et admirable) rejeton.
S’intéressant peu aux potins, Neil n’était au courant que de bruits de couloir.
Rien de scandaleux, une veine…
Le fou rire qui les avait gagnés en rejoignant leur classe avait bien failli le reprendre quand la miss déclara, très à l’aise, avoir toujours désiré un hamburger à l’inverse de lui.
Mais elle ne dit pas non à essayer le grand restaurant de ce pont.
Qu’ils obtiennent illico une table ne dérangea personne. Maya désirait un Martini, lui un whisky sec.
Que faire d’autre que de converser ?
Leurs croisières avaient débuté différemment. On l’avait forcé à l’entreprendre, elle l’avait voulue. Histoires de famille sur lesquelles elle ne désirait pas s’étaler.
On parla horizons lointains, à défaut :


Durant ma jeunesse, quand mon père me lâchait les basques, j’ai pu visiter beaucoup de contrées. Après, je n’ai fait que les survoler… Mais l’Australie pas encore. Tu y es déjà allée ?

Ta première fois en Australie ?...Oui, la mienne aussi…J’ai toujours voulu m’y rendre…Les grands espaces, Ayers Rock…les opales et aussi les koalas…


Il faillit éclater à nouveau. Comment une fille comme elle pouvait-elle s’attendrir face à ces boules de fourrure bouffeuses de feuilles d’eucalyptus ?

Ne rigole pas, tout le monde a son petit faible… toi aussi, je parie ?


Ouais ! Il n’allait quand même pas lui révéler ses peurs de tout ce qui rampait et piquait !
Après lui avoir fait remarquer ce que son personnel avait sûrement jugé approprié de s’octroyer une pause sous un joug tyrannique, elle eut une remarque non négligeable :


Toi, tu as la chance d’être un homme, moi je ne suis que la blonde idiote farcie de millions… tu vois la nuance ?

Sincèrement, il ne la voyait pas tout à fait. Qui, à l’aube du deuxième millénaire, pouvait encore considérer les blondes comme des parcelles d’inutilité ? Sa famille était-elle encore à l’ère de « femme=objet » ?
En tout cas, ce spécimen féminin tranchait dans la rubrique et méritait… de l’attention.
Dîner achevé, on passa à la piste de danse.
L’éducation de gentleman parfait subi par Neil avait inclus les danses diverses. Qu’y pouvait-il s’il évoluait sur les pistes autant un cygne sur son lac ?
Dans un paso-doble endiablé, son regard croisa celui de sa « voisine ». Contraction bizarre dans le poitrine, encore…
Retour à la réalité avec une remarque essoufflée :

Je dois dire, que tu es peut être un imbuvable au travail…mais tu as aussi des talents insoupçonnés…tu devrais danser plus souvent, Fred Astaire…cela relâche des tensions !

Flatté ? Qui ne l’aurait pas été ? Mais, Neil se méfiait des femmes et de leurs compliments qui cachaient souvent bien des noirceurs.
Il n’était pas bon juge en caractère féminin. Ses rares petites amies s’étaient révélées décevantes. Calculatrices, manipulatrices, apparemment elles ne visaient que son portefeuille ! Il y avait bien eu une Française rousse qui semblait moins intéressée par son fric que par sa personne mais elle avait fini par le trouver mortellement ennuyeux et l’avait plaqué en beauté.
De quel bois était faite cette Maya Clairborne ? En tout cas, elle dansait très bien, parlait facilement de toutes sortes de sujets, sans… fioritures exagérées. Sa culture était étendue, il en eut la preuve plusieurs fois en la testant… en douce. Il ne cherchait pas d’aventure particulière mais estimait cette demoiselle très… prometteuse.
Le reste de la soirée fut un tourbillon de gaieté à danser puis dépenser des dollars dans les casinos du bord. On gagna peu, perdit en conséquence avant de retourner en cabine.


Bonsoir Maya, ce fut un véritable plaisir, cette soirée !


Un chaste bisou plus tard, Chesterfield passa sous la douche et affronta son grand lit qu’il contempla soudain avec aversion. Un sentiment étrange l’habita, celui d’une frayeur incontrôlable.
D’un geste brusque, il ouvrit les draps et expira, soulagé devant la normalité de la couche.


*Non mais, tu t’attendais à quoi ?*

Il se glissa dans les bras de Morphée.
Au matin, idées claires, il se vêtit d’un survêtement de sport et fit son jogging habituel. D’autres l’imitaient déjà ou suaient dans les salles d’engins de gym ou, encore, nageaient.
Lorsqu’il croisa sa voisine de cabine, une fois de plus sa poitrine se contracta de façon étrange. Un petit sourire en bonjour, il passa au large.
Que fit Miss Clairborne de sa journée ? Il ne le sut qu’en soirée. La sienne, il l’avait passée à bouquiner sur un transat avant d’être pris par la tentation de diriger ses pas vers la salle des ordinateurs. Son portable lui refusait tout service, un comble ! Mais sa tête s’allongea quand on lui signifia qu’il lui était interdit d’utiliser ceux du bord. Son « cadeau » devait être complet : pas de possibilité de joindre ses bureaux.
Il aurait pu en être dépité mais s’en trouva plutôt soulagé.
Traînant ici où là, il croisa parfois Maya :


Tout va bien ? Pas d’émeutes à déplorer ?


Elle riait, tout était en ordre. Ils discutèrent un peu à chaque croisement de route. Lors d’un drink, il lui exposa son léger souci d’Internet.


S’il avait espéré qu’elle compatisse et lui offre ses services, il fut déçu. Bah, il se débrouillerait autrement…

Dans l’après-midi, il se lia d’amitié avec deux couples de noceurs que rejoignit une passagère troublante : sa voisine de cabine.

Pourquoi ce malaise en sa présence ?
Le joyeux groupe ayant décidé de ravager une piste de danse en soirée, Neil n’y tint plus et invita Miss Fairchild à quelques tours de piste. Tandis que Miss Clairborne tourbillonnait dans les bras de son cavalier de la veille, il ne put s’empêcher démettre avec le cœur en pétarade :


Vous êtes certaine que l’on ne s’est jamais croisés… avant ?

Elle en était persuadée mais sa réponse manquait… d’aplomb.
Au changement de rythme, on changea de partenaires. Lindsay retrouva son géant blond, lui sa championne d’arts martiaux pour un banal slow.
Quand on est drillé aux danses de salon, le slow n’a rien de banal. Pas question d’un bête balancé sur un pied puis sur l’autre. La fluidité de sa cavalière enchanta Neil qui la raccompagna ensuite à sa table :


Pas mal ta rumba avec ce grand gars. C’est qui ?... Connais pas, non. Moi et Fairchild ? Elle est charmante, oui.


Il n’avait peut-être pas usé le bon ton ou laissé transparaître son malaise. Elle se montra insistante, il lâcha :


Tu crois à la réincarnation ? En cette impression de déjà vécu, déjà vu ?... Je ne sais pas pourquoi mais j’ai des idées bizarres, chaque fois que je croise cette fille… Non, pas de celles-là ( il rit) j’aurais plutôt envie de lui tordre le cou, crois-moi !


Elle dépeignit ce qu’elle pensait de Lindsay d’une façon si peu flatteuse que Neil se sentit comme outragé :

Entre femmes, vous ne vous faites pas de cadeaux ! Mais ce Cromwell t’a tapé dans l’œil, non ?


Détachée, elle lui balança quelques remarques senties avant de prendre congé.

Tant qu’à faire…
Il ne se perdit pas dans les couloirs mais, sa carte engagée dans la fente électronique, il ne put s’empêcher de voir sa belle voisine en faire autant. Il ferma les yeux face au tableau délirant qui lui surgissait dans la tête. Un bref mouvement de nuque plus tard, il ouvrait sa porte et la referma, souffle coupé :


*Tu délires un max, mon vieux !*
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Maya Clairborne

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MessageSujet: Re: Stop and go! (fe)   Stop and go! (fe) EmptyMer 13 Fév - 0:11

Cette soirée là ne passerait pas aux annales des fêtes folles et inoubliables mais fut , tout de même, une expérience très agréable. Neil Chesterfield était beau garçon et parfait homme du monde, poli, intelligent et avec un bon sens de l’humour. Sa repartie était charmante et si bavarder s’avérait aisé que dire de danser avec lui. Le complimenter ? Pourquoi pas ? Rien ne l’amusait plus que prendre un homme de court en lui débitant un compliment et suivre, mine de rien, le décours de leur réaction. La plupart s’enflait comme paon. Neil sourit.

*Homme méfiant…ou déçu ?*

Pour elle, du tout au même. Miss Clairborne n’avait que faire des soucis de son prochain, pour sympathique que celui soit. Ne cherchant rien d’autre qu’à passer le temps de la meilleur façon, Maya ne désirait, surtout pas, s’emmêler avec quelque romance de croisière. Les hommes ne lui méritaient pas grand respect. Manipulateurs par nature, ils essayaient par tous les moyens de conquérir ses grâces pour après la quitter, si possible en lui brisant le cœur. Cela s’était passé une fois. Plus que suffisant. Jean-Paul l’avait guérie de tout romantisme. En fait, il avait fait mieux que cela : il l’avait immunisée contre les illusions. Elle avait 19 ans, lui 25. Elle était éperdument amoureuse. Lui, simplement intéressé. Pas seulement à ses charmes. Ils s’étaient mariés à Ste. Domingue. Charles Clairborne avait déboursé une fortune pour effacer cet opprobre et acheter le silence de Jean-Paul, qui était parti, satisfait et…riche.
Lassants souvenirs. En faisant abstraction, Maya s’amusa beaucoup à suivre le train. De la piste de danse on passa au casino. Ni l’un ni l’autre étant un assidu du jeu, ils s’amusèrent à perdre et gagner, sans outrepasser les limites et ce fut en toute joie de cœur, qu’ils regagnèrent leurs cabines après s’être souhaité une bonne nuit, sans plus.


Levée tôt après quelques heures de sommeil réparateur, Maya aimait nager. Seule. Mais ce matin, en arrivant aux abords du bassin, elle découvrit qu’on l’avait devancée. Quelle brassée énergique, quel style dépuré. L’homme faisait des longueurs de bassin à un rythme impeccable. Elle resta là, à admirer tant de talent sportif. Ce ne fut que quand, il s’apprêtait à sortir de l’eau qu’elle reconnut l’homme entrevu la veille. La première fois au restaurant et la deuxième sur la piste de danse. Elle avait pensé alors qu’il formait un couple assez dépareillé avec la jeune femme qui l’accompagnait. S’il lui avait semblé splendide en smoking, là, vêtu uniquement de son maillot de bain, il était à couper le souffle. Mais ne voulant pas être prise en flagrant délit de voyeurisme, elle fit semblant de l’ignorer, laissa tomber son peignoir de bain et plongea, enchaînant d’un crawl vigoureux.

Elle prenait son petit déjeuner en tout calme et solitude sans se soucier de son prochain quand, malgré tout, son attention dériva sur le couple qui avait pris place à quelques tables de la sienne. L’homme splendide et sa petite chose. Et ça discutait ferme. Impossible saisir leurs propos, même en discutant, ils ne levaient pas la voix mais la petite tenait tête au géant blond sans donner l’impression d’être le moins du monde diminuée face à lui.


*Une de deux…ou elle a des attributs cachés ou il est une chiffe molle dans un corps de dieu grec !*

En tout cas, la scène finit avec la défection du blond. Maya s’occupa de sa salade de fruits pour après aller faire un tour à la bibliothèque. La lecture était toujours un baume pour son esprit, et elle comptait bien jouir de quelques heures de paix absolue en compagnie d’un bon roman aux entrelacs compliqués.

À croire qu’elle n’était pas la seule à chercher un peu d’isolement. Du coin de l’œil, sans lever la tête de son bouquin, elle suivit l’installation, dans un transat voisin…du blond, entrevu déjà plusieurs fois. Elle poursuivit sa lecture jusqu’au moment où il demanda si la fumée ne le gênait pas. Jouant les surprises, Maya releva ses lunettes de soleil et le regarda, avec un sourire poli :


Pas le moins du monde, fumez à votre aise !...Pourquoi pas ? Merci…j’en prends volontiers une !

Par la logique des choses, il changea de place pour lui présenter son étui de cigarettes. Elle en prit une et il la lui alluma. Pendant un instant, leurs regards s’accrochèrent. Peut être une seconde de plus que le stipulaient les exigences sociales . Mine de s’intéresser au roman lu, ses yeux s’attardèrent un instant, encore un, sur ses genoux…et sans doute le reste de ses jambes.

Grisham ? J’aime bien cet auteur! Le « Testament » m’a marqué !

Sourire entendu.


En effet, c’est bien trouvé…celui-ci l’est aussi…Le Maître du jeu…un titre évocateur, vous ne trouvez pas ?

Le thème étant prenant et secourable, ils y puisèrent conversation avant de, comme personnes civilisées, finir par se présenter. Le bel homme avait un nom qui lui allait comme un gant.

Enchantée, Mr. Cromwell, je suis Maya Clairborne.

Un éclair de reconnaissance passa dans son regard acéré mais il ne dit rien. Cela suffisait. Il savait qui elle était. Sans que cela ne la dérange, Maya fuma tranquillement, commentaire par ci, remarque par là.

Excusez moi, la platitude de ma question…mais que fait un homme comme vous en croisière ? Vous ne me donnez pas exactement l’impression d’être un oisif…ou peut être que je me trompe !...Mais oubliez cette sottise…comme si tous n’avions pas le droit d’oublier un peu nos routines.

Il ne releva pas mais elle n’était pas dupe. Quelque chose d’indéfinissable taraudait cet homme mais adroitement le reste de la conversation n’aborda aucun thème risquant jusqu’au moment où il s’enquit :

Qui était donc celui qui vous escortait hier ?

Elle releva lentement ses lunettes de soleil et l’octroya d’un regard légèrement ironique.

Tiens, vous avez donc remarqué ma présence ?

Ben oui, inratable !

Maya secoua la tête en riant. Ce genre de compliments, elle connaissait bien.

Enfin…je dirai donc en être flattée…mais pour répondre à votre question, il s’agissait de Neil Chesterfield.

Si elle avait mentionné le Diable en personne, son interlocuteur n’aurait semblé plus secoué.

Ches… Chesterfield ? Le magna de la Chestco ?


D’autant que je sache, oui…Le connaissez vous ?

Il ne dit ni oui ni non. Semblant crispé, bouche serrée en une moue amère, il eut soudain l’air très pressé de partir, sans pour autant laisser de s’intéresser à son emploi de temps pour le soir. Le rendez vous resta fixé pour le dîner. A peine fut il parti, Maya découvrit n’avoir plus d’intérêt à rester là, à suivre les décours de l’intrigue bâtie par Grisham et regagna sa cabine.

*Tu aurais pu le faire poireauter un peu…mais non ! Tu dis oui, sans qu’il se donne même la peine d’insister…mais enfin, faut reconnaître que ce n’est pas tous les jours qu’on croise un type pareil…*

Certes, il était superbement attractif mais la beauté physique n’était pas ce qui retenait si bien l’attention de miss Clairborne, il y avait quelque chose en cet homme qui agissait comme un aimant sur elle. Sous cette allure de séducteur impénitent, elle devinait un fauve au repos, prêt à montrer ses crocs et griffes au besoin. Il se voulait indolent mais dissimulait assez mal sa vraie nature de prédateur dangereux et cela devenait d’un attrait irrésistible, comme jouer avec du feu.

*Au pire…on s’en tire avec des cloques !*

Le dîner fut une joyeuse expérience. Suivit une tournée de casino où il démontra certains talents, rapidement dissimulés pour après laisser son charme jouer à fond en l’entrainant sur la piste de danse où, le moindre à dire était qu’il excellait dans cet art bien plus compliqué qu’on le prétend. Ce faisant, ils rencontrèrent, ineffablement, Neil Chesterfield en compagnie de la jeune femme que Josh escortait la veille.

Mr. Cromwell ne sembla pas exactement ravi avec cette rencontre.

*Voyons…il ne pince quand même pas pour cette petite ?*

Elle avait croisé Chesterfield quelques fois pendant la journée et n’avaient échangé que quelques mots, à différence de Josh, Neil semblait un type tranquille et sans trop de soucis, à part celui de s’occuper des affaires de son entreprise, même à distance, ce en quoi, elle refusa son aide.

Je ne serai pas complice de ton burn out…tu es en vacances, allez, le monde se passera bien de toi quelques jours !

Et vraisemblablement, il avait décidé de suivre son conseil et semblait très content en dansant avec sa miss.

Quoiqu’il en soit, Josh s’arrangea pour un changement de partenaires et Maya se retrouva en dansant avec Neil avant de retourner s’asseoir.

Pas mal ta rumba avec ce grand gars. C’est qui ?

Josh Cromwell…tu le connaissais ?

Il assura que non.

*Parce que lui…il semble te connaître, toi !*

Mais pas un mot à ce sujet ne franchit ses lèvres par contre…


Et la petite ?...Mignonne tout plein…

Moi et Fairchild ? Elle est charmante, oui.


Elle rigola en douce.


Seulement charmante ?...Hmmm…

Avec un sourire mitigé, il avoua quelque chose qui la surprit venant d’un homme comme lui. Réincarnation ? Déjà vu ? Franchement, il n’était pas sous le charme, il devenait idiot là.

Je ne sais pas pourquoi mais j’ai des idées bizarres, chaque fois que je croise cette fille…

Wow…cela va vite chez toi…et elle t’a fait vraiment de l’effet pour te faire déjà des…idées !

Elle se moquait gentiment de lui et il en prit le parti de rire.


Non, pas de celles-là ( il rit) j’aurais plutôt envie de lui tordre le cou, crois-moi !

Voyons…la pauvre. C’est vrai qu’elle fait l’effet d’une petite oie…blanche, inoffensive et sotte…

La défense ne tarda pas. Il n’agréait pas sa vision des choses. Pas plus qu’elle n’appréciait pas le tête à tête complice de Cromwell et l’oie de service, qui semblaient s’entendre comme larrons en foire.

Mais ce Cromwell t’a tapé dans l’œil, non ?


Elle se contenta de lui couler un regard soyeux, teinté n’empêche de froide ironie.

Je ne pense pas discuter de cela avec toi…ni avec personne. Il est tard, je me retire, bonne nuit, Neil !

Son intention était de le planter là sans plus de commentaires mais déjà Josh et sa petite demoiselle les rejoignaient ainsi que les deux autres couples du groupe. Ignorant Neil et Miss Fairchild de son mieux, Maya participa à la conversation des autres. Comme on peut s’y attendre dans ce genre de rencontres, tout le monde voulait savoir quelque chose sur son voisin. Les raisons des uns ressemblaient à celles des autres sauf, sans aucun doute, celle de Josh, qui l’air très sérieux lâcha, comme si rien :

Je me cache. On me recherche pour meurtre !

De quoi prendre de court n’importe qui. Bien entendu, on finit par supposer qu’il blaguait.

*Meurtre ? Voilà qui lui ressemblerait bien…cela ne m’étonnerait guère que ce soit vrai !*

Mais comme le voulait la bienséance, elle tut cette réflexion, d’autant que le beau enchaînait, désinvolte :

Mais demain nous touchons Hawaii. On se fait une excursion à quatre ?

Les deux autres couples ayant exprimé leur désir de visiter certains endroits entre eux, quoi de plus normal que faire aussi des projets à part.

Pourquoi pas ? Il y a des sites fantastiques !
, se remit elle à dire.

La réunion finit sur cela et chacun se retira de son côté.

On verra bien de quoi demain sera fait !

La magie du paradis les attendait sous un ciel d’azur splendide. Josh s’était occupé de louer une voiture et de préparer un itinéraire intéressant qu’elle parcourut d’un œil connaisseur.

Tu as un faible pour les falaises ou c’est mon idée ?...Oui, bien entendu…magnifiques miradors…je connais bien les alentours, Josh…et il y a aussi des belles plages…ah, c’est du trop couru…

Pendant quelques secondes, elle soutint son regard, n’y trouvant qu’une froide détermination qui lui provoqua une sensation étrange au creux de l’estomac.
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Neil Chesterfield

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MessageSujet: Re: Stop and go! (fe)   Stop and go! (fe) EmptyJeu 14 Fév - 23:45

La fin de soirée avait fini très bizarrement. Juste comme Maya le quittait, il avait vu Josh et Lindsay se diriger vers les autres joyeux lurons de leur « bande ». Autant les saluer avant de prendre congé, non ?
Il était donc revenu sur ses pas, et son malaise s’était étrangement accentué avec la proximité de Miss Fairchild, si bien que, distrait, il n’avait fait qu’écouter les divers propos échangés.
En tout cas, ce Cromwell lui était antipathique. Il débitait des âneries, sans doute destinées à choquer son entourage. Lui ne marcha pas en se disant qu’un vrai criminel ne se vanterait pas de ses exploits aussi ouvertement. Par contre, l’idée d’une virée à quatre l’intéressa.


*Voilà de quoi se rapprocher de Lind…*

La sensation bizarre se poursuivit durant une bonne partie de la nuit.
Quelque part, même si elle affirmait le contraire, Neil se persuada qu’il avait dû croiser Miss Fairchild dans un endroit quelconque. Mais, à part des heures d’insomnies, il ne gagna rien à fouiller sa mémoire.
Son humeur n’était pas au beau fixe le matin d’autant qu’il vécut à nouveau une sorte d’hallucination après sa douche. Il crut un instant ne disposer d’aucune serviette sèche et faillit engueuler le room-service avant de constater son erreur.
Morose, il allait entamer ses œufs au plat quand il retrouva le sourire avec la simple apparition de sa voisine.


Bonjour ! En forme ? Prête à l’excursion ?

Elle paraissait mitigée, embarrassée ou quelque chose du genre. La conversation dévia sur Cromwell :

… J’avoue que je n’encadre pas trop ton copain, Lindsay... Oh, voici Maya ! Salut, ça va ?

Elle assura que oui, mais sa tête disait non.

Tu as croisé Josh ? Que prépare-t-il ?... Loué une voiture ? C’est une bonne idée !

Joyeux, il avala une bouchée puis crut étouffer. Les mains sur la gorge, il devint cramoisi au grand dam des dames qui lui proposèrent eau et tapes dans le dos.

Je… Ce truc est… bourré de tabasco ! toussa-t-il en suant.

Il s’épongea front et yeux, enfila un litre de liquide et alla engueuler le cuistot qui plaida coupable de maladresse involontaire.
L’affaire en resta là.
S’écarter des sentiers battus par les touristes ordinaires enchantait Chesterfield.
Des sacs à dos avec tout le nécessaire pour un pique nique attendait les « aventuriers » dans le véhicule du parking du port.
Une question toute bête figea les quatre :


Qui conduit ?

Cromwell jouait avec les clés qu’il faisait sauter dans une main. Maya les lui rafla avec un sourire décidé. Elle connaissait le coin…
Les demoiselles s’installèrent à l’avant, les mecs à l’arrière de la Jeep découverte.
Miss Clairborne roulait sec. Voulait-elle impressionner son monde ?
Dans les cahots et vibrations, difficile de tenir conversation. Pourtant Cromwell y tenait, hélas. Neil fut obligé de répondre en s’accrochant comme il pouvait aux poignées disponibles :


… Ouais, la Chestco !... Ai pas eu le choix… Mon père m’a drillé… Il est mort…


Tous les virages et soubresauts le firent verdir soudain. Fébrile, il posa une main sur l’épaule de Maya et lui cria dans l’oreille :

Arrête-toi ! Arrête-toi, s’il te plait !

Dans un nuage de poussière, elle freina. Aussitôt, il bondit hors du véhicule et se précipita sur le bas côté où il rendit tripes et boyaux.
Quelle honte ! Ces demoiselles allaient le croire sujet au mal des transports…
Charitable, Lind s’approcha en lui proposant une gourde avec le contenu de laquelle il se rinça la bouche :


… Sais pas… C’est une première pour moi. D’habitude, suis plus solide que ça…

Un peu flageolant sur les guiboles, il se rassit sous l’œil narquois de Cromwell et celui, interrogatif de Miss Clairborne.

… Si, si, on continue ! insista-t-il. Veux pas gâcher la journée !

Tant pis si Josh tenta de converser, Neil ferma les yeux jusqu’à l’arrêt suivant.
Wow ! Le panorama était à couper le souffle ! Volcan d’un côté, mer de l’autre, le tout sur fond azur !
Les filles s’occupèrent de dresser la table pliante à l’abri du vent tandis que Neil alla s’asseoir en titubant sur un rocher en compagnie de Josh qui alluma un cigare :


… Non merci ! refusa Neil. Mais te gêne pas pour moi…


La fumée l’écoeura mais il tint bon.
Évidemment, pas question pour lui de goûter au délicieux poulet frit et autres douceurs des paniers pique-nique. Il accepta néanmoins le verre de whisky tendu par Maya :


…ni mieux ni pire… Je suis désolé d’être un poids… Hein ? …

Ni plus ni moins, Mr. Cromwell leur avait réservé une surprise. De ce point, ils allaient en rallier un autre en traversant grâce à un câble suspendu dans le vide.

*Ce gars veut ma peau…*

Les filles étaient nerveuses, Josh détendu, conciliant :

…*À d’autres…* Je tiens pas dans mes croûtes, vieux !...

Non, évidemment non, il ne voulait pas passer pour mauviette mais de là à risquer sa carcasse pour l’épate, on repasserait !
De la plateforme gagnée en grimpant, sanglé comme il se devait par un « guide » local embauché par lui-même, Cromwell s’élança. Ses « yahou » joyeux résonnèrent longuement. Passa ensuite Lindsay, rétive mais courageuse. Elle lui jeta un regard indéchiffrable avant de hurler tout son sou jusqu’à la pose sur l’autre plateforme.


Tu y vas ? J’y vais?

Neil n’était pas trop sûr de lui en se laissant arrimer. Le « guide » vérifia les sangles en tirant dessus puis lui frappa l’épaule.
Le vide entre les réceptions lui parut gigantesque. Il n’avait jamais souffert de vertige et avait escaladé plusieurs montagnes, mais là… Honneur, quand tu nous tiens…
Il plongea en se cramponnant de toutes ses forces aux poignées de la tyrolienne.
Mâchoires crispées contre la nausée, Neil n’émit pas un son. Quand le mécanisme bloqua à mi-parcours avec un bruit de ferraille cassée, cela ne l’étonna qu’à moitié. Le haut devint le bas.
Mourir en beauté ? Pourquoi pas ? Sa tête s’emplit d’une image lumineuse…
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MessageSujet: Re: Stop and go! (fe)   Stop and go! (fe) EmptyMer 20 Fév - 22:54

Innocente promenade au paradis ? À d’autres avec la charmante idée !  La veille, déjà, une sensation agaçante la taraudait sans parvenir à mettre le doigt sur la véritable raison. Un mot par ci, un commentaire par là. C’était tout bête et pourtant c’était là…La première soirée avec Neil avait été agréable, sans aller plus loin. Ils s’étaient croisés au hasard, sans aucune préméditation. Deux passagers qui sympathisent, tout simplement.
Josh Cromwell, lui, était une autre paire de manches. Elle ne voulait pas y penser mais y pensait quand même. Trop, à son goût. Définitivement trop ! Miss Clairborne n’agréait pas cette sensation de expectation énervante  qui l’agitait dès qu’il était près. C’était un prélude de désastre.

La veille au soir, quand Josh avait déclaré être recherché pour meurtre, les autres avaient cru à une blague et en avaient rigolé. Elle avait trouvé le commentaire ridicule mais les hommes avaient parfois des drôles de façons d’attirer l’attention. Pourtant, en y pensant plus tard, allongée dans son lit, dans le noir, incapable de dormir, Maya avait eu la presque certitude que Josh n’avait pas tout à fait menti. S’il y avait là quelqu’un qu’elle put croire capable de commettre un meurtre, c’était bien lui. Il donnait bien le genre d’homme à courir au creux du danger, de se livrer à des manœuvres obscures et mener sans doute une vie trépidante.
Le sommeil la fuyait décidément. La lampe de chevet en veilleuse suffisait, elle se leva. Cigarette au bec, elle se servit à boire puis s’asseyant à même le tapis, ouvrit son PC portable. Sans savoir trop que chercher, Maya navigua paresseusement dans le Net. Potins de société. Rien de trop attirant pour qui les fuyait mais un article, vu au hasard, retint son attention. On y parlait de la mort, jusque là, supposée accidentelle d’une certaine Emily Hardwood, richissime propriétaire de quelques compagnies maritimes. Rien de trop extraordinaire. La dame en question, la quarantaine bien sonnée, avait eu un accident de voiture, alors qu’elle conduisait à grande vitesse en étant fortement alcoolisée.

*Pauvre idiote…*

Cette pensée peu charitable, l’amena à remplir de nouveau son verre. Après tout elle n’irait pas plus loin que son lit, cette nuit. La suite, la fit rester avec le verre en suspens dans une main alors que la cigarette se consumait entre ses doigts.

« L’accident s’est produit, suite à que Mrs. Hardwood ait quitté sa résidence, après une terrible discussion avec son jeune conjoint, Joshua Cromwell. Selon divers témoignages, leur relation tendait à être turbulente. À sa mort, Mrs. Hardwood était une femme de considérable fortune. Lui survivent un neveu et une nièce, présumés héritiers universels jusqu’à lecture du testament où il est apparu que Mrs. Hardwood avait, peu auparavant changé ses dispositions testamentaires… »

*Echec et mat…*

Josh avait hérité le pactole. Les présumés héritiers contestaient le testament, lançaient des accusations. Certaines manœuvres de la part de l’héritier, entre autres dissolution de certaines entreprises, vente hâtive d’avoirs, etc, avaient conduit à établir la présomption de meurtre au lieu de mort accidentelle. Plus clair, l’eau de roche. Maya resta là, abasourdie, mesurant l’étendue de cette découverte.

Je me cache. On me recherche pour meurtre !

*Pas de blague, finalement…*

Le  reste de l’article fut lu dans un état d’exaltation angoissée. Le Net est un prodigue d’information une fois qu’on sait ce qu’on veut savoir. Et elle en sut des choses, ce soir. Des choses qu’elle aurait préféré ignorer. Et l’une d’elles était le « vrai » passé de Mr.Cromwell, ce qui prouvait que quelqu’un s’était donné la peine de mettre en place le puzzle de sa vie.

Fils de millionnaire ruiné par…et m***e ! Je me disais bien qu’il le connaissait…la tête qu’il a tiré quand je lui ai dit…la façon dont il l’a observé depuis…

Elle dormit peu et mal, cette nuit. Pourtant, le lendemain, de bonne heure, elle s’arrangea pour apparaître sous son meilleur jour…et croiser, comme par hasard, le chemin de Josh avant d’aller rejoindre Neil et Lindsay pour le petit déjeuner.

Tiens…déjà prêt pour la balade ?

Il semblait plus que prêt, son air de chat alléché éveilla la suspicion déjà exacerbée de Miss Clairborne. Suspicion qui galopa  sans bride lorsqu’il exposa son plan d’excursion. Son choix était impeccable. De haut risque. Rien à voir avec une innocente virée touristique. Il allait s’occuper des derniers détails, elle rejoignit les autres, déjà attablés face à leur petit déjeuner.

Salut, ça va ?, s'enquit Neil.

Et il souriait, ravi, l’innocent.

Oui, merci !, assura t’elle en souriant sans véritable entrain.


Tu as croisé Josh ? Que prépare-t-il ?, voulut il savoir.

Je l’ai vu il y a un instant. Il a parlé de louer une voiture et de nous emmener par là, découvrir le Hawaii sauvage, non apte pour touristes communs.

Si Neil n’avait pas été si bêtement content, peut être aurait il réfléchi un peu, après tout, il n’avait pas l’air bien casse cou, le beau magnat.

Loué une voiture ? C’est une bonne idée !

Oui…géniale !, soupira t’elle, en s’asseyant après un sourire fade échangé avec Miss Fairchild.

Et voilà que le cher homme, suivant le conseil de la muse de service, attaquait joyeusement ses œufs brouillés, s’en étouffait avec , tournait au cramoisi et nécessitait de leur aide experte. Tapes dans le dos et eau à profusion, pour parvenir à haleter que son plat était bourré de tabasco. Pas de Josh à l’horizon.

*L’odieux personnage…il a bien calculé son coup !*

À peine remis de « l’accident » Neil alla se plaindre au cuistot.

C’est quand même quelque chose, dis donc…baigner les œufs brouillés au Tabasco…on pourrait croire à un mauvais tour !, s’outra Lindsay.

*Si tu savais…et si je me trompe pas…ça ne fait que commencer !*

Mr. Cromwell apparut à point nommé quand le tabasco avait fini de faire son incandescent effet. On ne lui raconta rien et bien entendu, le finaud se garda bien de poser des questions hors lieu. La suite promettait. Une jeep découverte les attendait au parking, un pique nique, à ne pas douter, dans toutes les règles de l’art empaqueté à sa place. Souriant, malicieux comme un chat prêt à gober la souris, le blond dangereux jouait avec les clés de la voiture et ce cher Neil, décidément loin de toute perfidie voulut savoir qui conduirait.

Moi !, dit Maya en raflant les clés à Cromwell avec l’idée qu’il valait mieux prévenir que guérir, je connais bien le coin !

Josh sourit, elle lui jeta un regard aigu. Peu après, elle les menait sur les routes hawaiiennes à bonne vitesse. Suivant l’itinéraire qu'il avait établi , elle s’engagea dans des chemins secondaires, sans faire de chichis. Elle conduisait depuis ses 14 ans et adorait les pistes non répertoriées dans les cartes touristiques.

Arrête-toi ! Arrête-toi, s’il te plaît !

Elle se serait attendu à cela de la part de la douce miss Fairchild mais venant de Neil, cela lui mit la puce à l’oreille, encore un peu plus. Freinant sec, elle le vit se ruer sur le bas de la route pour y vomir tripes et boyaux. Lindsay trottina à sa suite.

Qu’est ce que tu lui as fait ?, gronda t’elle en se retournant pour dévisager Josh.

Avec le culot qui lui était particulier, il sourit angélique, feignant n’avoir idée d’à quoi elle faisait référence.

Bien sûr…tu ne sais rien…Mais non, voyons !...C’était juste une toute petite question !

Neil, vert ramage tropical, revenait à bord, escorté par son ange gardien.

Si tu préfères, on rentre, Neil…tu n’as qu’à le dire…


Logiquement, s’accrochant à son amour propre, il refuse de gâcher leur journée. Plus tard, arrivés à destination, un endroit magnifique, très bien choisi, le pauvre Chesterfield semblait à peine un peu moins vert, même si Josh, le diable en personne, fumait un cigare sous son nez.

Arrête ce cirque !, grommela t’elle à son adresse.

Faute de mieux, elle alla offrir un whisky à Neil qui accepta, mal assuré sur l’effet que cela lui ferait.

Comment te sens tu ?

Ni mieux ni pire… Je suis désolé d’être un poids…

Rien de tel…dis pas de bêtises, on aurait dû rentrer…tu es vert !

Il le fut encore plus quand Josh annonça la suite des réjouissances. Petite balade en tyrolienne à travers un charmant précipice tropical.

Tu as carrément perdu la tête, toi !, houspilla t’elle Josh qui fit comme si rien.

La suite tint du cauchemar. Le retour à bord, avec un Neil évanoui, très mal en point, ne fut pas pour la réjouir. Une fois qu’on emmena Chesterfield à l’infirmerie, avec la petite Lindsay en pleurs, à sa suite. Maya attrapa le blond dangereux du T-Shirt et le dévisagea, enragée.

Bravo, monsieur…où pensais tu arriver avec ce jeu à la con ?...Tu as failli le tuer !...Ah bon ? Juste une petite blague ?...Mais bien sûr, suis née hier, moi…Écoute moi bien, Cromwell, je sais à quoi tu joues !...Oui…Je sais…tu as quand même entendu parler de l’internet, non ?...et bien, mon grand, on peut dire que tu fais la une des ragots…

Au moins, il ne souriait plus. Elle se sentit sciée par l’expression acquise et l’éclat de ses yeux, sentant toute sa hargne tomber en point mort.

Je…sais tout !...La Chestco…la faillite…ton père…et…Emily…suis désolée, Josh…mais ce n’est pas de la sorte que tu…non…je ne veux pas jouer les conseillères…suis mal placée pour cela…Non, je ne te juge pas…jamais…Bon, fais la gueule si ça te chante…

Son suivant mouvement la prit de court, la laissa sans souffle et les jambes flageolantes. Il n’y avait eu aucune tendresse, douceur ou respect dans ce baiser âpre, amer…désespéré. Elle eut un sourire sans joie et lui passa la main sur la joue.

Ce n’est pas le moment d’en parler…allons plutôt voir ce que devient Neil !

Il ne dit rien, se contentant de la suivre, le semblant fermé. Ils arrivèrent à l’infirmerie au moment où le toubib de service sortait faire son compte rendu à une Lindsay visiblement en émoi.

*Elle s’en fait de la bile pour le gars…ça sent le coup de foudre par là !*


Le Dr. Sommers eut du mal à placer trois mots de suite et dès qu’elle eut déduit que Neil Chesterfield n’était pas aux portes du trépas, la miss acquit le droit de visite et disparut par la porte entrouverte. Le praticien soupira et aurait filé à son tour si Maya ne l’avait pas retenu pour avoir plus de détails. L’état du patient n’était pas des plus brillants mais il s’en tirerait avec perfusion et repos. Les causes de son mal subit restèrent floues et personne n’approfondit le thème. La visite de Lindsay fut du genre éclair mais d’effets transcendants…elle sortit de l’infirmerie, transfigurée, flottant sur un nuage, l’air béat à souhait.

Je me réjouis que Neil aille mieux…allez, je vous laisse…à plus tard, vous deux !

Que Josh abandonne sa bouderie pour s’occuper de Miss Fairchild avec un dévouement, en apparence, tout fraternel  eut pour résultat de lui virer légèrement le foie. À peine s’il répondit à sa prise de congé, sans esquisser le moindre geste pour la retenir. Maya fit demi tour et se perdit dans le corridor d’un pas énergique.

La porte de sa cabine claquée avec fureur, elle alla direct à la salle de bain pour emplir la baignoire avant de retourner au salon et se servir à boire.

Bravo pour toi, Clairborne…tu vas de mieux en mieux…Mais qu’est ce qu’il a ce type pour te mettre dans cet état ?

La liste était longue. Le bain dura longtemps, les réflexions, encore plus. L’idée de s’habiller pour sortir dîner ne la tentait guère mais le besoin de revoir Josh la taraudait. Sa tenue fut choisie avec soin, rien de trop voyant, encore moins spectaculaire. Une robe blanche rehaussant le ton doré de sa peau suffirait, maquillage discret et sandales à hauts talons. Normalement, elle ne manquait pas de brio pour agir à sa guise mais là, une sensation bizarre lui tordait gentiment les entrailles.

Tu n’as pas peur de lui, quand même !?, se morigéna t’elle en inspirant profondément avant de frapper à la porte de la cabine de Mr. Cromwell.

Il avait l’ait décidément mal luné, en ouvrant. La découvrir sur le seuil ne sembla pas le réjouir outre mesure.

Bonsoir ! Je me demandais si tu voudrais accompagner une fille solitaire pour le dîner ?...Quoi ?...tu ne veux pas sortir ?...Écoute, si c’est pour ce que j’ai dit tout à l’heure…pas de souci, j’ai pas été le crier sur les toits…Ah bon ?...Excuse moi, mais tu ne me donnes pas trop l’idée du mec qui se soucie de ce que les autres diront…et puis, s’ils ont quelque chose à dire…leur affaire…tu n’as rien à te reprocher, n’est ce pas ?...Donc, passe quelque chose de plus habillé…et accompagne moi…je jure agir en bonne foi et sans aucune intention blâmable…

Elle aurait voulu le voir sourire, déceler la moindre ironie dans son regard mais pouvait seulement sentir rejet et découvrir la lueur chagrine dans son regard.

Enfin…c’est comme tu veux…au cas où, je serai au  Panorama Grill…il fait beau, ce soir…

Un sourire, demi tour. Elle se maudissait en s’éloignant pour juste après sentir des larmes inattendues lui brûler les paupières.

Manquait que ça…tu n’es pas seulement idiote, ma fille, tu as aussi perdu la tête !

L’Ocean’s Queen avait appareillé et s’éloignait, majestueusement, des côtes de Hawaii. La nuit était claire, la brise tiède. L’ambiance générale était festive, le lendemain, c’était la St. Sylvestre et tous se préparaient pour un réveillon inoubliable, en haute mer.

*C’est toi qui risques pas de l’oublier, ce fichu réveillon !*

Pas de trace de Lindsay, sans doute veillerait t’elle au chevet de Chesterfield.

*Elle croit sans doute aussi à la réincarnation…l’un pour l’autre… !*

Avec un soupir rageur, Maya portait la coupe de Martini à ses lèvres quand elle perçut sa présence. Sans besoin de dire un mot, elle savait tout simplement qu’il se tenait là, à moins d’un demi mètre de la table et qu’il la regardait. Posant sa boisson, elle tourna la tête et le regarda par-dessus l’épaule.

Si tu viens t’asseoir, cela m’épargnera un torticolis…merci d’être venu !

Il ne semblait plus de mauvaise humeur, un sourire errait sur ses lèvres, sans parvenir à ses yeux, mais c’était déjà un début.
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MessageSujet: Re: Stop and go! (fe)   Stop and go! (fe) EmptyJeu 21 Fév - 22:24

Il y a des jours où l’on ferait mieux de rester au lit.  Neil s’en convainquit dès qu’il subit le presque étouffement avec ses œufs saucés de Tabasco. N’empêche qu’une irrésistible attraction le poussa à continuer sa journée.
Lindsay Fairchild… Pourquoi s’intéressait-il tant à elle ? En toute franchise, il n’en savait rien. En comparaison de Maya, Lind était très différente. Le physique n’entrait pas en ligne de compte. Plus… spontanée ? Sûrement !  Néanmoins, avec son impression de « déjà vu » qui le taraudait, Chesterfield désirait approfondir cette relation coûte que coûte.
Cela lui coûta plus qu’escompté !        
Ses ennuis gastriques, il les mit sur le dos des soubresauts du véhicule et sa faiblesse due au mauvais déjeuner. L’attitude de Cromwell l’agaçait. Oh, il pouvait comprendre ce genre de mec. Même s’il avait subjugué Maya, il avait jeté son dévolu sur Lind et n’approuvait pas qu’un autre mâle survole son horizon.  N’empêche que… là, Neil ne souhaitait qu’avoir la paix et rentrer au plus vite au bateau.  Sans paraître mauviette, s’entend.  
Quand il vit la tyrolienne, il eut la nette impression que Josh voulait soit le ridiculiser à mort, soit sa mort tout court.  
Il ne sut pas trop comment il se retrouva dans la Jeep lancée à un train d’enfer dans la descente vers le port.
Avec un bonheur ineffable, il réalisa avoir la tête sur les genoux de Lindsay. Elle lui caressait les cheveux… C’est elle qu’il avait vue en croyant sa dernière heure venue, elle qui était la solution, la…
Zouh ! Il retomba dans les limbes pour se réveiller dans l’infirmerie du bord.  


Mr. Chesterfield !, Vous m’entendez ? Mr. Chesterfield ?

Ouais… Fichez-moi la paix !

Mr. Chesterfield, nous aimerions vous transférer à l’hôpital le plus proche car…

PAS QUESTION TOUBIB ! J’y suis j’y reste !

Vous n’êtes pas en état de discuter. Je vais donner les ordres, et…

Et je vous jure que vous pourrez ramasser votre diplôme en miette à la balayette, sinon votre peau ! Retapez-moi ! Je veux fêter mon annif à bord ! J’y ai des intérêts qui vous dépassent *et moi avec*  

Impressionné ? Peut-être. Le médecin s’occupa de lui poser des perfusions, d’ordonner des piqûres et du repos absolu.  
Tant de choses lui tournaient en tête… À moins que ce ne soit sa tête qui lui tournait ? Il ne souhaitait qu’une chose : voir Lind !
Et elle fut à son chevet, embarrassée, contrite ou… contrainte ?  Son discours était vraiment incohérent pour un esprit aussi ravagé que le sien :


Salut, toi…je…je passais juste pour voir si…oublie ça, c’est bête…suis là parce que…, sais même pas pourquoi je suis là…enfin, si…je sais…mais…je deviens idiote…c’est un truc avec des faux cils et des miettes…et un trou à l’estomac…et envie de pleurer…

*Les faux cils… dans mon lit… des miettes… *

Sans le savoir ou le vouloir, elle venait de lever un pan du mystère tout en l’obscurcissant davantage.
Un mini bisou l’empêcha de retenir la main qui, déjà, lâchait la sienne. Scié, anéanti, il eut une vision de paradis et… d’enfer…  


On appareilla à nouveau ? Neil n’en sut rien.
Reçut-il des visites durant ses heures comateuses ? À part la jolie infirmière Miss Elwood, il n’en garda aucun souvenir.  
Après une nuit qu’on lui dit agitée, le toubib vint à son chevet :


Comment vous sentez-vous ce matin, Mr. Chesterfield ? On s’est fait du souci pour vous, et je ne parle pas que du médical…

Je me sens… neuf. D’ailleurs, ôtez-moi ces trucs, j’ai des choses à régler…  

Du calme, jeune homme ! Votre déshydratation était sévère. Elle a pu entraîner des hallucinations qui faussent votre vision des choses…  

Neil marqua un arrêt. Aurait-il rêvé que Lind s’était penchée sur lui, qu’elle avait dit ces choses… ?

Raison de plus pour partir et aller vérifier ! dit-il en se redressant. S’il faut une décharge, je la signe !  

Il avait beau se sentir d’aplomb, certains signes lui indiquèrent qu’il ne l’était pas entièrement. Jambes en coton, tête vacillante, il tint bon pourtant et quitta l’infirmerie aussi droit qu’il put.
Une fois dehors, il dut s’appuyer le dos contre les parois mais finit par regagner le couloir de sa cabine.  Fatalement, il passa devant celle de Miss Fairchild. La tentation fut trop forte, il s’arrêta devant et frappa le panneau.


Lind… Lindsay, c’est moi, Neil. Si tu es là, ouvre, s’il te plait.  

Il lui sembla que ça remuait faiblement derrière la porte. Le temps s’écoula puis, timide, l’huis s’ouvrit. Sourire de travers, elle le contemplait, comme hésitante.

… oui, je vais mieux, tu vois bien… je…  


Quel démon le poussa ? Rien ni personne n’aurait pu l’en empêcher. Il avança et l’enlaça dans un baiser fou.


Lind… Tu m’as tellement manqué !  


Elle ne se débattit pas, ni le gifla, répondant à sa fougue avec la même vigueur avant de, la première, reprendre ses esprits en l’écartant. Il fut marri :

… Je… Je ne sais pas ce qui m’a pris… Mais ne me dis pas que j’ai rêvé les faux cils et les miettes. Tu en as parlé, hein ?  … Parce que… j’ai exactement les mêmes souvenirs, voilà !

Séparés, elle alla se réfugier à nette distance. Elle lui servit un verre d’eau, se versa beaucoup plus fort. Illusion ? Sa main tremblait.

… Oui, faire le point ne serait pas un mal… Josh ? Que vient-il faire là-dedans ? Lind, on doit parler de toi , de moi, de nous, je…


Elle alla à son ordinateur portable, y pianota et lui soumit un article qui le fit tomber des nues.
Il le lut, le relut, puis secoua la tête d’incompréhension alors que la demoiselle lui exposait certains faits probants.  


… Tu crois que c’est lui l’origine de mes maux ? Si mon père ou ses collaborateurs sont responsables de sa déchéance familiale, Josh n’est pas un idiot ! Il ne peut pas m’en vouloir pour…


Elle y croyait dur et ferme.


… Merci de me mettre au parfum mais tu sais aussi bien que moi qu’il y a autre chose. Quelque chose qui ne concerne que… nous deux.  

Pirouette, cacahuète, la Miss mit bellement fin à ce début de débat prétextant le besoin de repos obligatoire en vue d’une soirée mémorable.  

… en effet, aux douze coups, j’aurai 28 ans. Tu l’as su comment ?... Ah, oui : vive le Net ! Bon, ben... euh… j’espère ne pas roupiller à cette heure-là ! Amuse-toi bien et… bonne année, au cas où ! N’empêche qu’il faudra que l’on parle !  

Sans vrai motif à une humeur d’ogre, il rentra dans sa cabine. Au lieu des cachets du toubib, il avala un scotch bien tassé et rumina à plein tube. Si Cromwell voulait sa peau, il s’en fichait un peu. C’était surtout son esprit rationnel qui se débattait furieusement entre réel et fantasmes.
Jamais il n’aurait cru possible qu’une femme le trouble autant. Il aurait souhaité pouvoir comparer leurs impressions, leurs « souvenirs ». Quelque chose les avait liés à un moment donné, il en était sûr. Et, Miss Fairchild ressentait pareil, sa main au feu. Sauf qu’elle reculait l’échéance…


*Elle a peur ! *

Chesterfield en était là de ses réflexions quand on frappa à sa porte. Cœur et corps bondissant, il se précipita et ouvrit à la volée. Le « Lind » qu’il s’apprêtait à émettre mourut sur les lèvres en reconnaissant sa visiteuse :


Ma... Maya ?... Euh, non, je ne suis pas déçu, quelle idée ! *Menteur* … C’est gentil ! Oui, ça va mieux. Merci d’être passée tantôt, le toubib me l’a dit. Tu …veux entrer ?

C’était bien la peine de le lui demander, elle était déjà au milieu de la suite.


*En voilà une autre qui semble soulagée et soucieuse…*

La belle vit son verre vide sur la table. Elle en prit un autre, puis emplit les deux. Tout en sirotant le sien, elle l’interrogea en douce :

… Non, le toubib ne m’a rien trouvé de particulier… M’inquiéter ? Je devrais selon toi ?... Tu connais des choses que je devrais savoir ?

Comme Lindsay peu avant, elle lui fit part de certaines découvertes via le Net.

J’ignorais tout de cette situation…Euh… Rien ! Que veux- tu que je fasse, allez casser la figure à Josh, me plaindre à la sécurité ? Il n’y a aucune raison valable, pas de preuves, rien.  D’ailleurs, sincèrement, je doute qu’il y soit pour quelque chose ou, s’il est coupable de mes tracas, ça a dépassé son but… Non, je ne suis pas « tolérant », ni complètement stupide et, s’il veut me trouver, ben… il me trouvera.

Miss Clairborne lui sembla mitigée. Au point que Neil suspecta de sa part une autre motivation qu’une simple visite de courtoisie.

*Aurait-elle peur pour lui ?...*


Sous des dehors de froideur hautaine, Maya cachait-elle… un cœur ?  
Qu’il batte plus pour Cromwell que pour lui ne dérangeait nullement Chesterfield. Au contraire… Néanmoins, la jeune femme lui était sympathique et, avec les doutes planant sur son élu, mieux valait peut-être la mettre en garde :

Écoute, même si tu es assez grande pour décider seule, je vais te parler comme si tu étais ma petite sœur… Prends-le comme un conseil d’ami à ami, si tu préfères… Josh est un homme en colère. Lind m’a fait voir des articles au sujet d’Emily Hardwood… Euh… oui, assez vieille pour être sa mère mais là n’est pas le sujet… Je jurerais qu’il ne l‘a pas tuée… Tu peux pas piger, c’est des trucs de mecs…


Voilà le genre de conclusion que n’appréciait pas Miss Clairborne. Elle le remercia brièvement et s’en fut comme elle était venue en lui souhaitant un bon rétablissement.  


… Au bal, ce soir ? Ça dépendra de mon état… Merci, bonne année aussi !  

Sitôt la Miss partie, Neil s’accommoda dans le divan où il tenta de se vider l’esprit.  

Les rêves qui l’assaillirent le laissèrent à la fois ravi et effrayé.  
23h !
Assez épaté d’avoir écrasé autant sans être dérangé, Neil n’hésita pas bien longtemps avant de passer sous la douche.  
Rasé de frais, smoking impeccable, il se rendit droit au buffet géant des 1ères désireuses de festivités de changement d’année. ..      
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Maya Clairborne

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MessageSujet: Re: Stop and go! (fe)   Stop and go! (fe) EmptyLun 4 Mar - 15:36

Installé, sans plus de cérémonies, il sembla trouver la carte plus intéressante que sa présence. Maya fit comme si rien. Elle sirota son Martini, le laissant à sa nonchalante lecture.

*À quoi il joue ? À je me fous de tout ?*

Apparemment, oui. En tout cas, il ne chercha pas à l’épater avec des belles manières ni discours élaborés. Tant mieux, elle en avait ras le bol, du genre. Le choix du homard lui alla aussi bien que n’importe quoi d’autre, elle n’était même pas sûr d’avoir faim.

Avant, ma mère n’en préparait qu’aux grandes occasions, et je détestais. Quand je suis devenu apprenti-pêcheur, j’y ai pris goût. C’était trop gag de piquer la bouffe des richards…

*Passé…passé…et rancune…il s’en est jamais remis même en faisant semblant de…*

Ce sera parfait pour moi, dit elle doucement, et le vin que tu as choisi convient très bien aussi.

Elle croisa les mains sous le menton et le regarda, en souriant, angélique.

Quelle excitation pour un nouvel an, tu ne trouves pas ?...On prépare une belle fête…Bof, une grande fête ressemble toujours à une autre grande fête…Moi ?...Pas spécialement. Je ne fais pas ce voyage dans le but de m’amuser comme une folle…simplement par le plaisir de voyager.

Ni plus, ni moins. Impersonnellement vôtre. Il préservait ses secrets, c’était son choix. Ce n’était pas elle qui allait foncer, tête en bille, en quête des vérités du beau Cromwell. Ça viendrait, si ça voulait venir, sinon…
L’arrivée du homard le déçut. Une superbe pièce, élégamment décortiquée pour éviter trop d’efforts aux exquis commensaux.


Ça n’a aucun charme ainsi, ces bestioles ! M’enfin, je suppose que ça évite de grands nettoyages aux garçons de salle…

Ce doit être cela, en effet mais ce n’est pas plus mal pour autant.

Un jour, peut-être, je te montrerai combien on y gagne à farfouiller la carapace ! C’est encore plus marrant quand on n’a pas les instruments adéquats…

Elle se contenta d’un sourire poli.

*Tu perds ton temps, Josh Cromwell…tu parleras tout seul, quand le moment viendra…s’il vient !*

Ils dégustèrent leur plat sans faire plus de commentaires. La conversation était en agonie et ils ne firent aucun effort pour la ranimer. Le reste du repas subit la même loi du silence, à part quelques remarques futiles et sans intérêt. Qu’il propose une promenade sur le pont, en qualité digestive, ne la fit pas flipper de bonheur. Faisant bonne mesure, elle accepta sans aucun emballement. La promesse d’après aller danser lui tira à peine un sourire un peu plus enthousiaste. Comme deux simples voyageurs se rencontrant au hasard du voyage, ils parlèrent des bêtises inhérentes de ce fait.

J’aime les voyages par mer…Oui, la tentation des grands espaces. Non, aucun besoin de libérer l’esprit, simplement de respirer de l’air pur…

Et ainsi de suite en devinant qu’il commençait à juger son attitude agaçante en extrême.

*Il s’attendait à quoi ? À un sermon ?...À que je le supplie de m’ouvrir son cœur ?...Il rêve !*

Pourtant, elle en mourait d’envie. Mais la vie lui avait appris, à la dure, que plus on convoite moins on reçoit… Enfant, elle n’avait voulu qu’une famille aimante, soudée et le contraire absolu s’était produit. Le reste de son existence s’était basée sur ce triste résultat. On joue à gagner, le contraire n’est que perte de temps ! Josh avait perdu bien plus qu’elle, plus durement aussi mais à différence d’elle, n’en avait pas fait son deuil.

Ils avaient avancé vers la proue, là, sans abri, la brise du large frappait plus fort et était plus fraîche que prévu. Son frisson n’était pas voulu pour attirer l’attention de Josh, mais le fit…même si pour lui donner une idée assez biscornue :

Ça te dirait de jouer à Titanic ?

Quoi ? Tu vas jouer les icebergs ?

Tiens, il souriait, malicieux.

Non, je vais pas couler le bateau, seulement t’emmener là-bas, au bout !

*Ben dis donc…qui croirait qu’il a regardé le film !*

Euh…sais pas trop. À vrai dire…

*Il a perdu la boule, le pauvre…*

Aucun danger ! Viens !


Elle se disposait à le suivre, délaissant la crainte et prenant parti de s’amuser quand une voix inconnue mit fin à leur escapade à la mode Titanic.

Mr. Cromwell ? Police ! Veuillez nous suivre, s’il vous plaît…

Elle le sentit se tendre comme corde d' arc, soudain en alerte maximale et eut, un instant peur, qu’il ne fasse une bêtise et pour si jamais, s’accrocha à son bras.

Sans doute un malentendu…, souffla t’elle, sans rien y croire puis levant la voix, à l’adresse des deux hommes en costume sombre, département de police de Honolulu ? Je ne veux pas être pointilleuse mais j’aimerais bien voir vos plaques de plus près !

Ne vous mêlez pas de cette affaire, Miss…


Clairborne, Maya Clairborne…et vous ?

Était son idée ou le bonhomme hésita avant de déballer son identité, aussitôt imité par son compagnon d’armes qui exhibait déjà une paire de menottes. Elle tiqua. Josh, furieux, réclamait des explications que les autres n’étaient pas du tout prêts à lui donner. Ils ne voulaient que le menotter et l’emmener Dieu sait où.

Calme toi, Josh…tout ceci me semble aussi absurde qu’à toi…cette procédure est vicieuse, cela le sent plein nez…Non, inspecteur Reilly, je ne suis pas une habituée des procédures policières…Prenez soin de ce que vous dites et à qui vous le dites, cela pourrait vraiment vous en cuire…Une menace ?...Me prenez vous pour née de la dernière pluie ?...Simple avertissement !...Que voulez vous à Mr. Cromwell ?

Reilly sortit un papier de sa poche et le lui passa sous le nez en émettant les mots tant craints : mandat d’arrêt, présomption de meurtre sur la personne d’Emily Hardwood. À cette mention, elle leva les yeux vers Josh et le vit crispé, blême…Sans le lâcher, Maya exigea voir le fameux mandat mais Reilly s’y refusa.

Il me semble que le département de police de Honolulu n’a aucun juridiction sur un cas plaidé en Floride…c’est le FBI qui s’en chargerait, d’en être ainsi…

On n’a que faire de votre avis, miss Clairborne. Vous, Cromwell, venez avec nous !

Protester sur tous les tons ne servit qu’à attirer quelques curieux qui ne firent rien d’utile alors que les deux policiers emmenaient Josh menotté vers l’intérieur. Maya à leur suite. Le capitaine Haynes sembla très ennuyé avec cette situation tout à fait inattendue et assez irrégulière. La Police pouvait monter à bord, pendant une escale et arrêter un suspect, cela allait de soi…mais pas en pleine mer.

Il me semble
, dit il, que vous ne savez pas vous acquitter de votre devoir, Inspecteur Reilly, vous auriez pu très bien écrouer Mr. Cromwell alors que nous étions encore en port. Nous nous dirigeons vers l’Australie, je vous informe, où, me semble t’il, vous n’avez aucun juridiction. Ce cas est, comme le fait judicieusement remarquer Miss Clairborne du ressort du FBI et de l’Interpol. Je ne peux ordonner enfermer Mr. Cromwell pour le reste de la traversée, sans avoir une ordonnance légale dans ce sens. On va vous faxer cela ?...Si c’est ainsi, je suis désolé Mr. Cromwell, mais en attendant, vu la lourdeur des présomptions à votre encontre, il ne me reste qu’à vous inviter à connaître notre cachot.

Maya tempêtait sous l’œil goguenard de Reilly et son acolyte. Escorté de deux effectifs de sécurité, Josh disparut de la scène.

Puis je vous toucher deux mots en privé, capitaine Haynes ?

Deux minutes plus tard, elle exposait en long et en large sa théorie. Ce qui demanda de raconter aussi un bout de l’histoire de Josh. Haynes était un homme patient et plein de commisération. Il écouta, sans interrompre, hochant la tête face aux évidences.

Je ne demande qu’à me servir de votre téléphone et fax. Il ne me faut qu’un peu de temps pour mettre cette embrouille dans le bon sens. Ne vous en faites pas pour ces deux là, foi de Clairborne qu’ils ne sont pas plus flics que vous et moi. S’il se trouve, c’est eux que vous devrez enfermer avant demain matin.

Elle mit pas mal de gens en émoi, cette nuit là. Bénies soient les connaissances de Mr. L’ambassadeur Clairborne et la sympathie vouée à sa fille. Quelques coups de fil stratégiques, une attente éternelle. Les résultats se pointèrent en même temps que l’aube et ils étaient concluants : aucun inspecteur Jonathan Reilly pas plus que Pierce Jetters ne travaillaient pour le département de police de Honolulu, ni de nulle part ailleurs. L’enquête pour présumé mort non accidentelle d’Emily Hardwood se poursuivait mais jusque là aucun mandat n’avait été lancé contre Joshua Cromwell. Les principaux lésés par le changement testamentaire étaient les neveux de la défunte qui avaient entrepris toute sorte de manœuvres pour invalider le testament et bien entendu, rendre la vie impossible à l’héritier en fonction.

Voilà, capitaine Haynes…vos preuves…pouvez vous, s’il vous plaît, libérer Mr. Cromwell…Oui, je tiens beaucoup à lui…mais il ne le sait pas encore alors je vous demanderai de garder le secret !

Elle l’attendait à sa sortie du cachot. Il n’avait pas l’air précisément heureux, comme si cette nuit de réflexion obligée n’avait pas apporté les bons fruits.

Je te dirais de m’accompagner prendre le petit déjeuner mais ton humeur n’admet rien en ce moment…Oh ! Un simple merci suffit…Si pendant un instant tu arrêtais de jouer les mufles, tu découvrirais que tu peux même être charmant…Ben non, imagine toi, je n’avais pas envie de te laisser moisir au cachot jusqu’à Sydney…Pourquoi ? Tu veux la vérité ?

Elle s’était approchée et lui passait les bras autour du cou, avec un regard caressant et un sourire provocateur. Pendant un instant, Maya le regarda droit aux yeux, sans ciller, avec une intensité qui aurait pu vouloir dire mille choses et en laisser supposer autant d’autres.

Figure toi ce que tu voudras, Joshua Cromwell, mais tu vas sans doute te gourer de bout à bout…disons que l’injustice flagrante me tue…Repose toi bien, tu sembles en avoir besoin…moi ? Je vais prendre un bain, un bon petit déjeuner et jouer au tennis…À plus !

Aussi vite qu’elle s’était approchée, elle s’éloigna. Son cœur battait à cops déréglés, le mieux était mettre de la distance et le plus vite serait le mieux…

La bain ne la rasséréna pas, le petit déjeuner lui sut à papier mâché. Pas de partie de tennis, ni rien d’autre. Se taxant d’idiote sur tous les tons, Miss Clairborne tourna dans sa suite comme lionne en cage et ce ne fut que plus tard, après s‘être recomposé un semblant plus calme qu’elle songea à aller demander des nouvelles de Neil Chesterfield. Il avait quitté l’infirmerie. Sans hésiter, elle alla toquer à sa porte. Il fallait mettre quelques détails au clair.

Elle ne s’était pas attendue à qu’il ouvre si vite ni à voir son expression d’énorme déception en la découvrant sur le pas de sa porte.

Ma... Maya ?...

Ben oui, on dirait bien que c’est moi. Désolée de te décevoir, je passais prendre de tes nouvelles. On dirait que ça va beaucoup mieux.

Sans attendre plus, elle entra, juste quand il lui demandait de le faire. Sans aucun doute Mr. Chesterfield se sentait assez d’aplomb puisqu’il était déjà en train de boire, supposant qu’il n’y aurait aucun mal, elle remplit de nouveau son verre et s’en servit un, pour elle.

Le docteur semblait tracassé hier…il n’a pas…

S’il fut intrigué, Neil le dissimula poliment.

Non, le toubib ne m’a rien trouvé de particulier…

Rien de quoi se faire de la bile, en somme.

Là, il fronça un peu les sourcils et la considéra, à peine suspicieux.

M’inquiéter ? Je devrais selon toi ?... Tu connais des choses que je devrais savoir ?

Maya but une gorgée de whisky avant de poser son verre et le dévisager, très sérieuse, en croisant les bras, pour cacher son propre énervement.

En effet, il y a bien une paire de choses dont tu devrais être au courant. Il s’agit de Josh…

Et de débiter son histoire d’investigation via Internet et des intéressantes trouvailles faites. Neil écouta, sans interrompre, sans sembler aussi surpris qu’escompté.

*Ma main à couper que Miss Chichi a aussi mis le doigt sur ça et est venue le prévenir contre le méchant loup !*

Neil assura ne pas être au courant de la situation provoquée par Cromwell ni avoir l’intention de porter plainte pas plus que d’aller lui refaire le portrait.

D’ailleurs, sincèrement, je doute qu’il y soit pour quelque chose ou, s’il est coupable de mes tracas, ça a dépassé son but…

*Bon sang, il est noble comme un saint ou définitivement idiot...ou peut être un saint idiot… ?*

Neil, je ne veux pas m’en mêler…mais ta tolérance m’épate…

Non, je ne suis pas « tolérant », ni complètement stupide et, s’il veut me trouver, ben… il me trouvera.

Ceci dépasse un peu de trop le stade de petite blague. Je ne veux pas excuser Josh de ce qu’il a fait c’était idiot de sa part mais…

Écoute, même si tu es assez grande pour décider seule, je vais te parler comme si tu étais ma petite sœur…

*On va où là ?...Ai je l’air si paumée ?*

Il sourit, le parfait camarade. Le gars plein de bon sens et au grand cœur, un cadeau de la vie, on se damnerait pour avoir droit à son amitié franche et sincère.

Prends-le comme un conseil d’ami à ami, si tu préfères… Josh est un homme en colère. Lind m’a fait voir des articles au sujet d’Emily Hardwood…

Cette femme...elle était assez âgée comme…


Euh… oui, assez vieille pour être sa mère mais là n’est pas le sujet… Je jurerais qu’il ne l‘a pas tuée… Tu peux pas piger, c’est des trucs de mecs…

Maya secoua la tête et laissa échapper un petit rire agacé.

Des trucs de mecs !...Tu sors d’où, un truc pareil ?...Alors parce que je suis une nana, suis foncièrement idiote et ne pige pas…Je sais que Josh n’a pas tué cette femme…j’en suis positivement sûre, ce qui est plus…comment ?...Demande pas, mon ange, trucs de nanas…Enfin…oublie ça…Remets toi bien, j’espère bien te voir ce soir, au bal !

Au bal, ce soir ? Ça dépendra de mon état…

Alors…pour si jamais…bonne année !


Merci, bonne année aussi !


*S’il se trouve…ce sera l’ANNÉE de nos vies…*

Rencontrer Miss Fairchild dans le corridor n’entrait pas dans ses plans. La jeune femme ne sembla pas ravie de la voir sortir de chez Chesterfield mais était trop polie pour demander des explications. Maya ne se sentait pas d’humeur pour s’engager dans une quelconque inimitié et encore moins à cause d’un homme. Lindsay était quand même une fille sympathique.

*Allons…finis l’an en beauté…dis coucou et sois gentille !*


Contre toute attente, Miss Chichi avait les idées bien à leur place, de la jugeote et un grand sens de l’humour, cela sans dire qu’elle n’avait pas froid aux yeux en allant sortir Josh de sa réclusion volontaire faisant fi de ses grognements d’ours. Elle était fraîche, désinvolte, franche et noble…et sans besoin de le dire, folle d’amour…mais semblait ne pas en être forcément sure…pas encore du moins !

*Miss Cœur Noble et Mr. Cadeau du ciel devront s’unir pour peupler le monde de petits anges de bonheur pur…*

Quand Lindsay fila chercher le cadeau pour ce cher Neil, Maya soupira en regardant son voisin de table.

Alors, tu te sens un peu mieux ?...Oui, la petite est impayable et mine de rien a dit tout ce que tu devais entendre. Non…je ne vais pas revenir là-dessus…On va plutôt faire semblant qu’on n’en sait rien…C’est le dernier jour de l’An…on se fera de la bile…disons…après demain, ok ?

Elle prit sa main, sur la table et la serra doucement.

Je suis heureuse de te voir sourire…reste comme cela…maintenant, je vais me sauver aussi…tiens, me faire une petite beauté pour ce soir…tu viendras au bal, n’est ce pas ?...Oui, je me sens délirante comme Cendrillon…ou sais plus quel conte…excuse ma franche audace mais…voudrais tu être mon prince charmant, ce soir ?...Penses y…tu me diras…plus tard !
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MessageSujet: Re: Stop and go! (fe)   Stop and go! (fe) EmptyVen 8 Mar - 23:09

Oh oui, Neil avait écrasé les trois quarts de la journée de ce 31 décembre. S’il avait déjà fait des rêves idiots, ceux-là battaient les records. En songe, il s’était vu vivre dans un village paradisiaque… en apparence. Il en était même devenu le chef après une révolution pétaradante. Le meilleur était que celle qui partageait son existence n’était autre que Miss Fairchild !

*Si l’absurde tuait, je serais mort !*


Les idées encore un peu à l’envers après sa douche, Neil s’était habillé. Il ne serait pas dit qu’il allait passer le cap de ses trente ans seul au fond d’une cabine !
Pourtant, au moment de prendre l’ascenseur, il hésita à monter. Partout sur le paquebot des musiques festives résonnaient. Pourquoi n’avait-il pas pensé plus tôt à vérifier certaines choses via les ordinateurs des autres classes ?
Son doigt appuya sur la descente, son portefeuille fit le reste. Pendant vingt minutes, seul dans la salle des ordinateurs mis à la disposition des secondes, il zappa comme un malade. Beaucoup de choses s’éclaircirent alors. Ses accès personnels aux archives de la Chestco lui confirmèrent que Josh Cromwell avait mille fois raison de lui en vouloir à mort, par retombées malencontreuses. Ensuite, il s’intéressa au plan d’évacuation du paquebot en urgence.
Il éteignit l’ordinateur en s’effarant de l’heure.
En remontant chez les premières, dans les boutiques ouvertes 24h/20, il fut pris d’une irrépressible fringale d’achats… idiots. D’abord, il lui fallait des grands sacs. Ceux de golf convenant parfaitement, il y entassa tout ce qu’il jugea indispensable : trousse de secours, denrées impérissables, arme à feu, munitions, des bijoux, du matériel de camping, etc. Sa carte fut débitée sans sourcilier par des employés le prenant pour un cinglé.
Son fourbi, il le rangea non loin du canot N°23 puis, enfin, il gagna la salle de bal.
Ça y délirait bellement !
Apparemment, Lindsay copinait à nouveau avec Cromwell et Maya. Malgré chapeaux de circonstance, serpentins à gogo, il n’eut aucun mal à se rapprocher des danseurs en accrochant la première isolée au passage :

Un chacha ?

La demoiselle n’eut pas le temps de dire ouf qu’il l’entraîna dans des pas trop savants pour elle. Qu’importe, du moment qu’il atteignait sa proie.
Hop : changement de partenaires alors qu’une sorte de gigue s’amorçait.
Lind lui sourit largement :


Je savais…je t’attendais…

Ému malgré ses tracas, il répondit :

On sait… tous les deux ! Écartons-nous, je dois te parler, sérieux…

Quittant la piste, ils allèrent près du buffet où il ne put s’empêcher de l’étourdir par un baiser fou. Puis, il s’empiffra de tout ce qui lui tombait sous la patte.
Un peu étonnée, sinon vexée, Lind tiqua :


… ouais, je n’ai quasi rien mangé aujourd’hui mais j’ai l’intime conviction que ce bon repas sera le dernier avant longtemps. Tu devrais en faire autant, sans déconner ! Emplis ton sac, tant qu’à faire !


Évidemment, elle se risqua à des questions non sans l’imiter :

… Je n’en sais rien d’où cela me vient, autant que toi, en tout cas ! Écoute, si après les douze coups il ne se passe rien d’anormal, je t’autorise à me jeter par-dessus bord, ok ?


Elle le trouvait absurde, irresponsable mais n’en emplissait pas moins son petit sac.


…On devrait prévenir les autres !


Hop, il lui saisit la main et fonça vers leurs « amis » :

Salut Josh ! D’abord, je tiens, au nom de la Chestco, à te présenter toutes mes excuses. J’ai vérifié : tu as raison et je comprends tes motivations… ouais, j’ai souvent des réactions exacerbées avec les médocs… Si nous arrivons en Australie, j’ouvrirai une enquête et veillerai personnellement à ce que tous les torts soient réparés… Je sais… il est des pertes irréparables mais là n’est pas la question.
Qu’avez-vous en valeurs sur vous, là, tout de suite ?


Maya et Josh le regardèrent tel un évadé d’asile.

… je suis sérieux, Maya. Il reste à peine un quart d’heure ! Raflez tout ce que vous pouvez autour de vous… Oui, je pense à un naufrage… Hein ? Non Josh, je n’ai pas posé de bombe ! J’espère juste me tromper mais…


Lind vint à son secours en appuyant ses dires. Josh haussa les épaules en se frappant la tempe du doigt, Miss Clairborne fronça ses délicats sourcils mais poussa le grand blond à plus d’action.

Au douzième coup, rendez-vous au canot 23 !


Viens, dit-il à Lind en la ramenant sur la piste.

… Je suis peut-être fou à lier mais, si ce soir devait être notre denier, je veux le passer avec toi !


Et si ce soir, on dansait le dernier slow… Jo Dassin…
La serrant très fort contre lui, Neil coinçait sur les mots à dire. Il touilla
:

J’ai sûrement rêvé tout ça mais… c’était le plus rêve de ma vie ! Promets-moi de ne pas te fâcher, de ne pas m’oublier, Lind, quoiqu’il advienne !


Dix, neuf, huit…

Le décompte énuméré, Neil se rapprocha d’une issue.

… Trois, deux, un… Bonne année !

La sono monta à fond tandis que du plafond pleuvaient confettis et ballons.
Lind rit, lui souhaita un heureux anniversaire en s’accrochant à son cou, le traitant de fou dans un baiser délirant qui dura jusqu’à ce qu’un étrange mugissement trouble tout. Sept coups courts et un coup long : signal d’évacuation ! Une voix ferme ordonna :


Ceci n’est pas un exercice ! Pas de panique ! Pour des raisons de sécurité, tous les passagers sont priés d’évacuer vers les canots de sauvetage. Veuillez suivre les consignes données à l’embarquement. Nos hôtesses et stewards vous aideront en cas de difficulté. Je répète…

*Eh m***e !* Viens !

Pas de panique, tu parles ! Belle bousculade !
Il eut beau la tenir fermement par la main, la poussée l’en sépara :


LIND !


Partout, la pagaille ! Impossible d’utiliser les ascenseurs pour rentrer en cabine y chercher son gilet.
La lettre inscrite dessus donnait l’indication du point de ralliement. Nombreux furent ceux qui passèrent outre ! À ce train, les réserves de vestes orange seraient vite épuisées.


LIND !

Il vit sa jolie tête s’éloigner, à la dérive.

*Tu la retrouveras… C’est écrit !*

Il récupéra son gilet et courut au point de rassemblement où, après des palabres à sens unique de l’équipage, on le dirigea vers un canot.

LIND !

Aucun son en retour. Il connaissait la répartition en cas d’évacuation et savait que son canot serait le 23ème. Vu la proximité des cabines, il escomptait qu’elle aurait le même.

Zut pour les sacs, ils avaient disparus. Zut pour Lind, il ne l’aperçut nulle part.
Coulait-on ? Aucun choc n’avait été ressenti. Seule une méchante brume opacifiait le pont encombré de passagers moins calmes que désirés.
Juste avant d’embarquer dans le canot, il reconnut un des sacs dans un coin et l’empoigna. L’employé voulut l’en séparer, il faillit le cogner mais préféra lui fourrer un gros billet dans les pattes ; il passa avec son trésor qu’il calla entre ses genoux.

Plus de cent personnes en orange, encadrées par des vestes jaunes, s’entassaient anxieuses lors du largage en mer. Certaines priaient, d’autres pleuraient alors que la majorité restait hébétée.
L’horizon était tellement bouché que l’on ne pouvait distinguer quoique ce soit, sauf les lumières diffuses de l’Ocean’s Queen en éloignement.


*Tu ne peux pas dormir, Neil !*

Cette torpeur, insidieuse, envahissante, submergea les rescapés, les uns après les autres.


Quand il émergea, Neil s’ahurit. Ils n’étaient plus que trois dans le canot !

Où sont les autres ? demanda-t-il, éberlué.

L’homme et la femme n’en savaient rien, eux aussi s’éveillaient.
Sous un soleil écrasant, un horizon pur s’ouvrait. Au loin, on distinguait…
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